
Sous ce titre taquin, d’aucuns diront provocateur, Frédéric Saint Clair, politiste et ancien conseiller de Dominique de Villepin, éclaire un concept trop souvent employé à tort et à travers, ses usagers se gardant bien de le définir, la fameuse extrême droite… Cet anathème qui évite de se battre, donc de débattre en démocratie, en disqualifiant l’adversaire a priori.
« C’est donc fort de ces trois critères que je suis revenu à l’assaut de la forteresse bourgeoise, questionnant Marie-Chantal [archétype de la bourgeoise macroniste, N.D.R.] sur les motivations cachées d’un Éric Zemmour, d’une Marine Le Pen ou d’un Éric Ciotti. Pense-t-elle sérieusement que ces trois éléments, le coup d’État, la dictature et la discrimination, puissent être conjointement présents dans l’agenda politique, fût-il caché, de ces personnalités ? Qui peut croire cela ? Qui peut croire que Marine Le Pen fomente en secret un coup d’État ? Qui peut croire que les membres du Rassemblement national rêvent d’une dictature ? Marie-Chantal a convenu avec l’honnêteté intellectuelle qu’on lui connaît qu’effectivement, au regard de ces trois critères, le terme « extrême droite » n’était pas applicable… »
Frédéric Saint Clair, p. 32-33.
Un essai riche, en partie dialogué, compréhensible par tous et (très bien) sourcé, à mettre en toute les mains qui ne se satisfont pas de l’accusation paresseuse et lancinante d’extrême droite pour tout ce qui ne va pas dans le sens du vent progressiste.
Philippe Rubempré
Frédéric Saint Clair, L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal, Éditions La Nouvelle Librairie, février 2024, 247 p.