Journal d'un caféïnomane insomniaque
vendredi novembre 22nd 2024

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Nos histoires de France – Daniel Picouly

    Une reproduction de planche pédagogique historique sur les rois de France en couverture. Il n’en fallait pas plus pour que dépasse mes a priori mitigés quant à l’écrivain Daniel Picouly, quoique de prime abord l’ouvrage Nos histoires de France m’attirât essentiellement par son iconographie. Je ne fus pas déçu.

Picouly est-il un Grantécrivain ? Qu’on me permette d’en douter. Il n’est toutefois pas dénué d’un certain talent pour raconter du haut de ses dix ans, avec légèreté et non sans une espiègle drôlerie, son histoire de France ; celle qu’il a vécu par procuration pendant ses heures de grand piquet, enfermé dans le placard – éclairé – où les planches pédagogiques étaient rangées par M. Brûlé, son instituteur. En 1958, Picouly, dix ans donc, est de son propre aveu un incorrigible cancre – pas traumatisé pour autant, d’ailleurs, ne résistant pas à un bon mot, quitte à entrer dans le Guiness book de son école pour le record de la catégorie « grand piquet ».

Partielle et partiale, et pour cause, les histoires de France de Picouly, racontées à hauteur d’enfant, sont épargnées par les grandes leçons d’humanisme et de morale, remplacées (les grandes leçons) par des références plus originales, des soldats Mokarex (qu’on trouvait dans les paquets de café) à la transposition de fameux épisodes et héros de la Grande Histoire de France dans le microcosme d’une classe de l’école primaire de Villemomble en 1958.

    Le récit de Picouly a la sagesse de ne pas s’étaler à l’infini façon diaporama-de-retour-de-vacances, ce qui eut été un cauchemar. Sa brièveté et son rythme enlevé mettent en valeur la véritable richesse de ce bel ouvrage, son iconographie. Ce ne sont pas moins de cent soixante planches pédagogiques de notre bonne vieille école de la République, héritière de celle de feu les hussards noirs, qui illustrent le texte, dans des reproductions en couleurs de qualité. Une vraie madeleine de Proust pour les nostalgiques de l’enfance et de l’école à l’ancienne, pour les rêveurs et les bovarystes, ou encore les passionnés d’histoire.

Nostalgique d’une époque que je n’ai pas connu et qui n’a sans doute jamais existé, je devais croiser la route de Daniel Picouly et de ses souvenirs, pour quelques instants de nostalgie, de plaisir, d’évasion… de liberté ?

 

Philippe Rubempré

Daniel Picouly, Nos histoires de France, Éditions Hoëbeke, 2011.