Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi novembre 21st 2024

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Les Bouquinistes – Thomas Morales

« Je suis, à ma manière, un bouquiniste de la mémoire. Je leur rends un hommage car ils ont bien failli disparaître sous la flamme olympique. »

Thomas Morales, op. cit. p. 5.
Sortie le 19/09/2024.

Après avoir été menacés par des qui osent tout (et qu’on a reconnus), Les Bouquinistes ressuscitent et sont transcendés par le dernier recueil de chroniques de Thomas Morales. Monsieur Nostalgie est de retour et nous ouvre ses boîtes emplies de trésors oubliés ou négligés par la modernitude bas du front triomphante, suscitant notre soif d’exploration et de (re)découverte de livres, bandes-dessinées, films, voitures et autres curiosités…

Loin des râleurs patentés et des aigris bilieux, Morales distille ses hommages en faisant montre de reconnaissance (vertu en voie de disparition à l’heure du moi-je victimaire individualiste et consommateur) pour ceux qui ont égayé sa vie. Et c’est ainsi que Monsieur Nostalgie nous remonte le moral en pleine sinistrose désabusée. Il faut le dire, Les Bouquinistes de Thomas Morales font du bien au lecteur autant que ceux des quais de Seine au chineur, au promeneur ou au flâneur.

Emboîtons donc le pas à Monsieur Nostalgie et laissons-nous guider. On croisera l’hilarant Roald Dahl et le génie de Goscinny ; on s’encanaillera avec la Brigandine ; nous danseront langoureusement sur des airs de Barry White ou Adriano Celentano ; on roulera des mécaniques en Ford Mustang ou au guidon d’un Vespa, en compagnie de sa majesté Brett Sinclair ou du Sâr Rabindranath Duval…

Le mot de la fin revient à l’écrivain : « […] je range les boîtes à souvenirs comme j’ouvre mon cœur à une belle inconnue. […] Et je tente de faire revivre mon monde miniature, c’est-à-dire l’onde d’une époque heureuse. »

Ouvrons les boîtes du bouquiniste Thomas Morales !

Philippe Rubempré

Thomas Morales, Les Bouquinistes, Éditions Héliopoles, septembre 2024, 205 p.

Le Pari corsaire – Maxime Dalle

« Matelots comme capitaines s’embarquent à l’aventure avec pour unique boussole l’instinct du grand coureur. »

Maxime Dalle, op. cit., p.9.

Entre deux confinements, Maxime Dalle, créateur (entre autres) de l’excellente gazette artistique et explosive Raskar Kapac, propose à Patrick Tabarly, soixante-seize ans, marin et frère d’Éric, d’appareiller à bord du voilier Pink Floyd (l’auteur ne précise pas si c’est en hommage aux flamants roses ou au groupe britannique créateur d’Atom Heart Mother) sur les traces de Jean Bart. Le Pari corsaire est le récit enchanteur de ces pérégrinations, joliment entretissé d’épisodes historiques relatant la vie et la personnalité du plus grand corsaire au service de Louis XIV.

Plume hussarde, facétieuse et spirituelle, Maxime Dalle embarque son lecteur avec l’équipage pour un voyage parfois mouvementé en Manche. Rafraîchissant et rassérénant, ce récit relève autant de la littérature pour la recherche stylistique que du bouquin de plage pour son esprit léger, écrit néanmoins sérieusement. Cette belle (re)découverte du corsaire dunkerquois développe une expérience humaine intense et révélatrice de caractères trempés de l’acier dont on forge les meilleures lames !

Philippe Rubempré

Maxime Dalle, Le Pari corsaire. Dans le sillage de Jean Bart avec Patrick Tabarly, illustrations de Hubert van Rie, Éditions Herodios, 2021, 152p.

