Parue en 2011 chez Tallandier, cette Histoire des Mercenaire de 1789 à nos jours signée Walter Bruyère-Ostells rend hommage à ces soldats de fortune – et souvent, soldats d’infortune, comme le dit Alain Sanders –, deuxième plus vieux métier du monde.
Partant de la rupture que fut la Révolution française pour le mercenariat, l’historien évoque les différents types de soldats de fortune, les conflits dans lesquels ils se sont illustrés. Bien entendu, l’ouvrage est riche de portraits de mercenaires de légende, de Garibaldi aux « Affreux », Bob Denard ou Rolf Steiner… Bruyère-Ostells ne se borne pas à « raconter » l’histoire des mercenaires ; il explore leurs motivations, de l’aventure à l’appât du gain en passant par les convictions politiques, anticommunisme au premier chef. Il remet en perspective historique le mercenariat, et le replace dans son actualité, avec ses enjeux. De ce point de vue, une édition mise à jour serait bienvenue compte-tenu des évolutions géopolitiques depuis 2011.
Cette Histoire des Mercenaires se dévore comme un bon polar. Tout y est, à commencer par l’Aventure. Les portraits sont savoureux, le récit des épisodes célèbres également. On se prend à rêver de barouds au soleil ; on se dit qu’il est temps de revoir Dark of the Sun (Le dernier train du Katanga, Jack Cardiff, 1965) ou de relire Les Mercenaires de Lartéguy ; qu’on chinerait bien les mémoires de Mister Bob ou de Frank Hugo… On est ému, fasciné et respectueux à l’évocation de l’Honneur des légionnaires de Camerone.
En bref, cette Histoire des Mercenaires éclaire une profession trouble, à la fois enviée et méprisée, et la remet en perspective dans l’histoire et le présent, tout en se lisant comme un roman. Une réussite !
Philippe Rubempré
Walter Bruyère-Ostells, Histoire des Mercenaires, Tallandier, 2011, 271 p.