Amour dans une petite ville – WANG Anyi
Roman traduit du Chinois par Yvonne André
Roman d’amour. Le titre est explicite. Roman sur la Chine de la Révolution Culturelle. Roman sur la danse surtout. Quand la danse vous émeut sans assister à une représentation. La danse, vecteur amoureux, nécessaire moyen de survie dans le dénuement extrême des arcanes du maoïsme réel.
Danse. Il est trop petit. Danse. Elle est trop forte. Danse. Travail acharné. Danse. Complicité. Danse. Faute. Danse. Amour physique. Danse. Amour avec un grand A. Danse. Violence. Danse. Spirale des coups. Danse. Amour toujours. Toujours danse. Danse. Mais jusqu’où ?
L’écriture de WANG Anyi est vivante. Sobre, ciselée. Pas un adjectif de trop ; pas un qui manque. Une écriture orientale, pas orientaliste. Sensible et sensuelle. Vibrante. Vécue.
Ce roman a choqué lors de sa sortie en Chine. Les bonnes mœurs du pays de Mao n’ont rien à envier à notre bonne morale judéo-chrétienne.
Un regard sur l‘amour, sur la danse. Un regard sur la vie. Essentiel.
Chronique à retrouver sur le Salon Littéraire.
Un mal sans remède – Antonio Caballero
(Sin remedio, Traduit de l’Espagnol – Colombie – par Jean-Marie Saint-Lu.)
Et dire qu’il a fallu 25 ans pour qu’enfin ce chef d’œuvre colombien soit traduit en Français. Cette histoire pourrait être vraie, Escobar avoir réellement vécu à Bogota dans les années 60 – Ignacio, pas Pablo. Peut-on être un poète maudit en vivant des rentes de sa bourgeoise de mère et en fréquentant une infinie quantité de produits plus ou moins dérivés du Capital, des Thèses d’avril et du Petit livre rouge ? A lire Caballero, c’est non seulement possible, mais c’est une étrange maladie, un Mal sans remède, la difficulté à être poète, à être écrivain dans la société colombienne de 1960, dans notre économie capitalisto-mondialisée… Quelle est la place du poète dans la société ? Le poète est-il essentiellement maudit ?
A ces questions fondamentales Caballero greffe une intrigue politico-policière avec une vertigineuse exploration de la nuée des mouvements marxistes des années 60. Ignacio Escobar, notre poète, quitte son appartement bogotien après une dispute avec sa compagne Fina et plonge dans la nuit agitée de la capitale colombienne… Après une rixe dans un bar, il est persuadé d’avoir tué Edan Moran Martin, autre poète. Ainsi commence ce roman d’amour, ce roman d’aventures, ce roman politique, cette nécessaire et extraordinaire introspection sur le rôle du poète, de l’écrivain dans nos sociétés contemporaines.
570 pages de bonheur captivant. Vous n’en sortirez pas indemne !
King Kong théorie – Virginie Despentes
Grande nouvelle ! L’auteur de Baise-moi n’est pas qu’une pute sans cervelle. Et Baise-moi ne se limite pas à de l’ultra-violence teintée de pornographie tendance gonzo-crado. King Kong Théorie permet de comprendre l’œuvre de Virginie Despentes. Le « scandaleux et sulfureux » – j’insiste sur les guillemets – Baise-moi, mais aussi Bye bye Blondie ou les nouvelles de Mordre au travers.
Je suis un mec, il m’est a priori difficile, réflexes de genre obligent, de chroniquer la King Kong Théorie de Virginie Despentes sans préjugés politiquement construits par mon éducation de middle-class catho (7 ans chez les curés, ça ne laisse pas indemne). Et pourtant, bien plus que tout les discours pseudo-féministes autorisés dans les médias de masse, ce livre m’a remué, touché, ému, choqué, indigné, je l’ai acquiescé, enjolivé, dénigré. Plus encore que par sa plume, sincère, nerveuse, crue, punk, Virginie Despentes trouble par sa vérité, par ce qu’elle a vécu, par ce qu’elle est et par ce qu’elle vit.
Je suis prêt à parier que King Kong Théorie ne choquera pas que la bourgeoise BCBG empropagandée au judéo-christianisme moral. Il faut absolument lire ce livre. On peut ne pas être d’accord, cependant il offre une version inédite – que je ne connaissais pas, plus exactement – du féminisme, un féminisme essentiel, franc, cru, violent parfois, une théorie qui a le mérite de bousculer façon King Kong les fondements et de notre société et de notre éducation.
Un livre à lire même si on est un homme.
Un livre nécessaire.
Mes nuits sont plus belles que vos jours – Raphaèle BILLETDOUX
Il est indéniable que Raphaèle Billetdoux soit une plume tout à fait singulière ; féminine, sensuelle et violente à la fois. Mes nuits sont plus belles que vos jours nous raconte l’histoire d’amour impossible entre Blanche et Lucas. Histoire d’amour impossible qui va s’incarner. Histoire d’amour impossible qui sans doute se terminera mal (comme il se doit).
L’auteur a un talent réel pour l’écriture et pour la narration. Son roman est sensible et teinté de poésie, agressif et doux. Un écrivain à lire si vous ne la connaissez pas. Je dois cependant avouer de pas avoir « accroché » au livre ; j’y ai ressenti des longueurs, et après un titre on ne peut plus alléchant, je dois à l’honnêteté de dire que je suis resté sur ma faim.