Une fois n’est pas coutume, empruntons la présentation de l’auteur à la quatrième de couverture de son bouquin : « S’il est vrai que l’on reconnait un homme à ses amis, alors, c’est sûr, André Vers (1924-2002) était un type bien, puisque les siens s’appelaient Georges Brassens, André Hardellet, Jacques Prévert et René Fallet ». Rien à ajouter, et l’aurais pas mieux dit !
Ils étaient chouettes, tes poissons rouges est le titre éponyme de la première nouvelle de ce recueil. Les nouvelles signées André Vers nous racontent l’homme du peuple dans toute sa noblesse, sans condescendance ni mépris. Elles nous racontent la vie des hommes simples, francs, bruts de décoffrage, de ceux qui fréquentent le bistrot du quartier avant d’aller casser une graine à la popote à Bobonne… André Vers fait revivre le petit peuple de Paris (et des grandes villes d’une manière générale), ce peuple chassé par la boboïsation et la spéculation financière avec la bénédiction de la gauche au pouvoir dans ces agglomérations depuis vingt ou trente ans…
Les valeurs qui transpirent de ces nouvelles sont désuètes aujourd’hui, pour ne pas dire suspectes : sens de la parole donnée, de l’honneur, de l’amitié, respect du plus faible et méfiance vis-à-vis du pouvoir, goût de la vie et de ses joies, beaujolpif et caboulot en première ligne… Autant de griefs pour nos contemporains insipides et dangereux, que certains qui ne méritent même pas que nous les citions verraient sans déplaisir au tribunal de la bien-pensance. Tenez-le vous pour dit !
Ils étaient chouettes, tes poissons rouges écrivait le regretté André Vers ; elles étaient chouettes, tes nouvelles, écrivons-nous aujourd’hui…
Philippe Rubempré
André Vers, Ils étaient chouettes, tes poissons rouges, Finitude, 2014, 109 pages, 12,50 euros
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