Pour me définir politiquement, j’aime assez citer le Tigre Clémenceau, revendiquant « un mélange d’anarchiste et de conservateur, dans des proportions qui restent toutefois à déterminer ». Me définissant politiquement ainsi, je n’oublie pas non plus que le même Clémenceau affirmait non sans malice que « celui qui n’a jamais été anarchiste à vingt ans est un con ; celui qui l’est toujours à quarante en est un autre ». N’insistez pas, vous ne saurez rien de mon âge réel ou supposé.
Et voilà qu’en lisant Onfray je me découvre certains aspects postanarchistes… De prime abord, Onfray n’est pas exactement ma tasse de thé. Trop médiatique, trop dogmatique, trop sûr de lui. Même si j’ai lu avec intérêt les critiques et articles relatifs à son Traité d’athéologie. Mais bon, un ami m’a offert Le postanarchisme expliqué à ma grand-mère, ça ne se refuse pas un cadeau ; et le librairtaire anarcho-conservateur ou conservato-anarchiste que je suis et que j’assume être n’a pas été déçu.
Dans une première partie intitulée Autoportrait au drapeau noir, Onfray se dépeint comme une victime de ses origines sociales modestes, revenu du marxisme, de l’anarchisme – ou des anarchismes – traditionnel(s), devenu postanarchiste par nécessité, dans le sens d’évidence. Je n’ai pas de raison de mettre en doute le fonds des choses, en revanche je note que ce qu’Onfray nous délivre de sa vie consiste essentiellement en une succession d’affronts subis en raison de sa pauvreté économique (et uniquement par des acteurs sociaux qu’il est de bon ton de critiquer, conspuer, insulter… Curés pédophiles et sadiques, patrons voyous… le tout sans aucune nuance, êtres mauvais, nécessairement nuisibles de part leur statut social. Ah, il manque l’armée tout de même… Ici Michel Onfray s’illustre parfaitement en tant qu’un de ces « mutins de panurge » si drôlement décrit par le regretté Philippe Muray…). Pas un instant notre olibrius ne se remet en question ; silence éloquent…
La seconde partie est plus intéressante. Elle consiste en une note de synthèse conciliante sur l’anarchisme, ses courants, son histoire. La transition avec le postanarchisme se fait par sa définition à travers l’exemple très pertinent de Gulliver (en bref et en caricature, l’union des lilliputiens permet de lutter efficacement contre le géant Gulliver) et une liste de pistes à exploiter, à mettre en oeuvre pour mettre en pratique le postanarchisme. Et là je me découvre postanarchiste par mon engagement associatif. Un postanarchiste qui s’ignore.
De toutes les solutions postanarchistes proposées par Michel Onfray, je retiens que définitivement, l’anarchisme comme le postanarchisme sont contraints à ne fonctionner que dans le cadre de sociétés ou de groupes humains à échelle restreinte. En ce sens, anarchistes comme postanarchistes sont condamnés à n’être que des voix discordantes (pour ne pas dire plus lucidement et plus crûment des idiots utiles) dans le concert des dogmatismes mondialisés.