La Littérature à balles réelles – Bruno Lafourcade
« La retenue et la modération ne sont pas de mise dans une cause excellente »
Cicéron

Voilà un essai critique qui porte bien son nom ! Lafourcade tire en effet à balles réelles et au gros calibre sur les fausses gloires et les potiches écrivant.e.s. qui polluent librairies et médias. Mais Lafourcade aime aussi ; il admire ; et il l’écrit. Remarquablement. Enfin, contrairement à ses « victimes », Lafourcade ne s’épargne pas. Il est lucide, et cela lui confère à notre avis certains droits, notamment celui de mettre les pieds dans le plat et du 357 Magnum dans les plumes d’Annie Ernaux ou J.M.G. Le Clézio (je partage l’aversion de l’auteur pour ces baudruches bien-pensantes sans l’ombre du quart de l’once d’un nano-talent littéraire).
Bruno Lafourcade est romancier (L’Ivraie, paru chez Léo Scheer, ou Le Hussard retrouve ses facultés chez Auda Isarn, liste bien entendu loin d’être exhaustive), mais je le connais surtout comme chroniqueur, ou plus exactement, portraitiste de son époque, dans les colonnes d’Éléments. C’est une des plumes de cette digne revue diffamée par les imbéciles et les illettrés qu’on attend avec impatience tous les deux mois.
Sa Littérature à balles réelles est cruelle, parfois, juste souvent ; quand bien même nous serions moins sévère que lui quant à certaines de ses cibles… Mais c’est une lecture réjouissante, absolument, et écrite avec style. C’est racé et drôle, sans attaque ad hominem (Lafourcade n’est vraisemblablement pas de gauche, et ne connaît aucun des auteurs cités personnellement). Son tour de force : donner une furieuse envie de lire ceux qu’il aime ; et laisser son lecteur apprécier les autres, en lui offrant toutes les références le lui permettant.
À mettre entre toutes les mains qui apprécient la Liberté, la Littérature et la Disputatio.
Philippe Rubempré
Bruno Lafourcade, La Littérature à balles réelles, Jean-Dézert Éditeur, mars 2021, 100 p.
Lectures avril
- Gully Travers – Alex Varenne
- Vous avez dit bizarre ? – Alain Bonnand
- Linda aime l’art – Philippe Bertrand
- Touche pas à mon corps – Frémond
- Prendre la route. Une philosophie de la conduite – Matthew B. Crawford
- La société malade – Jean-Pierre Le Goff
- Justine – Guido Crepax, d’après le Marquis de Sade
- La Belle Éplorée et autres histoires – Leone Frollo
- L’Aventure, le choix d’une vie – Collectif, préface de Patrice Franceschi
- Ego Transfert – Gérard Leclaire, dialogues A. Vatel
- Putain de télé – Stan & Vince
- Le jour d’après. Ce que je ne savais pas… et vous non plus – Philippe de Villiers
- Évangile – Saint Luc
- Nécron. Les Femmes Araignées – Magnus
- Édom (L’éternel Adam) – Jules Verne
- Ranx – Liberatore & Tamburini
- Marc Edito : l’information d’abord – Piotr
- Locas – Jaime Hernandez
- Rose profond – Jean-Pierre Dionnet & Michel Pirus
- La Survivante – Paul Gillon
- Les 110 pilules – Magnus
- Raskar Kapac L’Anthologie II – Maxime Dalle, Yves Delafoy, Archibald Ney
- La machine à explorer le temps – H.-G. Wells
- Y a plus de jeunesse – Franck Margerin
- Jeanine – Reiser
- Ranx 2. Bon anniversaire Lubna – Liberatore & Tamburini
- Pinochia – Gibrat & Lai
- Lisa Bay – Denis Sire
- Tueur de cafards – Tardi & Legrand
- La Marque du péché – Trillo & Domingues
- Gwendoline en course pour la Gold Cup et autres raretés – John Willie
Ab hinc… 299

« Nous ne changerons pas le monde, il ne faut pas se faire d’illusions, ce n’est pas nous qui changerons le monde, mais le monde ne nous changeras pas. » – Jean Mabire
Cité par Olivier François, « Les royaumes de Pierre-Guillaume de Roux. La littérature comme combat », in Éléments, n°189, avril-mai 2021, p.53.
Ab hinc… 298

« La liberté, nous dit-on, est totale en Occident. Liberté de chien docile qui agite sa petite queue démocratique. La démocratie à l’américaine accouche de petits hommes médiocres, convaincus de penser avec justesse, libres de s’empiffrer, de consommer à outrance, de se gaver de programmes télévisuels débiles, libres de raconter leurs turpitudes psychologiques à des psychologues véreux et, surtout, libres de vivre à travers leur téléphone – nouvel organe tyrannique, plus détraqué encore qu’un sexe d’homme ! – un divertissement sans fin. » – Maxime Dalle, « Raskar en Goguette – Le diable yankee »
in Raskar Kapac n°17, « Raskar sur les traces d’Héliogabale avec Antonin Artaud », repris dans L’Anthologie II, éditions du Rocher, 2020.
Ab hinc… 297

« Ceux qui sont pour l’obligation du port du masque sous-estiment grandement le fait que le masquage est un prélude à la vaccination, qui est elle-même un prélude à l’identification numérique puis au traçage humain qui s’ensuivra naturellement, avant de nous conduire en très peu de temps à l’ère transhumaniste, introduite par l’analyse en temps réel de tous nos gestes, actes, déplacements et rencontres par des programmes, qui sont ma spécialité. Or, cette perspective est à mes yeux bien plus grave que n’importe quelle bombe atomique ou guerre mondiale. » – Philippe Guillemant, cité in Philippe de Villiers, Le Jour d’après, Albin Michel, 2021.
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Philippe Guillemant est ingénieur, docteur en physique habilité à diriger des recherches, et exerce au CNRS. Site Internet : http://guillemant.net/
Philippe de Villiers emprunte la citation à un billet d’humeur publié par Guillemant dans la revue Nexus : https://www.nexus.fr/actualite/billet-dhumeur/philippe-guillemant-transhumanisme/