Big Jim n’est plus. À 78 ans, le palpitant n’a pas suivi. Sa dernière livraison, un retour sur sa vie, à la troisième personne cette fois, pour prendre de la distance avant de retrouver le bistro du bon Dieu… Après ses mémoires fictifs, Wolf, et réels, En Marge (publiés en poche chez 10/18), Jim Harrison pose un troisième et ultime regard sur ce que fut sa vie, dans un récit ramassé en forme de novella, genre qu’il affectionne et maitrise à merveille.
Le Vieux Saltimbanque, comme il se surnomme, est bien présent, fidèle à lui-même. De sa vie, il fait une ouverture sur la Vie, sur l’universel : il est en effet question de vie et de mort, d’amour et de sexe, de gastronomie, de chasse et de pêche, d’alcool et d’excès, de poésie et de littérature… Ou comment ne pas écrire une autobiographie romancée façon autofiction exhibitionniste et geignarde autant que vulgaire à la sauce Christine Angot ou Catherine Millet. D’un côté, une oeuvre littéraire, celle de Jim Harrison ; de l’autre, l’impudeur au service du tiroir-caisse.
Pour son dernier round sur le ring, Harrison relève le gant avec panache ! Ses ultimes mémoires sont plus percutant encore que En Marge, mémoires qui ont largement contribué à forger la légende de Big Jim. Le Vieux Saltimbanque évoque la vie de l’auteur essentiellement après la publication de ses premiers souvenirs, mais ponctués de retours habillés d’un regard littéraire neuf. Un condensé d’humour et d’émotions nobles qui invitent le lecteur à se replonger dans l’oeuvre de Jim Harrison.
Big Jim tire sa révérence avec classe. Il nous manque déjà…
Philippe Rubempré
Jim Harrison, Le Vieux Saltimbanque, traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent, 2016, 147 p.