Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi avril 18th 2024

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Ab hinc… 365

« Le PIB [Produit Intérieur Brut, mesure la valeurs des biens et services produits dans un pays sur une année – NDR] ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. Le PIB mesure tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue. » – Robert Kennedy

On achève bien la culture – Pierre Jourde

Recueil de chroniques parues sur le blogue « Confitures de culture » hébergé par L’Obs, et dans Marianne pour deux d’entre elles. Pierre Jourde, gentilhomme de gauche (espèce en voie d’extinction en France), croque avec ironie, humour, un soupçon de provocation et une belle érudition les dérives du « milieu » culturel (médias, écrivains, universités…) et lève le rideau sur un véritable renversement des valeurs. À lire et faire lire, surtout à vos amis de gauche.

« Aujourd’hui, un artiste ou un écrivain est, nécessairement, un rebelle, un marginal, un irréductible, dont la fonction est avant tout d’ « interroger » et de « déranger ». […]

Le fait que la mythologie du rebelle soit devenue l’imagerie dominante est en soi une contradiction. Ce n’est pas un discours tenu en marge, par des marginaux, pour des marginaux. Tout le monde est censé être rebelle, toute création est forcément une remise en question. »

« Une maladie infantile de la pensée », in Pierre Jourde, On achève bien la culture, « Chez Naulleau », éditions Léo Scheer, 2023.

La Cuisine des contrées imaginaires – Alberto Manguel

Alberto Manguel s’est fait connaître en publiant avec Gianni Guadalupi un érudit et bovarysant Dictionnaire des lieux imaginaires, puis a poursuivi sa carrière d’essayiste consacrée aux livres, à la lecture, aux images et à l’imagination en passant par les bibliothèques, bref, à la magie de l’univers imprimé. Le voici de retour, gastronome, avec La Cuisine des contrées imaginaires, étonnant recueil de recettes puisées au fil de sa dantesque mémoire littéraire, de son immense bibliothèque (30 000 livres, selon Le Devoir) et de sa gourmandise.

Photo : Alain Jocard Agence France-Presse. Alberto Manguel dans sa bibliothèque du Sud de la France, in Caroline Montpetit, « Que faire avec les 30 000 livres d’Alberto Manguel », 8/12/2015, www.ledevoir.com, consulté le 18/02/2024.

Avis aux bons vivants, l’ouvrage – dont Alberto Manguel a réalisé les illustrations et testé les recettes entrées / plats / desserts / coquetèles – est fine gueule et ouvre l’appétit de croquer autant que de lire. Une manière originale de s’aventurer en littérature ; une façon littéraire de revisiter la gastronomie…

Pour vous allécher les babines, que je sens frémissantes et humides de salive, voici un menu composé sous les mânes mangueliennes : après un « cocktail au sang frais » directement inspiré du Dracula de Bram Stoker en apéritif, dégustons des « crevettes Nautilus » selon la recette du capitaine Nemo, avant d’enchaîner sur un « mijoté de poisson Atlantide », cette île disparue décrite par Platon dans Timée et Critias, et visitée en son temps par Nemo et ses « invités » Aronnax, Conseil et Ned Land. Terminons en beauté avec les fameux « tétons amazoniens au sucre » dénichés dans les anonymes Voyages de sir John Mandeville, puis rinçons-nous le gosier et digérons avec le « nectar du soleil » tout droit sorti de La Flûte enchantée, de Mozart et Emanuel Schikaneder.

Bref, à table !

Philippe Rubempré

Alberto Manguel, La Cuisine des contrées imaginaires, Actes Sud, 2023, 173 p.

Ab hinc… 364

« Si la littérature d’une nation décline, cette nation s’atrophie et périclite. » – Ezra Pound

Ab hinc… 363

Osons l’anachronisme : Jaurès met en PLS et les pédagogos à la sauce Meirieu, et les (révi)wokistes de tout poil… on apprécie, et on savoure !

Jaurès par Nadar, 1904.

« Je trouve médiocres les hommes qui ne savent pas reconnaître dans le présent la force accumulée des grandeurs du passé et le gage des grandeurs de l’avenir. […] Glorifions le présent, mais avec mesure, avec sobriété, avec modestie ! Ce qu’il faut, c’est ne pas juger toujours, juger tout le temps. Chaque époque doit être jugée en elle-même, dans ses moyens d’action et dans son enchaînement naturel. C’est ainsi que les enfants apprendront à connaître la France, la vraie France, la France qui n’est pas résumée dans une époque et dans un jour […] mais la France qui est tout entière dans la succession de ses jours, de ses nuits, de ses aurores, de ses crépuscules, de ses montées, de ses chutes, et qui, à travers toutes ces ombres mêlées, toutes ces vicissitudes, s’en va vers une pleine clarté qu’elle n’a pas encore atteinte, mais dont le pressentiment est dans sa pensée. » –

Jean Jaurès, cité in Bruno de Cessole, Le sceptre et la plume, Perrin, 2023.
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