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lundi avril 29th 2024

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Dictionnaire égoïste du panache français – François Cérésa

« Quand on représente une cause (presque) perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège parce que la vie s’en est allée ailleurs. »

Jean Raspail, Le Roi au-delà de la mer, Albin Michel, 2000.

Si l’on en croit François Cérésa, entre autres auteur du Petit Roman de la Gastronomie et fondateur de l’excellent Service Littéraire, « le panache est une maladie française », maladie endémique, il va sans dire. Selon les mots de l’auteur, il s’agit d’un « mélange de courage, d’audace, d’intempérance, d’honneur, d’élégance, mais aussi de suffisance, d’orgueil mal placé, d’indiscipline et de bêtise ». Ce panache nous définit Français. Il ne concerne nul autre.

Dans son dictionnaire, Cérésa salue les gloires du panache français, de Cyrano à Depardieu, de Bayard à Belmondo, du royco François-Athanase Charette de la Contrie à l’anar Georges Darien, du pure souche Hugo à la greffe géniale Kessel… Tous les domaines sont frappés de panache joyeusement cocardier, politique sport, littérature et théâtre, cinéma, haute-couture… Rien ne lui échappe, à ce panache qui nous rend fiers de ce que nous sommes, une grande Nation, un grand Peuple, un grand Pays. N’en déplaise aux traîtres et autres mauvais coucheurs indignes.

En 52 entrées précédées d’une introduction savoureusement apéritive, François Cérésa brosse un portrait en creux de la France telle qu’elle devrait être célébrée au quotidien. C’est une déclaration, sa déclaration. Son dictionnaire se veut égoïste par nécessité : il lui a fallu opérer des choix et trancher le vif. Ses choix judicieux ou surprenants ne seraient pas forcément les nôtres ; tant mieux, ils invitent à la curiosité et à la (re)découverte… même si à titre personnel, nous regrettons de ne voir figurer dans cet abécédaire du panache un A.D.G. un Blondin ou un Marcel Aymé, un Brassens ou un Verneuil, un Delon ou un Offenbach… Et finalement, peut-être est-ce tant mieux ! Qui sait si ce premier volume n’en appelle pas un second ?

Philippe Rubempré

François Cérésa, Dictionnaire égoïste du panache français, Le Cherche-midi, 2023, 400 p.

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