Une plateforme pétrolière quelque part en mer du Nord. La tempête s’annonce, elle arrive, elle gronde. Son souffle rugit quand Jo Petitpas, le patron, est informé d’une fuite en profondeur. Il faut plonger. Pas n’importe comment ; pas n’importe qui. La compagnie envoie un hélicoptère avec trois de ces plongeurs de l’extrême, de ceux dont Petitpas fut un précurseur en son temps. Il retrouve ses deux complices de l’époque, Dorian et Kéradec, accompagné d’un jeune loup blagueur surnommé le Môme. Le matériel suit, caisson et cloche étanches pour descendre à 200 mètres réparer. Tout irait pour le mieux dans le plus viril des confinements si une potacherie n’avait dégénéré et qu’un accident n’avait jeté son fer dans cette plaie encore saignante…
Lire ce premier roman de Marc Menant a quelque chose de cocasse à l’heure où l’on se plaint d’un inefficient confinement à prétention prophylactique – avant tout cruel révélateur de l’impéritie de la gestion financière de ce qui ne s’achète ni ne se vend, santé et sécurité au premier chef des préoccupations de nos contemporains, hélas. Car sur une plateforme pétrolière, vous êtes confinés à la dure, boulot ingrat et dangereux, sans alcool, sans clopes (en théorie, du moins), sans femmes. Ce confinement qui devient encore plus oppressant pour les plongeurs qui passent de caisson en cloche pour amerrir par 200 mètres de fond ! Et personne pour geindre. On fait ce qu’on doit, sans attendre de reconnaissance ou de remerciements.
D’une plume allègre et enlevée, Menant déroule une Aventure humaine dans laquelle la vie et la mort, la sincérité et la dissimulation, les apparences et le réel soumettent à rude épreuve les nerfs et la fraternité entre les hommes. L’écrivain signe un roman régénérant sur l’honneur, l’amitié, l’engagement. Autant de vertus qui ne sont plus en odeur de sainteté en Macronie, et de fait, au moins depuis l’avènement de la funeste Mitterrandie.
Philippe Rubempré
Marc Menant, Les Mercenaires de la mer, Éditions France-Empire, 1982, 156 p.