Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi novembre 21st 2024

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La Littérature à balles réelles – Bruno Lafourcade

« La retenue et la modération ne sont pas de mise dans une cause excellente »

Cicéron

Voilà un essai critique qui porte bien son nom ! Lafourcade tire en effet à balles réelles et au gros calibre sur les fausses gloires et les potiches écrivant.e.s. qui polluent librairies et médias. Mais Lafourcade aime aussi ; il admire ; et il l’écrit. Remarquablement. Enfin, contrairement à ses « victimes », Lafourcade ne s’épargne pas. Il est lucide, et cela lui confère à notre avis certains droits, notamment celui de mettre les pieds dans le plat et du 357 Magnum dans les plumes d’Annie Ernaux ou J.M.G. Le Clézio (je partage l’aversion de l’auteur pour ces baudruches bien-pensantes sans l’ombre du quart de l’once d’un nano-talent littéraire).

Bruno Lafourcade est romancier (L’Ivraie, paru chez Léo Scheer, ou Le Hussard retrouve ses facultés chez Auda Isarn, liste bien entendu loin d’être exhaustive), mais je le connais surtout comme chroniqueur, ou plus exactement, portraitiste de son époque, dans les colonnes d’Éléments. C’est une des plumes de cette digne revue diffamée par les imbéciles et les illettrés qu’on attend avec impatience tous les deux mois.

Sa Littérature à balles réelles est cruelle, parfois, juste souvent ; quand bien même nous serions moins sévère que lui quant à certaines de ses cibles… Mais c’est une lecture réjouissante, absolument, et écrite avec style. C’est racé et drôle, sans attaque ad hominem (Lafourcade n’est vraisemblablement pas de gauche, et ne connaît aucun des auteurs cités personnellement). Son tour de force : donner une furieuse envie de lire ceux qu’il aime ; et laisser son lecteur apprécier les autres, en lui offrant toutes les références le lui permettant.

À mettre entre toutes les mains qui apprécient la Liberté, la Littérature et la Disputatio.

Philippe Rubempré

Bruno Lafourcade, La Littérature à balles réelles, Jean-Dézert Éditeur, mars 2021, 100 p.