Sous-titré « La vie et la légende des chevaliers au temps des châteaux-forts », Le Monde des Chevaliers est l’adaptation française par Gallimard Jeunesse d’un ouvrage d’initiation à l’Histoire anglais, anonyme (vraisemblablement collectif sous contrôle d’un comité scientifique), publié par les éditions Carlon Books.
Hugues Templier, conservateur d’un château-fort musée, découvre par hasard un coffret renfermant notamment un morceau de cotte de maille et une point de flèche, un médaillon de bronze et un bout d’étoffe. C’est le point de départ d’une enquête sur le monde des chevaliers, dans laquelle les interventions d’Hugues Templier se font discrètes. Mais sans doute le scénario initial est l’alibi devant susciter la curiosité de nos chères têtes blondes (ou brunes, rousses, frisées, crépues, lisses… je ne veux pas d’ennuis avec N. V-B.). Organisé en quatre parties thématiques, allant globalement du général vers le particulier (quoique les deux dernières parties seraient interchangeables), l’ouvrage offre aux enfants auxquels il se destine un panorama assez étendu du monde de la chevalerie. Partant du contexte médiéval, le livre brosse à la fois les aspects sociaux et sociétaux du Moyen-Âge, les organisations politique, familiale, religieuse… pour consacrer finalement une partie importante aux armes et aux batailles.
Si le panorama permet une initiation globale à l’Histoire médiévale, il présente néanmoins le risque d’entraîner une certaine confusion temporelle et de créer des stéréotypes chez certains enfants (public visé) dont le cerveau n’est pas encore, ni biologiquement, ni intellectuellement, formé pour comprendre et assimiler les méthodes de l’école des Annales. N’est-ce pas Lucien Fèbvre qui disait que « l’Histoire devrait être interdite aux mineurs » ?! Non pas en raison de sa violence ou d’une surexposition pornographique, mais bien parce que l’apprentissage de l’Histoire requiert un certain degré de maturité biologique et intellectuelle.
Je souhaite toutefois noter le plaisir bovaryste que j’ai pris, es qualité d’historien, à lire cet ouvrage de vulgarisation pour la jeunesse dont la qualité première est l’iconographie. Et il faut reconnaître qu’elle est remarquable !
Résumons donc : un panorama du monde des chevaliers (vaste et imprécis, nécessairement, des inexactitudes pouvant être induites par le manque de précision), un défaut de chronologie et une banque iconographique de grande qualité (jouissive et judicieuse !). À offrir aux enfants auxquels il est destiné, mais en leur rappelant que toute Histoire se situe dans le temps et dans l’espace.
Chronique à retrouver sur le Salon Littéraire.