Journal d'un caféïnomane insomniaque
dimanche avril 28th 2024

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Le dernier stade de la soif – Frederick Exley

Stade qu’on aimerait éviter d’atteindre, dans la mesure du possible. Mémoires fictifs pas si fictifs que ça, même si Exley demande expressément à son lecteur de considérer l’ouvrage comme un roman. Se lit comme un compagnonnage alcoolique, pas désagréable du tout. Nous suivons de loin un pote attachant – mais de loin, car alcoolo chronique et aigu à la fois. Exley est un romancier du mal-être qui cherche à séduire. Pas dénué de passion(s), ni bon à rien. En témoignent sa plume amoureuse des Giants et de la Littérature… cette dernière lui offrant un emploi. Les essences éthyliques alternant avec les internements en hôpital psy offrent à Exley une opportunité de décrire une jungle de personnages caractéristiques de cette Amérique fantasmée des Sixties ; défi relevé avec brio tant par l’écriture « formelle » que par la tenue et la maîtrise du texte de la première à la dernière ligne.

Exley a signé là un des textes probablement les plus représentatifs de l’Amérique des années Soixante, aussi éloigné de la légende dorée que de la légende noire. Intéressant et plaisant, mais de là à crier au génie comme l’ont fait avec précipitation les critiques de médias abonnés au genre marginal, il y a un pas que je ne franchis pas.