Castigat ridendo mores…
La chaîne You Tube de Baptiste Marchais, Bench & Cigars, propose ce jeudi 21 octobre 2021 une vidéo intitulée « On met des journalistes en PLS… ». Il s’agit pour Marchais, Papacito, Julien Rochedy et Georges Jordi (VA+) de répondre à un épisode de l’émission Arrêt sur images de Daniel Schneidermann qui leur était consacré. Sans revenir sur ladite émission dans son intégralité, j’ai été stupéfait du fait que le journaliste de Marianne (un hebdomadaire pour lequel j’ai habituellement une certaine estime) présent sur le plateau critique (c’est son droit le plus absolu) la bande-dessinée FDP de la Mode, scénarisée par Papacito et dessinée par Marsault, sans même l’avoir lue (n’est-ce pas problématique?). Si cela avait été le cas, il n’aurait pas commis un contresens énorme et flagrant quant au personnage dessiné en couverture du premier tome, Enculés, va !. Voici donc ma réponse à cette absence de professionnalisme, à cette démarche contraire à la déontologie journalistique, à ce gant jeté à la face de la charte de Munich…
Je suis le travail de Marsault depuis plusieurs années. Je l’ai chroniqué à l’occasion, ai défendu son droit à la libre expression dans un article paru dans ces pages le 26 janvier 2019, et intitulé « Ce qui est valable pour Charlie doit l’être pour Marsault ». C’est par l’intermédiaire de ce dernier que j’ai découvert Papacito et ses livres (et non via son travail de « youtubeur », n’étant pas un grand amateur de réseaux dits sociaux, que je fuis en général comme la peste). J’ai donc lu les deux tomes parus de FDP de la Mode, qui s’ils sont violents, sont loin de la caricature de « facho » assénée sans autre argument dans une certaine presse dite bien-pensante.
FDP de la Mode est d’abord une bande-dessinée, un divertissement qui se rit des travers de notre triste époque pour mieux les dénoncer. Du Fluide glacial, du Charlie, du Hara-Kiri, tendance droitarde, et alors ? Depuis quand l’humour est-il l’apanage, la chasse gardée de la gauche ? Certes, dans les années 1970, la gauche brillait dans ce domaine avec des génies comme Cabu, Reiser ou Gotlieb, pour m’en tenir à la bande-dessinée, mais cette époque est bel et bien révolue. Actuellement, la gauche en perte de magistère moral et intellectuel en est réduite au ricanement et à l’entre-soi médiatique, à défaut de réel poids politique et social. Celle qui châtiait autrefois les mœurs en riant est devenue la victime de son propre aveuglement idéologique. Dieu se rit de ceux qui redoutent les effets dont ils chérissent les causes, sermonnait à juste titre le grand Bossuet…
Alors, que trouve-t-on de si scandaleux dans FDP de la Mode ? Une dénonciation des « racailles » (expression empruntée à Nicolas Sarkozy, 2007-2012) de banlieues (donc pas de toute la population de banlieues) auxquelles le contribuable offre aides sociales, financières, passes-droits pour les grandes écoles… et qui vous mordent la main et vous insultent en retour ? Raciste, disent-ils… en oubliant que le vrai racisme, c’est la complaisance à l’égard de ces individus considérés comme victimes pures et éternelles de la France ; en oubliant que les auteurs défendent l’honneur de la mère qui travaillent sans compter ses heures et pour un salaire de merde pour payer des Nike à son gamin qui la méprise, et qui n’en branle pas une, conneries mises à part ; en oubliant qu’ils défendent l’honneur du père resté au bled et qui n’a jamais éduqué ainsi sa progéniture. Dénonciation aussi du deux poids, deux mesures de l’aide aux populations fragiles. Le Blanc alcoolo de plus de 50 ans peut aller se faire foutre, lui venir en aide n’est pas bankable. Il ne compte pas, pas de storytelling possible pour un mâle hétéro non-racisé… Caricatural ? C’est le principe de cette bande-dessinée. Il n’en reste pas moins que la caricature se fonde sur la réalité, qu’elle amplifie démesurément. Une caricature hors-sol fait pschittt, elle débande, elle tombe à l’eau.
Par ailleurs, je m’interroge. La gauche est venue au secours de Fromet, qui a intelligemment chanté « Jésus est pédé » ou « Elle a brûlé la cathédrale », en prenant le risque (gigantesque) d’affronter le terrorisme catholique. Fromet a donc le droit d’user de la caricature. Durant la grande époque des années Canal+, les Deschiens crachaient quotidiennement à la gueule du populo sous prétexte de caricature. La gauche ne trouve rien à y redire. Les Deschiens ont donc le droit d’user de la caricature. Pourquoi donc Papacito et Marsault ne pourraient-ils pas bénéficier de ce même droit ?
Avec FDP de la Mode, Papacito et Marsault frappent souvent juste, ainsi sur le cinéma français, l’hypocrisie des politiciens (que je ne confonds pas avec les hommes d’État), la bourgeoisie, l’antisémitisme rabique de Soral, le rejet de la France par une partie de la jeunesse française issue de l’immigration… Il faut être d’une sacrée mauvaise foi, ou d’une sacrée volonté de nuire, pour prendre au premier degré cette bande-dessinée. Ce n’est fait par une certaine gauche que dans le but d’ostraciser, d’insulter, de condamner. Et dans le cas de ladite émission, et du journaliste de Marianne en question, de le faire a priori.
Alors, plutôt que d’écouter les fatwas des gauchistes qui ne se sont même pas donné la peine d’ouvrir les bouquins qu’ils critiquent avant de chier sur la gueule de leurs auteurs, faites preuve d’intelligence : lisez-les et faites vous votre propre opinion. Vous pouvez détester ces ouvrages, les trouver choquants, abjects, odieux… une fois, et seulement à cette condition sine qua non, que vous les aurez lus.
Pour ce qui me concerne, je relis régulièrement les deux tomes de FDP de la Mode, et je ne sache pas que je sois devenu un affreux fâââââssssssiste ou un raciste bas de plafond.
Philippe Rubempré
Marsault & Papacito, FDP de la Mode #1 Enculés, va !, Éditions Ring, 2018.
Marsault & Papacito, FDP de la Mode #2 L’ultime croisade, Éditions Ring, 2019.