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samedi avril 20th 2024

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Fils de collabos, neveu de résistant – Jean-Pierre Cousteau

« On ne trouvera ici ni plaidoyer, ni rancune, ni procès ; seulement les souvenirs d’un homme dont le nom fut marqué au fer rouge de l’Histoire, et qui a su prendre sa vie à bras le corps pour se faire un prénom. »

Nicolas d’Estienne d’Orves (extrait de la préface).

Jean-Pierre Cousteau est le fils de Pierre-Antoine Cousteau (PAC), journaliste, polémiste, rédacteur en chef de Je Suis Partout, journal collaborationniste pendant les « heures les plus sombres de notre histoire » chères aux cendres de la Mitterrandie (aux côtés de Brasillach, Blond et Rebatet, entre autres), condamné à mort à ce titre, peine commuée en travaux forcés à perpétuité puis gracié en 1953. PAC est le frère aîné de Jacques-Yves, le célèbre commandant Cousteau, quant à lui résistant de la première heure, pourtant d’une fidélité sans faille à son frère. Voilà le contexte dans lequel s’inscrivent les souvenirs de Jean-Pierre Cousteau, fils du collabo PAC et neveu du résistant au célèbre bonnet rouge.

Jean-Pierre Cousteau retrace son parcours avec intelligence et pudeur, racontant son père, cherchant à comprendre, jamais à juger. En raison de la singularité de sa famille, l’auteur et sa sœur Françoise durent s’exiler chez leurs grands-parents en Angleterre, refusés dans toutes les écoles de la République en 1945. Paradoxalement, ce nom de famille a ouvert des portes et provoqué des rencontres riches, diverses, ingrates parfois… Jean-Pierre s’est fait un prénom en choisissant la médecine, devenu cardiologue, médecin de l’équipe de France de tennis puis de Roland-Garros.

L’auteur signe ici un portrait touchant de son père et de son oncle, le tableau d’un demi-siècle également, le deuxième du terrible Vingtième. Ses souvenirs sont suivis de morceaux choisis de la correspondance de PAC lorsqu’il était enfermé, toujours à propos de ses enfants chéris, qui donnent à voir tout le talent littéraire de PAC, toute son humanité aussi.

Enfin, une « Lettre d’un père à son fils » signée PAC et parue dans Rivarol le 17 novembre 1955 conclut l’ouvrage par d’intéressantes considérations sur l’époque et l’éducation qu’il est curieux et stimulant de lire en nos heures décadentes.

Philippe Rubempré

Pierre-Antoine Cousteau, Fils de collabos, neveu de résistant, Préface de Nicolas d’Estienne d’Orves, Via Romana, 2019, 195 p.

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