L’Italie a offert à la bande-dessinée quelques-unes de ses grandes signatures, de Milo Manara à Giovanna Casotto en passant par Magnus, Serpieri, Liberatore ou Guido Crepax… Vitorio Giardino n’est pas la moindre d’entre elles. L’auteur et dessinateur de Little Ego et de Max Friedman signe au début des années 1980 Les enquêtes de Sam Pezzo, publiées en édition intégrale par Glénat dans sa fameuse collection Bulle Noire à l’occasion du trentième anniversaire de la maison.
Entre Série Noire et fumetti neri, Sam Pezzo est détective privé, comme il se doit. Amateur déraisonnable de Ballantine’s et de Camel, éternellement fauché, il a l’art de récupérer les affaires les plus foireuses… Pezzo n’arrive que rarement au terme de ses enquêtes, tout du moins il n’atteint quasiment jamais son objectif initial. Détectivre hantant la faune interlope italienne de la fin des années 1970 et du début des années 1980, ses rapports avec la pègre sont souvent à ses dépens, bien qu’il y trouve de temps à autre l’occasion de se consoler dans les bras d’une petite pépée.
Travaillant en noir et blanc, Giardino confère à son anti-héros la dimension d’un Marlowe malchanceux. L’humour n’est pas absent de cette série noire à l’italienne, il découle du grotesque des situations improbables dans lesquelles Pezzo à l’art de plonger jusqu’au cou.
Avec Les enquêtes de Sam Pezzo, Vittorio Giardino nous offre une série de nouvelles graphiques au coeur glauque de la pègre et du mensonge qui raviront les amateurs du genre.
Philippe Rubempré
Vittorio Giardino, Les enquêtes de Sam Pezzo, Glénat – collection Bulle Noire, 1999, 210 pages, prix selon bouquiniste.
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