Remplacer « censeurs royaux » par « associations ». Pas une ligne, pas un mot à changer. 1789 – 2012, même combat. Le contexte a changé. Nous sommes passé dans l’ère de la post-histoire, pour reprendre un thème cher à Philippe Muray. Les inquisiteurs de la pensée, eux, sont toujours là. Ils ont maquillé leur nom. Ça ne mange pas de pain ; ça offre un visage neuf, lisse, plus alléchant. Ils n’en inquisitionnent pas moins la pensée – et devrais-je ajouter, l’expression de la pensée. Ne vous méprenez pas, je me moque que trois crétins sans talent autre que celui d’avoir « bénéficié » de leur quart d’heure warholien se fassent claquer la gueule et fermer le clapet ; je ne m’intéresse à et ne défend que le principe.
Notons toutefois une évolution depuis le libelle de Chénier frère. Maintenant ils inquisitionnent la pensée au nom de la liberté de penser, ils judiciarisent son expression, ils autocensurent les plus velléitaires, mais au nom de la liberté d’expression. Voilà la nouveauté, voilà une hypocrisie entachée de cynisme qui me semble ne pas exister en 1789. Les censeurs royaux s’assumaient, eux.
Je vous livre ici une courte réflexion, ou plus exactement le constat succinct d’une réalité, celle d’un monde irréel et pourtant concret, d’un monde vivant mais peuplé de morts de plus en plus nombreux, notre monde démocratique occidental. Ce qui me vaudra l’honneur d’être traité de réac, néo-réac voire de facho par les cons.