Lectures juillet

  1. Figures qui bougent un peu – James Sacré
  2. Oh ! Giovanna ! – Giovanna Casotto
  3. Giovanna ! Si ! – Giovanna Casotto
  4. Giovanna ! Ah ! – Giovanna Casotto
  5. L’Épuration ou la fin d’un monde – Pierre Gillieth
  6. Giovannissima ! – Giovanna Casotto
  7. Les infortunes contemporaines de la démocratie – Chantal Delsol
  8. Giovannissima ! #3 – Giovanna Casotto
  9. Giovannissima ! #4 – Giovanna Casotto
  10. Une heure avec… – Pierre Gillieth
  11. Zazie sans faute, la championne des mots difficiles – Anne-Marie Gaignard, Jérôme Derache, Gao
  12. Une moto pour Barbara – Saint-Loup
  13. La journée d’un journaliste américain en 2889 – Jules Verne
  14. Celui qui attend – Ray Bradbury
  15. L’Éclat du phénix – Ray Bradbury
  16. Fin de planète – Claude Farrère
  17. Cycle de survie – Richard Matheson
  18. Le Passe-muraille – Marcel Aymé
  19. Le Nez – Nicolas Gogol
  20. Girl next door – Mapp
  21. Le Manteau – Nicolas Gogol
  22. La Métamorphose – Franz Kafka
  23. Le Horla – Guy de Maupassant
  24. Langelot contre six – Lieutenant X (Vladimir Volkoff)
  25. Jeunesse – Joseph Conrad
  26. Ménagères en chaleur – Armas
  27. Apologie du Méchant – Collectif, à l’initiative de Pierre Gillieth
  28. L’Arlésienne – Alphonse Daudet
  29. Le Phare des Sanguinaires – Alphonse Daudet
  30. L’Homme qui plantait des arbres – Jean Giono

Une Lecture – Roland Cailleux

Bruno Quentin est un entrepreneur heureux, qui gère le magasin de verrerie familial, en veillant sur les études de son jeune frère Gérard, entre sa maîtresse, Dora, une comédienne, et son ami Armand, professeur de lettres quelque peu original. Jusqu’au jour où il se découvre tuberculeux et doit abandonner affaires, famille et dulcinée pour se soigner à Grasse, dans le Sud. C’est là qu’il entame la lecture d’À La Recherche du Temps perdu, de Marcel Proust, dont il avait aperçut un volume sur un guéridon chez son amante. Dès lors, la vie de Bruno est bouleversée…

Nous suivons donc Bruno dans ses pérégrinations curatives et proustiennes. Roland Cailleux nous offre là, à travers la voix et les conversations de son héros, à la fois une introspection du personnage et une lecture complète du roman-fleuve de Proust ; d’où le titre de son roman, Une Lecture, qui procède de « l’influence de Proust sur un marchand de verrerie », ainsi que le note Alexandre Vialatte. Ce dernier tape juste en écrivant dans sa préface que « Cailleux est un grand écrivain », qui « a fait tenir tout Proust [dans Une Lecture] , comme un grand pardessus dans une petite valise. »

Si vous êtes déjà lecteur de Marcel Proust, vous trouverez avec Une Lecture un contrepoint de grand style à votre propre vécu littéraire ; si, au contraire, À la Recherche du Temps perdu est pour vous une lecture intimidante, voire rebutante – sa longueur, ses phrases réputées interminables… – alors le roman de Roland Cailleux peut vous offrir une porte d’entrée, un sésame pour appréhender Proust, une véritable invitation à plonger dans son œuvre.

Avec Une Lecture, Roland Cailleux, écrivain injustement méconnu, décédé en 1980, signe un chef d’œuvre véritable – et ici (pour une fois), l’expression n’est en rien galvaudée !

Philippe Rubempré

Roland Cailleux, Une Lecture, préface d’Alexandre Vialatte, [Éditions Gallimard, 1948], Motifs, 2007, 477p.

Ab hinc… 379

« Le mal, c’est l’impatience du bien. » – Tertullien

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