Journal d'un caféïnomane insomniaque
samedi juin 3rd 2023

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Introït

On n’écrit pas parce qu’on a quelque chose à dire mais parce qu’on a envie de dire quelque chose.

E.M. Cioran, Ébauches de vertige, 1979.

 

Ab hinc… 339

« La république impériale américaine a raison, de son point de vue, de pratiquer son soft-impérialisme. Il importe de nous responsabiliser, de retrouver le goût de la puissance. Les faibles sont hargneux, les forts, impérieux. Chaque peuple est acteur de lui-même. Il mérite ce qui lui arrive. » – Guillaume Faye, L’Archéofuturisme, Iliade/L’AEncre, 2023.

Courage ! Le manuel de guérilla culturelle de François Bousquet

Comment résister à la folie déconstructionniste – destructrice, en vérité – de notre triste époque ? Comment stopper les rouleaux compresseurs du wokisme et du Grand Effacement ? Pourquoi si, en tout cas d’après les médias de grands chemins, les enracinés ont « gagné la bataille des idées » et sont majoritaires, cela ne se traduit-il pas politiquement ? C’est à ces questions, et d’autres encore, que François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments et directeur de la Nouvelle Librairie, entend répondre et esquisser des solutions. Ou plus exactement, une solution ; qui tient en un seul mot : Courage !

S’appuyant notamment sur les figures de Soljenitsyne et Gramsci1, Bousquet s’emploie à décortiquer pourquoi et comment le gauchisme culturel (l’expression est du sociologue Jean-Pierre Le Goff, je crois), véritablement civilisationnicide, écrase tout sur son passage lors même qu’il est ultra-minoritaire (ce n’est après tout qu’une maladie infantile de la gauche qui métastase, pour paraphraser Lénine). Il en explique les mécanismes et montre comment lutter. Le grand écrivain et dissident russe a, dans un discours à Harvard resté fameux2, constaté et analysé ce Déclin du courage, et donné des clés pour l’affronter. Bousquet en développe deux : le refus absolu du mensonge3 et l’élimination des « mouchards ». S’appuyant sur Sun Tzu4, il nous enjoint à la guérilla culturelle, à cette guerre de mouvement asymétrique et imprévisible qui permet de faire bouger la fenêtre d’Overtone et de reconquérir le terrain des idées, préalable à toute action politique conséquente.

Le « manuel de guérilla culturelle » proposé par François Bousquet n’implique pas nécessairement une symbiose intellectuelle avec l’auteur. C’est une œuvre d’intelligence, très bien écrite – et drôle à bien des égards, Bousquet tirant l’ironie comme Cyrano son épée – qui remet la civilisation et le bien commun au cœur des préoccupations, à l’opposé des idéologies mortifères et des lubies assassines de la technoscience, de la finance et du wokisme conjugués.

Courage ! est une œuvre d’espérance, loin du pessimisme ambiant, mais sans béni-oui-ouisme pour autant. Œuvre lucide, qui ne manque pas de mettre à l’honneur Le samouraï d’Occident, Dominique Venner, pour qui « exister, c’est combattre ce qui me nie. Être un insoumis (…) cela signifie être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre ». Pour cela, François Bousquet nous invite à faire preuve de Courage !

Philippe Rubempré

François Bousquet, Courage ! Manuel de guérilla culturelle, éditions La Nouvelle Librairie, 2019, 250 p.

11891-1937. Écrivain et philosophe communiste italien, théoricien du combat culturel.

2Alexandre SOLJENITSYNE, « Vivre sans mentir », in Révolution et mensonge, Fayard, 2018.

3Nous pouvons ici rapprocher Soljenitsyne de Péguy qui écrivait : « Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » ; ou encore : « Celui qui sait la vérité et ne gueule pas la vérité se fait le complice des menteurs et des faussaires. »

4SUN TZU, L’art de la guerre, trad. Du chinois par le père Amiot, Mille et une Nuits, 2000.

Lectures avril

  1. Histoire d’une falsification. Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif – Jean-Marc Berlière, Emmanuel de Chambost, René Fiévet
  2. Éloge de la force – Laurent Obertone
  3. O.S.S.E.X Ottawa que je m’y mette – Rod Gray
  4. Squeak the mouse revival – Mattioli
  5. Le Magasin des accessoires – Arnaud Bordes
  6. Le Hussard ne perd pas le Nord – Bruno Favrit
  7. Rouge et jaune pour le Hussard – Thierry Bouclier
  8. Docteur Geikil & Mister Hussard – Pierric Guittaut
  9. Le Hussard porte le shako – Jean-Claude Sacerdot
  10. Le Hussard et le Dragon – Jean-Michel Conrad
  11. Le Hussard et le cadavre de l’île d’Yeu – Thierry Bouclier
  12. Erreur mortelle – Philippe Randa
  13. Pinocchia – Jean-Pierre Gibrat & Francis Leroi
  14. Des immortelles pour mademoiselle – Ange Bastiani
  15. Meurtre à Canton – Robert Van Gulik
  16. Teens at Play #1 – Rebecca
  17. Tunnel – André Ruellan
  18. Mendiants et orgueilleux – Albert Cossery

