Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi octobre 2nd 2025

Insider

Archives

Paradoxes de la pensée progressiste – André Perrin

Dans son nouveau recueil sous-titré « Le camp du Bien à l’heure du woke », André Perrin, agrégé de philosophie, poursuit son travail de critique des médias « autorisés » (notamment France Culture, Le Monde et Libération, mais pas seulement) et décortique les Paradoxes de la pensée progressiste. Dans son avant-propos, il balaye, démonstration factuelle et intellectuelle à l’appui, le fait que le « wokisme » n’existerait pas ou serait une invention de « l’extrême droite », puis au fil des chroniques parues dans Commentaire, La Décroissance, sur le blog de Catherine Kintzler Mézetulle ou d’entretiens accordés à divers médias, analyse en profondeur tant sur les plans linguistique qu’historique les affirmations, indignations sélectives et la malhonnêteté intellectuelle (c’est moi qui le dit) de cette « intelligentsia progressiste, [composée de] journalistes, universitaires, gens de culture ».

André Perrin exerce avec une ironie bienvenue et une érudition certaine ce « travail de la pensée critique qui est visiblement devenu, de nos jours, la chose la moins bien partagée du monde intellectuel et artistique hexagonal », comme l’écrit Jean-Claude Michéa dans son avant-propos.

Comme le constate l’auteur dans son texte liminaire,

« En fin de compte, il n’est pas très étonnant que des idéologues dont une des convictions les plus profondes est qu’on peut changer les choses en changeant les mots, et qui s’y emploient en tentant d’imposer aux autres leur novlangue, soient à ce point soucieux de faire la chasse aux mots woke ou wokisme. Les pages qui suivent dressent un état des lieux de ce que l’on peut quotidiennement voir et entendre en écoutant la radio publique et en lisant la bonne presse. Le lecteur pourra peut-être y découvrir la preuve de l’existence de la pensée woke, comme on prouve le mouvement en marchant […]. Plus que les mots, toujours imprécis et contestables dont on se sert pour le cerner, ce qui importe, c’est le réel, celui qui nous résiste, ou, pour le dire comme Lacan, celui auquel on se cogne. »

André Perrin, « Derechef du wokisme, s’il existe », op. cit., p.29.

André Perrin a précédemment publié chez le même éditeur, L’Artilleur, Scènes de la vie intellectuelle en France. L’intimidation contre le débat (2016), Journal d’un indigné, magnitude 7 sur l’échelle de Hessel (2019), que nous avons déjà chroniqués, et Postures médiatiques. Chronique de l’imposture ordinaire (2022). La lecture de Perrin est une cure d’intelligence fortement recommandable pour les convertis, et plus encore, pour les progressistes ouverts (si tant est qu’il en existe).

Philippe Rubempré

André Perrin, Paradoxes de la pensée progressiste, avant-propos de Jean-Claude Michéa, L’Artilleur, septembre 2025, 224 p.

Leave a Reply