Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi novembre 21st 2024

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Expressions pervers – Pont de Veyle

Libre poète en quête d’absolu

Nous savons de celui qui dissimule sa véritable identité sous le pseudonyme de Pont de Veyle qu’il a composé ses poèmes entre l’âge de 19 et celui de 21 ans, à l’aune d’un parcours chaotique de l’adolescence à l’âge adulte. En effet, la courte notice biographique de quatrième de couverture nous apprend qu’ayant abandonné ses études de lettres pour s’engager dans l’infanterie de marine, il en déserte pour reprendre des études de sociologie et d’éthologie…

Ce recueil intitulé Expressions pervers nous dresse le portrait d’un  poète libre, en quête d’un absolu qu’il semble ne jamais devoir atteindre, ni dans ses rêves virant souvent au cauchemar, ni avec les femmes… Seule, parfois, une flammèche d’espérance point avec une coloration religieuse. Tout au long de son oeuvre, le poète apparait en quête d’une légitimité –

La chose la plus laide de ma vie que j’ai dû

accomplir

C’est d’écrire noir sur blanc ma peine d’être

médiocre

Etre médiocre toute sa vie, sans aucune émotion

Quand on ne vit que pour elle, c’est pire qu’une

prison

– une légitimité intime, lui face à lui-même. Une légitimité personnelle qui lui permette d’affronter le monde, ce monde hostile face auquel sa liberté devient un poids impossible à gérer, une angoisse existentielle totalitaire.

Tout n’est cependant pas morbide ni noir chez Pont de Veyle. Il conserve au fil de sa poésie une capacité d’étonnement, d’émerveillement et d’admiration pour la nature, la femme, ou encore Notre-Dame de Paris

Gigantesque miroir de l’amour des hommes

(…)

Mais ici bas, perdu au milieu des mortels

J’ai peur de flétrir mes imprudentes ailes

Des nefs à l’autel, des icônes au dôme

Dieu est là et on admire les hommes

 

À travers sa poésie, Pont de Veyle questionne et se questionne pour aller de l’avant, pour exercer ce dur métier d’Homme baptisé Liberté. Il rend hommage à ses guides terrestres et spirituels, célèbre la Beauté et défie la fange haineuse et malfaisante de ce bas monde.

Sans doute le poète n’atteindra jamais cet absolu qui l’obsède et auquel il aspire, mais il offre sa poésie comme outil de questionnements pour réfléchir à ce que nous sommes, à ce qu’intrinsèquement nous sommes, à notre destination finale, à nos vies, à notre destin personnel et commun. In fine, Pont de Veyle pose et tente de répondre à une interrogation essentielle que nous pourrions reformuler en empruntant à Audiard père une de ses expressions, que faire de notre Liberté pour éviter le Terminus des Prétentieux ?

Retrouvez cette chronique sur le Salon Littéraire.