Tout est parti d’une chute. 8 mètres qui font prendre vingt ans à Sylvain Tesson. De longs mois d’hôpital et une promesse faite à lui-même : lui, le baroudeur des steppes, l’anachorète du lac Baïkal, l’aventurier insatiable, s’il remarche, traversera la France, son propre pays qu’il a trop peu exploré. Sur les chemins noirs est le récit de cette promesse tenue.
Pendant plus de trois mois, Sylvain Tesson traverse la France des chemins noirs, ces chemins perdus dans ce que l’administration appelle l’hyper-ruralité. Du Mercantour, à la frontière italienne, à la pointe du Cotentin et la Hague en passant par le Massif Central et le bocage mayennais, Un périple au coeur de la France oubliée de l’hyper-ruralité, de la France périurbaine snobée, s’attachant autant que possible à rester à l’écart des routes officielles et fréquentées, sur ces chemins noirs d’oubli et de perdition, peut-être, mais aussi chemins de beauté et de magie, de pureté encore vierge des saillies de l’aménagement du territoire… pour un temps compté, sans doute.
Dans un récit sobre et empreint de sagesse, Sylvain Tesson dresse le portrait d’une France trop souvent ignorée quand elle n’est pas méprisée, et promeut la marche comme thérapie reconstructrice de son corps abimé, bravant les séquelles physiques aux conséquences parfois cocasses – ainsi quand aux alentours de Laval, « une joggeuse opéra un demi-tour paniqué au moment où elle (le) vit« . L’auteur nous offre une nouvelle fois l’opportunité de voyager et d’admirer, de réfléchir et d’explorer. Une invitation à l’aventure, qui commence en bas de chez soi.
Philippe Rubempré
Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, Éditions Gallimard, 2016, 143 pages.