L’été, la chaleur, les corps qui se dévoilent, une certaine torpeur languide… C’est la saison anti-snob, le règne de la légèreté et des petits plaisirs coupables, le temps où l’on aime bien tout ce qui est bon, surtout si c’est très mauvais, pour paraphraser la soeur médecin des Hospices de Beaune, dans La Grande Vadrouille. En passant Un été chez Max Pécas, Thomas Morales rend justice à ces instants privilégiés de liberté et de joie que la Faculté, l’Académie et les politocards rêvent de rogner voire d’interdire… Pour votre bien et au nom de votre santé, bien entendu.
Que celui qui n’a jamais zappé sur un film de Max Pécas dans la moiteur étouffante d’un été à la campagne lui jette la première pierre… Les plaisirs simples ne se démodent pas sous la plume de Morales. De l’apéro au barbecue en passant par le Tour de France – dernière grande compétition sportive gratuite, donc réellement populaire -, du slow aux amours de vacances en passant par la carte postale, parfois grivoise, horresco referens, le chroniqueur nous raconte avec malice et humour ces bonheurs populaires honnis par une pseudo-élite qui les considère comme populistes. Un honneur quand on songe que le prix Eugène Dabit du roman populiste a couronné René Fallet ou Jean-Pierre Chabrol ! Je ne peux m’empêcher de penser qu’il est aussi cocasse d’être traité de populiste par une pseudo-élite bankerisée que de l’être de pute par un julot ou une mère maquerelle…
Un été chez Max Pécas se déguste sous forme de courtes et savoureuses chroniques, qu’il est de bon ton d’accompagner d’un pastaga ou d’un rosé bien frais, bob Ricard vissé sur le crâne, en attendant que braises se fassent… On se calme, on boit frais, on lit Morales et on retrouve le moral !
Philippe Rubempré
Thomas Morales, Un été chez Max Pécas , Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2019, 85 pages.