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jeudi novembre 21st 2024

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Le Nain Jaune – Pascal Jardin

En quelque 150 pages, le scénariste Pascal Jardin brosse un portrait à la fois solaire et rabelaisien de son père Jean Jardin, collaborateur de Pierre Laval, dit Le Nain Jaune. Avec panache, style et humour, l’auteur fait revivre cet homme étrange que fut son père, à la fois admiré, aimé et défié.

Par delà ce portrait et ses souvenirs, Jardin offre un texte profond et fin sur la famille et les relations filiales. À ce titre, Le Nain Jaune est à classer près du Professeur d’Histoire de Vladimir Volkoff et du Grand Santini de Pat Conroy, qui, mutatis mutandis, chacun à leur manière singulière, proposent de grands romans sur la figure du père. À lire ou relire en ces temps où tout devient la faute d’un paternalisme largement idéologique et fantasmé.

Le Nain Jaune a obtenu le Grand Prix du roman de l’Académie française, absolument mérité. Sa grande tenue littéraire nous ferait presque oublier que Pascal est le père d’Alexandre1, écrivain également, mais qui n’est objectivement pas de la même trempe2.

Philippe Rubempré

Pascal Jardin, Le Nain Jaune, [Julliard, 1978], Presses Pocket, 1984, 158 p.

1Alexandre Jardin a notamment écrit Le Zubial, sur son père Pascal, paru en 1997, et Des Gens très bien, portrait contesté de son grand-père Jean, en 2011.

2Je vous renvoie à l’article de Philippe Muray « Effroyable Jardin » paru en mai 2004 dans L’imbécile et repris dans Exorcismes spirituels IV Moderne contre Moderne, in Essais, Les Belles Lettres, 2010, pp. 1499-1502.