Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi mars 28th 2024

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La correction ou la confusion des sens – Philippe de SAXE, illustrations d’Alex VARENNE

Un ouvrage bien troublant… Tout d’abord par son écriture. Cela saute aux yeux et interpelle dès la première page. Alternance de paragraphes en capitales d’imprimerie et de paragraphes en italique. Deux écritures, deux polices, deux narrateurs, trois lectures…

Un homme lit ce qu’on pourrait qualifier de « journal intime ». Ecrit par une ancienne compagne, l’homme en rédige un commentaire au fur et à mesure. D’où les deux écritures, les deux polices, les deux narrateurs, les trois lectures… Au choix du lecteur le journal intime de la femme, les commentaires de l’homme ou le dialogue entre les deux. Mon choix fut la troisième option. Il serait intéressant certainement de réécrire cette chronique après avoir exploré chacune des deux autres directions…

Le texte est très bien écrit, il ne correspond pas aux poncifs de la littérature érotique (celle dont on dit qu’elle se lit à une main, de préférence la gauche) ni par la qualité de sa syntaxe, ni par la recherche et le niveau du vocabulaire. La lecture offre une réelle cohérence pour chacune des plumes s’exprimant dans ce roman, et le dialogue s’instaurant entre les deux protagonistes par encre interposée n’en prend que plus de piquant. Au fil des pages se construit petit à petit la relation entre ses deux êtres que rien ne lie hormis le désir et la passion physique. Le roman s’engage dans une véritable fuite en avant, entrainant son lecteur dans une fascination / répulsion face au caractère exponentiel de la relation sexuelle et physique qui unit cette femme et cet homme. Plongée dans un univers sadomasochiste, mais à la manière d’un roman d’initiation, tel que l’on peut l’entendre pour des romans destinés à éduquer (ici les adultes, cela va sans dire). Le malaise transpire dans le titre, La correction ou la confusion des sens. Le lecteur est placé à la fois en voyeur qui découvre l’échange existant au sein de ce couple à travers leur dialogue et les illustrations d’Alex Varenne – d’un noir & blanc bienvenu – mais aussi quelque part en acteur malgré lui de cette relation, car  lisant ces carnets intimes, il lit « je ».

Le talent de Varenne suggère quelques instantanés de cette relation trouble. Son trait, ou plus exactement, l’ambiance générale résultant à la fois du trait et du traitement N&B, rappelle une ambiance berlinoise des années 1920, entre esthétisme, fétichisme et érotisme.

Un ouvrage bien troublant…