Benjamin Rathery, médecin de campagne, raconté par son petit-neveu. Un livre essentiel. Sésame indispensable à une amitié partagée avec Georges Brassens et René Fallet. L’art du contrepoint et de la fugue transposé en Littérature. Hymne à la vie, à l’amitié, à la légèreté, aux femmes et à l’ivresse. Aux ivresses. À toutes ces formes d’ivresse. Remède indispensable contre la connerie, la morosité, le marché, le taff et le reste. L’Oncle Benjamin de Claude Tillier, c’est tout ça et bien plus encore. Une vraie leçon de vie pour les paltoquets qui polluent notre quotidien et que j’ai déjà égratignés à l’occasion de plusieurs chroniques (sur les oeuvres de René Fallet, Gérard Oberlé ou Robert de Goulaine entre autres).
L’Oncle Benjamin est un médecin paresseux, buveur, endetté, coureur et fidèle en amitié, prodiguant des idées à contre-courant du monde tel qu’il va, qu’il développe à l’occasion de muflées mémorables. Ce toubib, qui ne diagnostique de maladie à aucun patient, attend joyeusement l’arrivée d’une hypothétique épidémie qui fera sa fortune et lui offrira d’honorer ses (innombrables) dettes. Il vit chez sa soeur, son beau-frère et leurs enfants. Sa soeur ne l’entend pas de cette oreille et s’échine à lui faire épouser la fille de Minxit, autre carabin, spécialiste quant à lui dans la lecture des urines humaines, et riche à souhait… Telle est la situation de l’Oncle, à vous d’en découvrir les péripéties et autres aventures.
Ce roman est indispensable en ces temps sinistres où l’inculture des petits « moi » le dispute à l’incompétence généralisée d’élites qui n’ont d’élite que le nom. L’Oncle Benjamin rappelle quelques vérités essentielles, à demi-mots et sans donner de leçons – leçons dont nous imaginons volontiers que Benjamin les a en horreur. Toutefois, il est bon de rappeler à certains jocrisses que la vie ne se résume pas à trimer en bonne santé pour engraisser les jobastres cyniques des milieux autorisés. Cette lecture saine remet les pieds sur terre, redonne espoir et coeur à l’ouvrage. D’ailleurs, ainsi qu’aime le faire l’Oncle Benjamin, je vais de ce pas me déboucher une bonne bouteille de blanc que je m’en vais boire à votre santé, cher(e)s lecteur(-trice)s…
Chronique à retrouver sur le Salon Littéraire.