Journal d'un caféïnomane insomniaque
mardi octobre 15th 2024

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Bruno de Cessole, Torero de la Littérature

C1-DEFILE    Que soit ici remercié Sébastien Lapaque, généreusement coupable de m’avoir révélé Bruno de Cessole avec sa critique du Défilé des réfractaires parue dans le Figaro, si ma mémoire ne me fait pas défaut… L’Internationale des francs-tireurs constitue en quelque sorte le second volet d’un autoportrait en creux de Bruno de Cessole, un diptyque que nous pourrions baptiser Autoportrait à la Littérature, en référence à l’Autoportrait à la fourrure de Dürer ou au fameux Autoportrait à l’oreille de Van Gogh.

Bruno de Cessole est à la soif de lecture et de Littérature ce que la banderille du torero est àC1-Internationale l’excitation fatale du taureau, de la dynamite ! En tant que panier percé quant à l’achat de livres, je peux affirmer que Bruno de Cessole aura contribué à ma ruine financière, et à l’accroissement certain de ma culture littéraire et humaine. Dans son premier tome, consacré aux singuliers de la Littérature française (Aymé, Barrès, Bloy, Cendrars, Claudel, Léon Daudet, Guy Dupré, Paul Morand, Raspail, Tillinac, Vialatte ou Volkoff, entre autres…), puis dans le second consacré aux corps-francs de la Littérature internationale (Blixen, Borges, Burgess, Conrad, D’Annunzio, Harrison, Kipling, Lowry, Nin, Svevo, Woolf, Zinoviev…), Bruno de Cessole développe la plus grande qualité qui soit chez un critique littéraire, donner envie de lire. La lecture de certains portraits brossés par l’auteur implique, presque physiquement, la lecture des auteurs dépeints. Si je dois confesser un exemple personnel, je n’ai pas résisté (après lecture de l’Internationale des francs-tireurs) à l’achat des romans de Knut Hamsun réunis à la Pochothèque, exhumés par ma pomme de l’étagère poussiéreuse où mon libraire les avaient oubliés, comme en témoigne l’autocollant sur le plastique d’emballage précisant : « 169FF 145FF Jusqu’au 30 avril 1999″. Sic !

BdeCessole    Non content d’être un brillant critique littéraire – de mon point de vue, le plus brillant, avec Sébastien Lapaque, des critiques en exercice (je n’achète de temps à autre Valeurs Actuelles que pour son Parti pris) – Bruno de Cessole est un écrivain, un vrai, avec sa plume et son style, à la fois fluide et conséquent, admirable de précision dans la langue (ce qui, vous en conviendrez, devient rare). Il me tarde à présent de découvrir son oeuvre romanesque, Le moins-aimé, qui figure d’ores et déjà dans ma bibliothèque, et L’heure de la fermeture dans les jardins d’Occident, prix des Deux magots 1999.

Philippe Rubempré

Bruno de Cessole, Le défilé des réfractaires, Tempus, 2013, 584 pages, 11 euros

Bruno de Cessole, L’Internationale des francs-tireurs, L’Éditeur, 2014, 604 pages, 22 euros