Dans sa préface à l’édition intégrale d’Ombre & Lumière, l’auteur Parris Quinn explique vouloir écrire des récits érotiques et les illustrer sans sacrifier une dimension par rapport à l’autre. Et de fait, les dix-sept nouvelles qui composent son œuvre sont d’une grande tenue littéraire – chose suffisamment rare pour être soulignée dans un univers largement pollué par la lumpen-production masturbatoire. Dix-sept histoires d’un réalisme sans fard. Leur inspiration est ancrée dans la vie et les témoignages recueillis par l’auteur, conférant à l’ensemble une vraie crédibilité (à l’exception toutefois de la dernière histoire, trop onirique et flattant les « tendances » des paraphilies à la mode).
Chaque récit est illustré par l’auteur, en noir et blanc exclusivement, manifestant une belle maîtrise des contrastes : l’œuvre n’est pas baptisée Ombre & Lumière sans raison. Parris Quinn revendique et les techniques propres aux beaux-arts, et l’influence du Caravage et du Titien. Son dessin est aussi réaliste et cru que le sont ses textes.
Quoique profondément érotique et excitante, ne se refusant aucun détail explicite, Ombre & Lumière est une œuvre exempte de toute forme de vulgarité, de pornographie au sens propre du terme – sauf à considérer la bagatelle comme étant en soi vulgaire. De la belle ouvrage, à réserver à un public averti. Les esthètes apprécieront, à n’en pas douter.
Philippe Rubempré
Parris Quinn, Ombre & Lumière – édition intégrale, Dynamite, coll. Canicule, 2019, 272 p.