Ab hinc… 189
« Les troupes bien disciplinées résistent quand elles sont encerclées ; elles redoublent d’efforts dans les extrémités, elles affrontent les dangers sans crainte, elles se battent jusqu’à la mort quand il n’y a pas d’alternative, et obéissent implicitement. Si celles que vous commandez ne sont pas telles, c’est votre faute ; vous ne méritez pas d’être à leur tête.
Si vous êtes ignorant des plans des États voisins, vous ne pourrez préparer vos alliances au moment opportun ; si vous ne savez pas en quel nombre sont les ennemis que vous devez combattre, si vous ne connaissez pas leur fort et leur faible, vous ne ferez jamais les préparatifs ni les dispositions nécessaires pour la conduite de votre armée ; vous ne méritez pas de commander.
Si vous ignorez où il y a des montagnes et des collines, des lieux secs ou humides, des lieux escarpés ou pleins de défilés, des lieux marécageux ou pleins de périls, vous ne sauriez donner des ordres convenables, vous ne sauriez conduire votre armée ; vous êtes indignes de commander.
Si vous ne connaissez pas tous les chemins, si vous n’avez pas soin de vous munir de guides sûrs et fidèles pour vous conduire par les routes que vous ignorez, vous ne parviendrez pas au terme que vous vous proposez, vous serez la dupe des ennemis ; vous ne méritez pas de commander. »
Sun Tzu, L’art de la guerre ou les XIII articles (traduit du chinois par le père Amiot)
HurleMentS – Olivier Messager & Fabio Longoni
Avec HurleMentS, Olivier Messager et Fabio Longoni commettent ensemble un second acte littéraire et théâtral, le premier étant MurMureS, chroniqué dans ces pages, et à l’occasion duquel j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec les deux acolytes (entretien ici). Et comme pour le premier acte, j’ai assisté au second avant de le lire. Comme son titre le laisse entendre, HurleMentS forme un diptyque avec MurMureS, une pièce en deux actes, un de ces couples inséparables que tout semble opposer, et pourtant…
Les HurleMentS de Fabio Longoni et Olivier Messager réunissent une vingtaine de textes composés par l’un et l’autre comme par l’un ou l’autre. À la lecture comme à la scène, ces HurleMentS subliment notre monde contemporain, tantôt d’une manière poétique, tantôt ironique, parfois grave, parfois érotique. Sans jamais céder ni à la facilité, ni au convenu, ni à la démagogie. À chacun de recevoir et de s’emparer de chacune de ces perles de notre basse époque dans laquelle notre réalité se réfléchit et nous oblige, sans en avoir l’air, à l’introspection. Messager et Longoni ont réussi, et c’est une gageure dans notre société soit-disant transparente et ouverte, à transcender des questions aussi essentielles que la place de Dieu et la religion, le progrès dans son absolu, ou le sens de la vie, à travers des problématiques actuelles comme la consommation de masse ou la démographie.
Cependant, si vous désirez pleinement apprécier ces HurleMentS, ne vous contentez pas de les lire, allez les écouter, les entendre, les voir sur scène grâce à la compagnie du Cri. Magie du théâtre que de donner à voir textes et musiques. Accompagnés d’une comédienne et chanteuse magnifique, Clémence Solignac, et de deux musiciens excellents comédiens, Jean-Éric Legendre et Colin Neveux, Fabio Longoni et Olivier Messager donnent toute leur chair à ces HurleMentS intelligents et subtils. Entre le rire, parfois jaune, et l’émotion, parfois glaçante – pour l’anecdote, le texte intitulé Djihads résonna de façon poignante lors des représentations lavalloises des 13, 14 et 15 novembre derniers – ces HurleMentS se révèlent à nos coeurs en poésie et en musique, épousant chaque cri de l’âme, éblouissant chaque regard perdu…
Philippe Rubempré
Olivier Messager et Fabio Longoni, HurleMentS, TheBookEdition, collection plume au bout des doigts, novembre 2015, 10 euros.
Le spectacle HurleMentS a été créé au Théâtre du Champ de Bataille à Angers le jeudi 5 novembre 2015 par la compagnie du Cri.
Ab hinc… 188
« Trouvez le juge, trouvez le criminel, et puis condamnez les tous les deux. » – Nicolas Gogol
Ab hinc… 187
« Je bois… Je bois… C’est vite dit. Qu’est-ce que je bois ? Que des choses saines, que des trucs naturels ! Que du vin ! Que du beaujolpif qu’il y a pas meilleur au corps, tous les toubibs te le diront ! Cinq, six bouteilles par jour, jamais plus. Du fortifiant. Des vitamines comme s’il en pleuvait ! » – René Fallet, Le Beaujolais nouveau est arrivé.
