Journal d'un caféïnomane insomniaque
mercredi septembre 3rd 2025

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Introït

On n’écrit pas parce qu’on a quelque chose à dire mais parce qu’on a envie de dire quelque chose.

E.M. Cioran, Ébauches de vertige, 1979.

 

Lectures août

  1. Nil rouge – Gérard Oberlé
  2. Vers l’Ouest – Michel Mohrt
  3. L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche (tome 2) – Miguel de Cervantès
  4. 365 raisons d’aimer la France… et les Français ! – Laurent Izard
  5. Les Chouans – Honoré de Balzac
  6. Le Chevalier des Touches – Jules Barbey d’Aurevilly
  7. Plus de pardons pour les Bretons – Saint-Loup
  8. Les Aventures de Cléo : L’initiation (épisodes 1 & 2) – W.G. Colber
  9. Proust digest – Pierre-Antoine Cousteau
  10. La Charrette bleue – René Barjavel
  11. Panorama – Lilia Hassaine
  12. Alan Ford #9 L’Arbre de Noël – Magnus & Bunker
  13. Ça vous intéresse ? #2 On va plus loin – Dany
  14. Les Dieux ont soif – Anatole France
  15. #3 Vous n’avez pas honte ? – Dany

L’homme transformé but des révolutions totalitaires – Philippe Pichot-Bravard

Article mis à jour le 31/08/2025 à 11h42.

Paru à la fin du printemps 2025, cet essai historique et philosophique du professeur Philippe Pichot-Bravard est des plus pertinents et sa lecture s’avère être un atout pour comprendre le « bordel ambiant » (Martin Peltier). Après avoir défini précisément le totalitarisme, le différenciant notamment de la dictature et de la tyrannie (qui ne se confondent pas), l’universitaire en étudie les origines profondes, des utopies millénaristes médiévales à la philosophie matérialiste et scientiste des Lumières modernes en passant par l’expérience proto-totalitaire de la Révolution française (avec en acmé les années 1792-1794, la Terreur, la loi des suspects et la figure de Robespierre – toujours adulée par certain bord de l’échiquier politique).

La seconde partie de cet essai aussi passionnant qu’inquiétant étudie les caractères proprement totalitaires des régimes considérés usuellement comme tels (fascisme italien, communisme, nazisme) en s’attardant plus précisément sur le communisme russe, ses versions asiatiques (Khmers rouges, Chine) et sur le nazisme. Pichot-Bravard en montre les singularités et démontre que ce ne sont pas là de simples tyrannies d’extrême quelque chose. Leur point commun philosophique : vouloir régénérer l’homme, en changer la nature, avec une prétention à la vérité scientifique absolue (que le réel hurle le contraire n’a dans ces régimes aucune forme d’importance) qui justifie tous les moyens employés par la justesse de la cause, aussi atroces ou amoraux soient-ils (Lire Leur morale et la nôtre, de Trotski) .

C’est cependant la conclusion de cet essai qui en rend la lecture si stimulante à la veille de comices électoraux (prochaine élection présidentielle 2027, avec un probable retour aux urnes pour des législatives si censure du gouvernement et nouvelle dissolution) dont on peut prédire sans trop prendre de risques qu’ils vont donner lieu à un festival de bassesses, de mensonges, de fausses promesses, d’insultes et d’ignominies. En effet, l’auteur éclaire le risque totalitaire dans nos « démocraties libérales » en s’appuyant entre autres sur les travaux de Tocqueville et en constatant d’étranges similitudes dans l’actualité récente avec des pratiques totalitaires, ainsi le retour de l’eugénisme avec la prétention transhumaniste ou – et je laisse à Philippe Pichot-Bravard le mot de la fin – les atteintes de moins en moins feutrées à la liberté (fondamentale, reconnue par toutes les déclarations de droits et l’ONU) d’exprimer ses opinions (1) (2) :

« Dans nos démocraties occidentales, les opposants ne sont pas, sauf rarissime exception, menacés de perdre la vie ou la liberté. Sont-ils pour autant libres d’exprimer librement leurs pensées, de les imprimer et de les diffuser ? Le cercle des opinions considérées comme (je souligne) légitimes exposent ceux qui en sortent au dénigrement, à des procès en sorcellerie, voire à des persécutions professionnelles, administratives et fiscales. Au nom de la lutte contre les discriminations […], l’expression de certaines idées expose leurs auteurs à des poursuites judiciaires longues, usantes et coûteuses, et à de lourdes amendes. Sous couvert d’ « incitation à la haine », incrimination socialement infâmante, un dispositif répressif de plus en plus consistant menace tous ceux qui se risqueraient à exprimer sur certains sujets […] une parole dissidente, intimidation d’autant plus efficace que des associations généreusement subventionnées sont les chiens de garde de ce dispositif, nouveaux sycophantes auxquels ces actions judiciaires ne coûtent rien puisqu’elles sont financées par l’argent des subventions reçues. »

Philippe Pichot-Bravard, pp. 236-237.

(1) De nombreux exemples fleurissent hélas chaque année, et n’épargnent aucun bord politique, quand bien même la droite est objectivement plus inquiétée en France.

(2) Il y aurait beaucoup à dire sur la prétention toujours plus prégnante de l’État à contrôler l’éducation et à s’immiscer dans le cercle familial aujourd’hui en France. On ne répètera jamais assez cette vérité formulée par le sociologue Dominique Wolton : « (…) On sait qu’en démocratie la liberté est fondée sur le principe absolu que la vie privée doit, normalement (sauf circonstances exceptionnelles), être soustraite au contrôle de la société ou de la puissance publique (Big Brother) ; or l’hygiénisme tend invinciblement à placer les comportements individuels sous l’emprise du corps social, avec d’autant moins de scrupules que « c’est pour la bonne cause ». »

Philippe Rubempré

Philippe Pichot-Bravard, L’Homme transformé but des révolutions totalitaires, Éditions Via Romana, 2025, 252 p.

Ab hinc… 394

« Que l’idéologie raciale fût la fille des Lumières n’était pas une révélation pour les spécialistes […] Mais, en dépit des innombrables travaux qui y ont été consacrés depuis, l’intellectuel moyen continue de n’en rien savoir. » – Léon Poliakov, Le Mythe aryen

Ab hinc… 393

« […] l’utopiste oublie que la nature humaine étant imparfaite, la cité parfaite ne peut être qu’inhumaine. » – Philippe Pichot-Bravard

Lectures juillet

  1. La Vérité sur l’affaire Vivès – Bastien Vivès
  2. Rolf – Victor di Donatelis
  3. Lambeaux – Charles Juliet
  4. La Cité des Mots – Alberto Manguel
  5. Discours de la servitude volontaire – Étienne de La Boétie
  6. Libido – Antoine Hardy
  7. Sur les Falaises de marbre – Ernst Jünger
  8. Pierre-Antoine l’Autre Cousteau – Jean-Pierre Cousteau
  9. Ça vous intéresse ? – Dany
  10. L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche (tome 1) – Miguel de Cervantès
  11. Quatrevingt-treize – Victor Hugo
  12. Les Grandes Familles – Maurice Druon
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