Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi septembre 18th 2025

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Les Manoeuvres d’Automne – Guy Dupré

Étrange titre pour des manoeuvres non moins étranges… Pas vraiment un roman, pas complètement des mémoires… Livre de souvenirs et d’histoire sans être historique. Le Vingtième Siècle revu par Dupré à travers des portraits qui en sont sans en être réellement. Pas de notice biographique, jamais, mais l’impression d’avoir côtoyé, avec Dupré, Sunsiare de Larcône, Barrès père, fils et petit-fils, ou encore Weygand depuis toujours. À travers des rencontres, Dupré nous raconte son siècle littéraire, politique, militaire. Subjectif et iconoclaste – les lignes concernant le Général de Gaulle sont édifiantes – Dupré a la plume qui fait mouche ; il manie l’esprit comme on tire le fleuret.

Résumer son livre ne présenterait que peu d’intérêt : cela reviendrait en définitive à redire en moins bien le propos de Dupré. Son livre est trop personnel pour être abîmé par un résumé. Il rend un hommage diaphane à ceux qui ont compté pour lui ; il règle leur compte à d’autres, pourtant adulés, mais pas par lui. L’honneur et le respect de la parole donnée sont au coeur de ces vita contemporaines et pourtant déjà oubliées de beaucoup, pour la majorité en fait.

Les Manoeuvres d’Automne sont à ranger dans votre bibliothèque quelque part entre Bruno de Cessole et Jean-Claude Pirotte.

Chronique inachevée le 4 janvier 2015.

Lectures décembre

  1. L’île au Trésor – Robert Louis Stevenson, adaptation & scénario Christophe Lemoine, Dessins Jean-Marie Woehrel, Couleurs Patrice Duplan
  2. Voyage au centre de la terre – Jules Verne, adaptation & scénario Curd Ridel, dessins Frédéric Garcia, couleurs Jacky Roberts
  3. Quand je serai grand je serai mort – Nicolas Liau
  4. Linda aime l’art – Philippe Bertrand
  5. Vingt ans après – Alexandre Dumas
  6. Les aventures de la Petite Chevalière – André Hodeir
  7. La Chevalière et le panache blanc – André Hodeir

Ab hinc… 144

« Qu’importe le nom ? Je suis peut être une parole ;

je ne dois tendre qu’à me prononcer ;

le reste ne me regarde plus. »

Villiers de l’Isle Adam

Expressions pervers – Pont de Veyle

Libre poète en quête d’absolu

Nous savons de celui qui dissimule sa véritable identité sous le pseudonyme de Pont de Veyle qu’il a composé ses poèmes entre l’âge de 19 et celui de 21 ans, à l’aune d’un parcours chaotique de l’adolescence à l’âge adulte. En effet, la courte notice biographique de quatrième de couverture nous apprend qu’ayant abandonné ses études de lettres pour s’engager dans l’infanterie de marine, il en déserte pour reprendre des études de sociologie et d’éthologie…

Ce recueil intitulé Expressions pervers nous dresse le portrait d’un  poète libre, en quête d’un absolu qu’il semble ne jamais devoir atteindre, ni dans ses rêves virant souvent au cauchemar, ni avec les femmes… Seule, parfois, une flammèche d’espérance point avec une coloration religieuse. Tout au long de son oeuvre, le poète apparait en quête d’une légitimité –

La chose la plus laide de ma vie que j’ai dû

accomplir

C’est d’écrire noir sur blanc ma peine d’être

médiocre

Etre médiocre toute sa vie, sans aucune émotion

Quand on ne vit que pour elle, c’est pire qu’une

prison

– une légitimité intime, lui face à lui-même. Une légitimité personnelle qui lui permette d’affronter le monde, ce monde hostile face auquel sa liberté devient un poids impossible à gérer, une angoisse existentielle totalitaire.

Tout n’est cependant pas morbide ni noir chez Pont de Veyle. Il conserve au fil de sa poésie une capacité d’étonnement, d’émerveillement et d’admiration pour la nature, la femme, ou encore Notre-Dame de Paris

Gigantesque miroir de l’amour des hommes

(…)

Mais ici bas, perdu au milieu des mortels

J’ai peur de flétrir mes imprudentes ailes

Des nefs à l’autel, des icônes au dôme

Dieu est là et on admire les hommes

 

À travers sa poésie, Pont de Veyle questionne et se questionne pour aller de l’avant, pour exercer ce dur métier d’Homme baptisé Liberté. Il rend hommage à ses guides terrestres et spirituels, célèbre la Beauté et défie la fange haineuse et malfaisante de ce bas monde.

Sans doute le poète n’atteindra jamais cet absolu qui l’obsède et auquel il aspire, mais il offre sa poésie comme outil de questionnements pour réfléchir à ce que nous sommes, à ce qu’intrinsèquement nous sommes, à notre destination finale, à nos vies, à notre destin personnel et commun. In fine, Pont de Veyle pose et tente de répondre à une interrogation essentielle que nous pourrions reformuler en empruntant à Audiard père une de ses expressions, que faire de notre Liberté pour éviter le Terminus des Prétentieux ?

Retrouvez cette chronique sur le Salon Littéraire.

Ab hinc… 143

« Nous savons où mène la dictature, même la mieux intentionnée : à la mort de la révolution. » Kropotkine

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