Vivre autonome – Salsa Bertin

Chacun de nous a l’image en tête du survivaliste ricain surarmé et défendant son bunker dans l’attente de l’Apocalypse… Aux antipodes de cette version Rambo quelque peu caricaturale du courant survivaliste, Salsa Bertin, entre autres journaliste gastronomique, se propose avec Vivre autonome. Le survivalisme à la française de nous guider dans cet univers autonomiste, en en expliquant tenants et aboutissants. Son ouvrage tient donc à la fois de l’essai, du guide et du manuel pratique. Très structuré, doté d’index et d’une table des matières détaillée, il est facile d’approche, tant pour une lecture cursive que pour une consultation ponctuelle et précise.

Dès son avant-propos, Salsa Bertin singularise le survivalisme à la française, qu’elle a à cœur de distinguer de son cousin d’outre-atlantique, et qu’elle préfère nommer autonomisme. Dans la version française, l’homme reste un animal social ; l’autonomie ne rime pas avec l’autarcie. Ainsi, l’entraide, le partage ou encore la gratuité sont des valeurs cardinales du mouvement autonome à la française. L’homme ne peut s’en sortir seul.

Pourquoi Vivre autonome ? L’auteur prend soin de constater les insuffisances de nos gouvernants et les incohérences du système capitaliste financier globalisé, ainsi que toutes les attaques virulentes qui en découlent, contre nos libertés, notre santé, la nature, la vie humaine… Elle relève non sans une certaine jouissance ironique quelques réalités contemporaines bien concrètes que la science-fiction avait prédites, que ce soit en termes de technosciences ou de sécurité et de libertés (les récentes réécritures wokistes des œuvres de Roald Dahl ou d’Agatha Christie attestent que le roman 1984 de George Orwell se concrétise sous nos yeux, sans que ça ne dérange grand monde, d’ailleurs – et hélas !). Salsa Bertin en conclut à la nécessité – ou du moins, à la profonde utilité et à la grande pertinence – d’un mode de vie autonome, en accord avec la nature et la biologie, écologique au sens propre du terme.

S’en suivent les chapitres et pages pratiques constituant un véritable guide, avec références techniques et bibliographiques. De très nombreux aspects sont abordés, de la maison autonome à la gastronomie, du jardinage à l’eau potable, et viennent utilement enrichir vos connaissances et compétences, donc augmenter votre liberté, votre capacité à penser et agir par vous-même.

Tout l’intérêt de l’ouvrage de Salsa Bertin est de présenter un mode de vie sain, économique et écologique, accessible à tous à des degrés divers. Il sera utilement complété pour la réalisation concrète de votre base autonome durable du guide de référence de Piero San Giorgio, Survivre à l’effondrement économique (Culture & Racines, 2020, préface de Michel Drac). Loin d’un mouvement extrémiste « anti-système », le mode de vie autonome défendu avec talent par Salsa Bertin s’inscrit dans la vie et est ancré dans la société ; il rayonne par l’exemple qu’il diffuse. Il reste peu apprécié des autorités, qui ne manquent pas de lui chercher des poux car c’est un mode de vie qui vous rend vos libertés, si ce n’est votre liberté, en vous permettant en toute légalité d’échapper un tant soit peu aux diktats politiques, économiques ou sociétaux du temps. Le mode de vie autonome ne menace en rien, n’en déplaisent à certains, la démocratie, ce régime qui est, parait-il, le pire à l’exception de tous les autres (ce dont, à titre personnel, je doute de plus en plus, au regard de l’expérience et des perspectives…).

Philippe Rubempré

Salsa Bertin, Vivre autonome, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, 2023, 263 p.

Xavier Eman moraliste

Serait-il le nouveau La Rochefoucauld (célèbre auteur des Maximes, prénommé François) ? Avec Hécatombe (Éditions de la Nouvelle Librairie, 2021, préface de David L’Épée, illustrations de Gallic), Xavier Eman, rédacteur en chef de l’excellente revue Livr’arbitres et chroniqueur au magazine Éléments, entre autres, nous livre ses « pensées éparses pour un monde en miettes ». Il se montre tantôt grave, tantôt ironique, piquant souvent, radical au sens premier du terme, et toujours juste pour porter l’estocade à notre monde, ne s’épargnant pas plus que ses amis politiques ou ses adversaires. Un La Rochefoucauld contemporain qui ne compte pas pour rien, moraliste drôlatique et percutant tant dans ses scènes croquées sur le vif que dans ses réflexions jetées comme des peunchelaïnes, comme on dit dans cet affligeant et omniprésent globish.

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