À l’heure où le clonage thérapeutique est en passe de devenir une réalité concrète, avec tout ce que cela comporte de promesses et de débordements, Horacio Altuna imagine une ville divisée en Haute cité et ville basse. La lie, la pauvreté, la drogue, la misère, la violence gangrènent la ville basse. La cité haute est protégée. Pour soigner ses habitants qu’on comprend être les notables, on organise des collectes de sang dans le bas, et un centre de clonage pourvoit aux besoins en greffes… jusqu’à ce qu’un gamin de dix-huit ans, Riff, s’échappe du centre et se retrouve plongé dans l’enfer de la ville basse… Pour échapper à son destin de donneur, Riff part à la recherche d’un universitaire rebelle avec un compagnon d’infortune croisé par hasard… Reviendra-t-il de cet enfer ?
L’Argentin Horacio Altuna excelle à faire ressentir les ambiances apocalyptiques et violentes. Son dessin vif et précis pue littéralement le vomi et la crasse, l’urine et le sang. Son univers n’est pas sans évoquer la folie d’un Philip K. Dick. Ce thème de l’enfer urbain futuriste rappelle l’excellent Julius et Romea du non moins fameux Hermann (enfin !) grand prix du festival de BD d’Angoulême. Plongée dans une oeuvre de SF noire, peut être pas si fictionnelle que ça, par un maître de la BD argentine, à la fois dessinateur unique et scénariste profond.
Philippe Rubempré
Horacio Altuna, Chances, Dargaud, coll. Histoires fantastiques, 1987, 48 pages, prix selon bouquiniste.