François Jonquères est secrétaire-général du prix des Hussards, fondé en 2013 avec le regretté Christian Millau. Désespéré par la figure humaine désormais imposée à la littérature, il tente de lui redonner son côté divin, iconoclaste, en s’aventurant dans des genres oubliés (conte de fées : Voix de Fées), mal servis ou délaissés (nouvelles : Nouvelles de mes nuits) ou en abordant des thèmes à réaction épidermique (Robert B. sept nuances de gris ; La Révolution buissonnière). Bref, un mauvais sujet, qui ne manque pas d’air, mais aux intentions parfaitement louables.
Merci à cet écrivain bien connu des lecteurs de ces pages d’avoir accepté de répondre à notre questionnaire.
Quel est pour vous le comble de la misère ?
Devoir renier sa liberté.
Où aimeriez-vous vivre ?
Sur une île battue par les flots et les vents, du côté de l’Ecosse ou de l’Irlande. Un maximum de confort est exigé cependant.
Votre idéal de bonheur terrestre ?
Croire que le meilleur est toujours à venir.
Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence ?
Les miennes.
Vos héros de roman favoris ?
Lawrence Darrell (Le fil du rasoir), François Sanders (Le Hussard bleu), Georges Saval (Les poneys sauvages) et le plus grand de tous, Athos, comte de la Fère.
Votre personnage historique favori ?
Winston Churchill. No sport.
Vos héroïnes favorites dans la vie réelle ?
Mères et grands-mères.
Vos peintres favoris ?
Turner et l’école flamande.
Votre musicien favori ?
Paul McCartney, pour les modernes ; Franz Liszt et Richard Wagner (on reste en famille), pour les anciens.
Votre qualité préférée chez l’homme ?
Le sens de l’honneur.
Votre qualité préférée chez la femme ?
La douceur.
Votre vertu préférée ?
L’honnêteté.
Votre occupation préférée ?
La lecture quand le livre est bon, le sommeil lorsque ses pages y invitent.
Qui auriez-vous aimé être ?
Antoine Blondin. Du coup, j’aurais bu moins de coups et écrit beaucoup.
Le principal trait de votre caractère ?
La diplomatie chèvre et chou.
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis ?
Le non-conformisme.
Mon principal défaut ?
Un insupportable pessimisme clairvoyant.
Mon rêve de bonheur ?
Tomber dans un chaudron plein d’optimisme.
Quel serait mon plus grand malheur ?
Perdre la vue avant de perdre la vie.
La couleur que je préfère ?
Le bleu roi.
La fleur que j’aime ?
La violette, forcément impériale.
L’oiseau que je préfère ?
Le pigeon quand il est préparé comme au Grand Véfour. Autrement, la buse, elle me rappelle mes contemporains.
Mes auteurs favoris en prose ?
Ernst Jünger, Hermann Hesse, Lawrence Durrell, Robert-Louis Stevenson et Oscar Wilde, pour l’étranger.
Michel Déon, Antoine Blondin, Jacques Laurent, Roger Nimier, Jean Giono, Marcel Aymé, Félicien Marceau pour les écrivains français.
Mes poètes préférés ?
Verlaine et Baudelaire.
Un livre à conseiller ?
Une lecture de confinement, Le Maître et Marguerite, de Boulgakov. C’est tordant et particulièrement endiablé !
Un auteur à découvrir ?
Philibert Humm, mais il doit encore se trouver lui-même.
Un film ?
Le bal des Vampires, al dente.
Mes héros dans la vie réelle ?
Les parents dévoués.
Mes héroïnes dans l’Histoire ?
Les courtisanes et maîtresses royales. La cuisse donne des ailes.
Mes (pré)noms favoris ?
Ceux qui renvoient à des Saints.
Ce que je déteste par-dessus tout ?
L’hypocrisie, valeur sûre de nos temps tristes.
Caractères historiques que je méprise le plus ?
Les traîtres et les faits de trahison, de manière générale.
Le fait militaire que j’admire le plus ?
Les charges héroïques type Balaklava.
La réforme que j’admire le plus ?
Les réformes que j’admire le plus ne seront jamais votées.
Le don de la nature que je voudrais avoir ?
L’ubiquité, si c’est bien un don de la nature. Imaginez, lire deux livres en même temps !
Comment j’aimerais mourir ?
Paisiblement, dans mon sommeil.
État présent de mon esprit ?
Eveillé et frondeur.
Ma devise ?
Empruntée au prix des Hussards : «Un coup d’épée, une porte qui claque et ne jamais se soumettre ».
Un souhait pour l’avenir ?
Répondre au même questionnaire pour les vingt, puis les trente, et, soyons fous, les quarante ans du Librairtaire ! L’évolution des réponses sera scrutée à la loupe.
Dernier ouvrage paru : Michel Déon, Éditions Nouvelles Lectures, collection Duetto.