Qu’il est bon de se replonger avec nostalgie dans les chroniques de Thomas Morales par une chouette matinée ensoleillée de printemps, quand de la Mayenne en contrebas de notre colline nous parviennent dès potron-minet les encouragements destinés aux kayakistes du dimanche… Morales est un médecin de l’âme, comme un whisky généreux un soir d’automne pluvieux, un vaccin contre la connerie à l’égal de Georges Brassens et Gérard Oberlé. Avec lui, on taquine la truite chez René Fallet, on roule des mécaniques de légende aux côtés d’actrices sublimes. L’heure n’est pas à la mortifère prudence, on roule vite, on boit sec, on mange les abats, on sauce nos plats, et on ne peut qu’écrire à la hussarde. Pour tous ceux qui sont en délicatesse avec l’époque, les chroniques du sieur Morales sont un baume apaisant aux accents simoninesques, un élixir de jouissance dialogué par Audiard. Susciter la curiosité et la mélancolie, ce coquetèle gai et triste à la fois à l’image de ces vins de Loire dont l’auteur se souvient dans une chronique consacrée à Jacques Perret, voilà son art. On y plonge comme dans les eaux cristallines d’un lac auvergnat lors de nos vacances adolescentes. Je viens de relire Adios. Ma journée sera chouette.
Philippe Rubempré
Thomas Morales, Adios, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016, 172 pages.