Contrairement à ce que suggère le titre, il ne s’agit ni d’un traité de poliorcétique, ni d’un manuel de stratégie. Alexis Jenni – auteur de gauche – pratique ici une autopsie romanesque et littéraire d’une génération de guerres, de la Résistance à l’Algérie en passant par l’Indochine. Heureuse surprise ! point de repentance ici – cette seconde faute à entendre Spinoza… Construit autour du dialogue entre le vétéran Salagnon et son élève, le roman donne vie avec intelligence à un choeur de personnages secondaires balayant différents points de vue historiques et opinions politiques, sans parti pris flagrant ni caricature excessive. Son héros est Victorien Salagnon, son double littéraire plus probablement le narrateur. Je vous laisse conclure sur la position de l’auteur.
Passées les 80 indigestes premières pages, Alexis Jenni redonne ses lettres de noblesse au Roman, seule Littérature majuscule – et seul sérieux, contrairement au journalisme ou aux études historiques – dans la tradition du roman balzacien en tant qu’entreprise des description de la Comédien Humaine… même quand cette dernière vire à la tragédie.