Journal d'un caféïnomane insomniaque
samedi juillet 5th 2025

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Introït

On n’écrit pas parce qu’on a quelque chose à dire mais parce qu’on a envie de dire quelque chose.

E.M. Cioran, Ébauches de vertige, 1979.

 

Lectures juin

  1. L’Éternité à deux – Axel
  2. School girls #3 – Nill
  3. La Chambre de verre – Axel
  4. La Pharmacienne – Igor & Boccere, d’après Esparbec
  5. Aphrodite – Pierre Louÿs
  6. Pierre Gauvin (1903-1951) Officier de la Coloniale – Nicolas Couvrand
  7. La Petite Fasciste – Jérôme Leroy
  8. Le Sucre – Marc Obregon
  9. Le Bruit et la Fureur – William Faulkner
  10. Synthèse de l’art européen de la Renaissance à la Seconde Guerre mondiale – Émilien Vieu
  11. Chambre 121 (L’intégrale) – Igor & Boccère
  12. Objectif 23 – Aurélien Chrétien
  13. La Maison – Emma Becker
  14. La Meute. Enquête sur la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon – Charlotte Belaïch & Olivier Pérou
  15. L’Institutrice – Bruce Morgan
  16. Nouvelles incorrectes d’une Afrique disparue – Bernard Lugan

Échec et mat au Paradis – Sébastien Lapaque

« Cette rencontre que j’aurais aimé imaginer à Belo Horizonte, en septembre 1940, a donc réellement eu lieu, sur les hauts plateaux du Minas Gerais, un jour de l’été austral, en 1942. En janvier, plutôt vers la fin d’après les recoupements des chercheurs brésiliens qui ont reconstitué l’emploi du temps de Stefan Zweig avant son suicide. Très peu de jours, donc, avant sa mort, son renoncement à la vie. »

Sébastien Lapaque, pp. 44-45.

Le 23 février 1942, à Petropolis, dans l’état de Rio de Janeiro, au Brésil, l’écrivain Stefan Zweig se donnait la mort en compagnie de sa seconde épouse Lotte. Autrichien et juif, il avait fui l’Autriche et le nazisme pour la Grande-Bretagne, notamment, d’où, devenu suspect avec la déclaration de guerre en septembre 1939, il s’est exilé en Amérique du Sud, quittant définitivement sa chère Europe. « Adieu, vieille Europe, que le Diable t’emporte… », dirait Claude Rich dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer… La veille de son suicide, Zweig laissait une lettre d’adieu dans laquelle il écrivait notamment :

« […] je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. » (je souligne).

Quelques temps auparavant, début 1942, l’écrivain en exil rend visite à Georges Bernanos en sa retraite de la Croix-des-Âmes, à Barbacena, état du Minas Gerais, 215 kilomètres de Petropolis environ. Que vient faire l’écrivain juif Stefan Zweig chez l’(ex)-maurrassien catholique Bernanos ? C’est tout le travail d’enquête de l’auteur de ce livre palpitant.

Avec Échec et mat au Paradis, Sébastien Lapaque s’engage dans un voyage au long cours dans les pas de Zweig et Bernanos au Brésil ; il y effectue plusieurs voyages ; apprend la langue portugaise ; rencontre témoins et descendants… et parvient à retracer une histoire et à recréer un dialogue, dont il n’existe nul stigmate, entre l’intransigeant catholique Bernanos et l’Européen juif Zweig, deux idéalistes à leur manière, dont la rencontre sublimera les différences.

Plume racée, récit admirablement composé, conté de voix de maître et suscitant l’envie folle de se (re)plonger dans les œuvres de Stefan Zweig et Georges Bernanos.

Philippe Rubempré

Sébastien Lapaque, Échec et mat au Paradis, Actes Sud, septembre 2024, 336 p.

Un cœur pur – Maxime Dalle

« À peine échappés de notre hôtel, je sens la présence de l’ange gardien de Milou et de son gentil petit diable alcoolique. Archibald […] semble porter une tour de Pise branlante. Son sac bleu dégueule de partout. Le coquin rêve déjà de bière glacée. Je la vois scintiller dans ses yeux. Shylock, quant à lui, avance fièrement en tête de cortège comme le capitaine Haddock au départ de l’ascension. Nous sommes sous la protection de notre imaginaire et rien, pas même le migou, ne nous arrêtera. »

Maxime Dalle, p. 99.

Maxime Dalle est un jeune aventurier littéraire et intrépide, entre autres cofondateur de la gazette Raskar Kapac ou marin dans le sillage de Jean Bart en pleine pangolinite aiguë. Dernier forfait en date : partir sur les traces de Tintin au Népal, non en compagnie d’Haddock à la recherche de Tchang, mais avec deux amis, Archibald et Shylock. La joyeuse confrérie s’engage dans les pas d’un cœur pur, capable de tout abandonner séance tenante sur une intuition pour voler au secours d’un ami.


