Journal d'un caféïnomane insomniaque
vendredi mars 29th 2024

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L’Imposture (2/5)

De l’Imposture et du Bovarysme

Jamais nous ne remercierons assez Gustave Flaubert de nous avoir offert cette œuvre magnifique et salutaire qu’est Madame Bovary. De son art découle la notion de Bovarysme. Faut-il bien l’avouer  ? Je suis gravement atteint par ce mal à la fois sublime et mortel, subtil et douloureux.

Vous allez me poser inévitablement la question, mais quel rapport entre l’Imposture et ce «  Bovarysme  » dont vous nous rebattez les oreilles depuis quelques lignes. Eh bien, je crois que le Bovarysme est la forme ultime de l’Imposture, sa Noblesse la plus prestigieuse, et en même temps la plus destructrice. Le bovaryste est un Imposteur, le plus grand et le plus beau qui soit  ; l’inverse n’est pas automatique…

Trêve de palabres, entamons les préliminaires. Commençons déjà par définir ce qu’est le Bovarysme, ou plus modestement notre définition subjective de cet état. Le Bovarysme est, comme le laisse supposer son origine, intiment lié aux livres, ou plus exactement à la lecture et à l’abandonnement auquel elle conduit, parfois jusqu’à la perte de tout repère. Je le décrirai avant tout comme l’état d’une personne, nécessairement une lectrice, état qui lui fait préférer son univers propre créé au travers de ces errances littéraires, ou par extension artistiques en général. Le Bovarysme amène à ne plus considérer le monde «  réel  », à en avoir peur et à le fuir  ; à l’extrême, ce mal délicieux provoque une confusion profonde entre réalité et imaginaire, produit de lectures. Un rêve qui peut basculer à chaque instant dans le cauchemar, jusqu’à la mort…

Jusqu’à cette mort vécue, oui je dis bien vécue, car l’être bovaryste meurt en entrant dans la peau d’un autre et ressuscite quand il en sort… quand il en sort… car tel est le danger mortel et précieux du Bovarysme, le bonheur de mourir  ? non, la joie d’une certaine mort, de la fin d’une partie de notre être qui est et vit de ce monde honni et abhorré… Folie ou suicide… au choix. Imposture, certes et de la plus belle et plus noble manière (au sens italien du terme) qui soit  !

Au comble de ma folie prétentieuse, non seulement je me revendique IMPOSTURE, mais plus encore la plus merveilleuse, la Divine, JE SUIS BOVARYSTE  ! Mon cher Gustave, vous avez divorcé de ce sentiment, de cet folie douce et funeste que vous avez si bien exprimée  ; moi je ne veux pas la quitter, elle n’est plus folie, elle est Passion, comme toutes les passions, destructrice acharnée et mortelle… Tel est mon destin, je ne sais pas si je l’ai choisi, mais je ne veux pour rien au monde y échapper.

Alea jacta est…