Journal d'un caféïnomane insomniaque
samedi mai 4th 2024

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Maus – Art Spiegelman

Autant annoncer la couleur, c’est un chef d’oeuvre. Probablement un des trois de la bande dessinée mondiale de mon point de vue (avec Fleur de Park Kun-Woong et un autre…). Je ne peux que saluer le travail de et sur la mémoire réalisé par Art Spiegelman. À chaque page on ressent l’épreuve intime, la douleur du père, la cruelle nécessité de savoir du fils. Je n’aime pas, par esprit de contradiction, brouter les prés de Panurge, mais je dois reconnaître que ce témoignage à la fois historique – ce sont les souvenirs d’un Survivant – journalistique – le fils a enquêté et interrogé son père pour donner à connaître son incroyable et tragique vécu, pour informer – et artistique – le dessin, la poésie malgré la barbarie des faits, la métaphore animalière, la Littérature enfin, puisque c’est bien de Littérature dont il s’agit ici – ne peut susciter que notre admiration et notre respect. Ite missa est.

Ab hinc… 19

« Qui désire mon corps m’aime.
Qui aime mon corps me désire.
C’est le seul amour que je connaisse ;
Le reste est Littérature. » – Salwa Al-Neimi (poétesse syrienne)

Ab hinc… 18

« L’homme se connaît d’autant moins qu’il se regarde davantage » – Jean Paulhan

Charleston Sud – Pat Conroy

Voilà une somme romanesque qui bovaryse ! À double titre : la référence permanente à l’Ulysse de Joyce – jusque dans le nom du personnage principal – et l’identification aux caractères peuplant ce Sud si cher à Julien Green. Ce roman n’est d’ailleurs pas sans rappeler dans sa géographie et par sa taille les épopées sudistes de Green comme Les Pays lointains. Et de réaliser que les thèmes d’histoires écrites par deux auteurs différents (Conroy / Green), se déroulant peu ou prou à un siècle d’intervalle, sont très proches. Comme s’il existait une âme sudiste – sans doute est-ce le cas par ailleurs – comme il existe une âme slave.

Un véritable bonheur de lecture de Charleston à San Francisco, au travers d’une Amérique à la fois cruelle et magique, pétrie de contradictions, une Amérique qui engendre les héros romanesques comme nul autre ne le peut.

Je n’ai pas envie de résumer cette histoire. Quel intérêt ? Pour cela, le synopsis convient parfaitement et il est accessible à tout un chacun. Juste envie de vous dire que je n’avais pas pris autant de plaisir romanesque depuis Les Pays lointains et Les Étoiles du Sud de Julien Green, autre immense peintre du Sud des Etats-Unis.

Ab hinc… 17

« Le poète dispose du même droit inaliénable à être audacieux dans ses illustrations de l’amour et de ses héros, que celui dont ont disposé de tout temps pour cela les peintres et les sculpteurs : il n’y a que les infâmes qui arrivent à déceler l’infamie dans ce qui est beau ou effrayant » – Ivan BOUNINE, Les allées sombres

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