Plus qu’une relation de voyage, Un Cœur pur est une ode à l’Amitié avec un grand A ; Amitié vécue lors du périple népalais ; Amitié idéalisée à travers les duos hergéens Tintin / Haddock d’une part, Tintin / Tchang de l’autre ; Amitiés remémorées dans une première partie aux accents autobiographiques… Chez Maxime Dalle, l’Amitié s’éprouve dans l’Aventure, à hauteur d’enfant, à bord du Pink Floyd commandé par le capitaine Patrick Tabarly, ou à l’assaut de l’Himalaya en compagnie d’Archibald et Shylock.


Le cœur pur, c’est bien sûr Tintin dans son périple tibétain ; c’est encore Haddock qui contre vents et marées (et contre lui-même) soutient son ami, quoi qu’il lui en coûte ; c’est aussi celui qui, à l’heure de la globalisation ultra individualiste et omniconnectée, résiste à la marchandisation et à la technicisation à outrance du monde qui nous enserrent dans leurs toiles virtuelles et en même temps ô combien concrètes. Le cœur pur, dans ce contexte, est celui qui promeut et défend des valeurs et des principes vrais – Amitié, Famille, Liberté, Aventure, Vie – non pas par la propagande, la publicité ou le prosélytisme, mais simplement en Étant. En vivant en conformité avec ses idéaux dans la mesure du possible. « Des faits et non des mots », écrivait le général Bigeard dans ses mémoires (De la brousse à la jungle, éditions du Rocher, 2002).


Maxime Dalle, à n’en pas douter, aspire à être un cœur pur, et nous invite à emprunter ce chemin. Laissez-vous séduire par la plume enjouée, et parfois facétieuse, de ce trentenaire pour qui le verbe Vivre se conjugue avec une majuscule !

Philippe Rubempré

Maxime Dalle, Un Cœur pur. Sur les traces de Tintin au Népal, Éditions Herodios, 2025, 178 p.

L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal – Frédéric Saint Clair

Sous ce titre taquin, d’aucuns diront provocateur, Frédéric Saint Clair, politiste et ancien conseiller de Dominique de Villepin, éclaire un concept trop souvent employé à tort et à travers, ses usagers se gardant bien de le définir, la fameuse extrême droite… Cet anathème qui évite de se battre, donc de débattre en démocratie, en disqualifiant l’adversaire a priori.

« C’est donc fort de ces trois critères que je suis revenu à l’assaut de la forteresse bourgeoise, questionnant Marie-Chantal [archétype de la bourgeoise macroniste, N.D.R.] sur les motivations cachées d’un Éric Zemmour, d’une Marine Le Pen ou d’un Éric Ciotti. Pense-t-elle sérieusement que ces trois éléments, le coup d’État, la dictature et la discrimination, puissent être conjointement présents dans l’agenda politique, fût-il caché, de ces personnalités ? Qui peut croire cela ? Qui peut croire que Marine Le Pen fomente en secret un coup d’État ? Qui peut croire que les membres du Rassemblement national rêvent d’une dictature ? Marie-Chantal a convenu avec l’honnêteté intellectuelle qu’on lui connaît qu’effectivement, au regard de ces trois critères, le terme « extrême droite » n’était pas applicable… »

Frédéric Saint Clair, p. 32-33.

Un essai riche, en partie dialogué, compréhensible par tous et (très bien) sourcé, à mettre en toute les mains qui ne se satisfont pas de l’accusation paresseuse et lancinante d’extrême droite pour tout ce qui ne va pas dans le sens du vent progressiste.

Philippe Rubempré

Frédéric Saint Clair, L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal, Éditions La Nouvelle Librairie, février 2024, 247 p.

Lectures mai

  1. Discours des fleuves de sang – Enoch Powell
  2. Un Effondrement parfait – Jérôme Leroy
  3. L’Appel de Cthulhu – H. P. Lovecraft
  4. Le Slynx – Tatiana Tolstoï
  5. Par-delà le mur du sommeil – H. P. Lovecraft
  6. À rebours – Joris-Karl Huysmans
  7. Sous l’étoile de la liberté – Sylvain Tesson, photographies de Thomas Goisque
  8. Tosh et ses plans Q – Saynot
  9. La Tourbière hantée – H. P. Lovecraft
  10. La Peur qui rôde – H. P. Lovecraft
  11. L’Exposition universelle – E. L. Doctorow
  12. Il faut parfois trahir – Kamel Daoud
  13. Robinson Crusoé – Daniel Defoe, adaptation et scénario Christophe Lemoine, dessins et couleurs Jean-Christophe Vergne
  14. Mémoires identitaires. 1968-2025 les dessous du Grand Basculement – Jean-Yves Le Gallou
  15. Portraits anecdotiques de Jean Gabin à Jany Le Pen – Jean-Paul Chayrigues de Olmetta
  16. Le Cercle – Dave Eggers
  17. La Gula – Efsy Washington
  18. Schoolgirls #2 – Nill & Doni
  19. Don Quichotte et ses fantasmes – Alberto Manguel
  20. Kiff #3 Adorables et cruelles – Max Sulfur
  21. Sexe contre énergie. Petite histoire des relations homme / femme – Frédéric Delavier
  22. Y’a pas de mystère dans le sexe – Charlotte de Buzon & Valentine Birnbaum
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