« […] Stephan Eicher est un électron libre sans frontières, ni linguistiques ni musicales. […] un artiste insaisissable, inclassable, incapable de se répéter, devenu la plus européenne des stars du rock […]. »
Sébastien Bataille, p.14.

Après Jean-Louis Murat l’Auvergnat et Hubert Félix Thiéfaine le Jurassien, Sébastien Bataille est de retour avec une nouvelle biographie musicale, clôturant sa trilogie « Ours des montagnes », avec Stephan Eicher, l’« Helvète underground » (surnom renvoyant autant aux débuts du chanteur suisse dans le milieu underground qu’au célèbre Velvet emmené par Lou Reed et à… Alain Bashung, dont l’album Passé le Rio Grande s’ouvre sur le titre « Helvète underground »). Il s’agit aussi, précisons-le, de la première biographie consacrée à Stephan Eicher.
Tout comme pour Animal en quarantaine, sa biographie de Thiéfaine, Bataille offre un travail fouillé, riche de témoignages, et critique. Ce qui tombe bien, de la part d’un critique musical… Il ne verse ni dans le sensationnel, ni dans la louange, ni dans l’exécution. Cet équilibre sain autorise les néophytes qui, comme votre serviteur, ne connaissent de Stephan Eicher qu’un ou deux tubes entendus ici ou là à la radio, à se faire une opinion affinée et à se laisser convaincre.
Du chanteur suisse aux origines yéniches, nous retiendrons une sincérité totale et une propension à se laisser porter par les vents de l’instant, sans calcul. Sa carrière s’étoffe de nombreuses collaborations, dont celle avec l’écrivain Philippe Djian depuis un grand nombre d’années, et qui a débouché sur des tubes tels que « Rivière » ou « Déjeuner en paix » ; ou celle avec l’écrivain suisse Martin Sutter (dont je vous recommande la lecture, notamment celle des aventures de son gentleman cambrioleur Johannes Friedrich von Allmen), auteur de trois titre sur l’album Eldorado.
D’une plume agréable, Sébastien Bataille nous invite à la (re)découverte de Stephan Eicher, avec une force de conviction qui suscite notre curiosité mélomane. Après lecture, il me tarde de plonger dans l’univers de l’helvète underground en commençant par Hôtel.S, son « best-of », et ses deux chefs d’œuvre, Engelberg et Carcassonne.
Philippe Rubempré
Sébastien Bataille, Stephan Eicher, préface de Rodolphe Burger, Éditions de L’Archipel, juin 2025, 299 p.