Brassens, une mauvaise réputation est un album hybride riche de photos rares, réunissant entretiens avec le poète moustachu et textes relatifs à sa vie et son oeuvre. La préface signée Bernard Lavilliers, qu’on a connu en meilleure forme, s’avère décevante et apporte peu si ce n’est rien à cette composition quelque peu anarchique.
Les éditions Consart proposent toutefois un bel objet articulé autour de trois textes essentiels. L’analyse du Brassens libertaire par Marc Wimet, passionnante, plonge au coeur des mots du chroniqueur anar comme de ceux de l’anar chanteur. La retranscription de l’entretien de Michel Polac avec Brassens et René Fallet pour l’émission Le Livre de Poche s’intéresse au Brassens lecteur, Gargantua de la descente d’imprimé. La discussion menée de main de maître par un artiste du genre se révèle surprenante et nous en sortons avec plein d’idées de lectures à venir. À noter le passage sur cette merveille signée Claude Tillier, Mon Oncle Benjamin, oeuvre chroniquée sur le Salon Littéraire par votre serviteur. Enfin, un entretien intéressant conduit par Gilbert Bovay sur Brassens et son monde vu par Brassens.
Autour de ces trois morceaux d’anthologie, le journaliste musical Olivier Horner propose quelques pastilles thématiques bienvenues, offrant un regard neuf sur la vie et l’oeuvre de Brassens, sa relation avec la gent féminine, la censure dont il fut l’objet plus que n’importe quel autre chanteur de son temps, et la rencontre fameuse Brassens – Brel – Ferré.
Avec cette composition foutraque à l’iconographie particulièrement soignée et singulière, les éditions Consart réussissent un portrait original du chanteur moustachu, amoureux de la liberté, de la poésie, des chats et de Püppchen. Une discographie sélective et critique conclut ce livre que les brassensophiles apprécieront à sa juste valeur.
Philippe Rubempré
Gilbert Bovay, Olivier Horner, Michel Polac & Marc Wilmet, Brassens, une mauvaise réputation, Éditions Consart, 2011, 100 pages, 25 euros
Chronique à retrouver sur Le Salon Littéraire.