Ab hinc… 141
« Mourir dans l’espoir
Avec une bouteille de pinard
Aimer dans le noir
Et s’éclairer avec un gros pétard
Je n’en demande pas plus
Si ce n’est qu’on me suce. »
Pont de Veyle
Ab hinc… 140
« La liberté, c’est la possibilité de dire à l’autre ce qu’il n’a pas envie d’entendre » – George Orwell
Premenade du rêveur solitaire avec le colonel (er) Henri Gauvin autour du Souvenir de Guerre 1914-1918 d’Onésime Mathieu
Le colonel Henri GAUVIN, petit-fils d’Onésime MATHIEU à l’origine de la publication de ce Souvenir de Guerre 1914-1918, a accepté de répondre à notre questionnaire par courrier. Qu’il en soit vivement remercié. Voici son éclairage.
1- Onésime Mathieu
- Qui est Onésime Mathieu ? Quelles sont ses origines familiales, sociales, géographiques ? Quel est son parcours militaire ?
- Né le 7 avril 1874 à Batna (département de Constantine, Algérie), fils de Jean-Baptiste Louis Mathieu, sergent infirmier, et de Marie Meyer, son épouse, femme au foyer.
- Jean-Baptiste est originaire de la Haute-Marne, Marie est alsacienne née à Durenentzen dans le Haut-Rhin. Marie avait suivi ses parents qui s’étaient installés à Sidi Naceur (Foy) dans le département de Constantine. Après la disparition de ses parents morts des fièvres, Marie dirigea le bled pour survivre avec ses petits frères, elle avait treize ans ! Mariée très jeune à un commerçant en vins de Philippeville, elle se retrouva veuve avant ses vingt ans. Comment fit-elle la connaissance de Jean-Baptiste ? Je l’ignore.
- Onésime avait un frère ainé, Louis, plus âgé d’un an.
- Avant qu’Onésime ne soit en âge d’aller en classe, la famille rentra en France. Avec l’argent de la vente du bled, elle s’installa dans une confortable, quoique simple, maison rue du Grand-Cloître à Langres. Jean-Baptiste était alors casernier à la citadelle de la ville.
- Onésime effectua sa scolarité à Langres jusqu’au baccalauréat. Il prépara Saint-Cyr au lycée de Nancy.
- Reçu, il est de la promotion « Jeanne d’Arc » 1893-1895. À sa sortie de Saint-Cyr, il choisit le 29ème régiment d’infanterie en garnison à Autun et au Creusot.
- C’est par son parrain, le sergent infirmier Grison, retraité à la Garenne, commune de Doix (Vendée) qu’il fait la connaissance de Ozanne, Henriette, Blanche, Agnès gautier avec laquelle il contracte mariage le 29 septembre 1903 à Doix. De cette union naitra un fils, Henri, né en 1904, mort d’un refroidissement en 1905. Le refroidissement étant imputé à sa belle-mère, Onésime aura toujours des relations sensibles avec elle.
- Pour rapprocher son épouse de sa famille, il demande et obtient sa mutation au 123ème régiment d’infanterie à La Rochelle en décembre 1904.
- C’est à La Rochelle que le 10 juin 1907 nait Suzanne, Marie, Henriette ma mère.
- Promu capitaine en juin 1910, il est muté au 64ème régiment d’infanterie à Ancenis. À la déclaration de guerre, il est affecté au 264ème régiment d’infanterie, le régiment de réserve dérivé du 64ème RI.
- Comme il l’explique dans ses souvenirs, il demande à être affecté dans un régiment d’active et rejoint le 155ème RI le 11 novembre 1915. Chef de bataillon à titre temporaire le 24 novembre 1915, il sera titularisé le 4 octobre 1916. Ayant demandé à commander un bataillon de chasseurs, il obtient satisfaction et prend le commandement du 121ème bataillon de chasseurs à pied le 25 août 1918 ; il le conserve jusqu’à sa dissolution début 1919.
- Après un court passage à la direction des prisonniers de guerre, il prend le commandement du 8ème bataillon de chasseurs à pied le 8 octobre 1919.
- Promu lieutenant-colonel le 25 décembre 1922.
- Du 8 mars au 8 octobre 1924, il est chef du bureau des affaires civiles à l’A.F.R. (Armée Française de la Ruhr) en Allemagne occupée.
- Le 8 octobre 1924, il est affecté au 23ème régiment de tirailleurs algériens au Maroc.
- Le 21 juin 1927, il est affecté au 135ème régiment d’infanterie à Cholet.
- Colonel le 25 mars 1928, il prend le commandement du 4ème régiment étranger d’infanterie à Marrakech le 21 décembre 1928.
- Touché par la limite d’âge de son grade, il prend sa retraite le 7 avril 1933 et se retire à Doix.
- Décorations : – Commandeur de la Légion d’Honneur (1926)
- – Croix de guerre 1914-1918 avec 8 citations dont 7 à l’ordre de l’armée
- – Croix de guerre des T.O.E. (Territoires des Opérations Extérieures) avec 4 citations dont 3 à l’ordre de l’armée
– Ordre royal du Danebrög (Danemark)
– Médaille d’argent de la valeur militaire italienne
– Commandeur du Ouissam Alaouit (Maroc)
– Médaille de « La Paz » (Espagne)
– Insigne des blessés
– Médailles commémoratives
- Votre grand-père parlait-il de la guerre en famille ? Partageait-il son expérience avec vous ? À quelle(s) occasion(s) ?
- Mon grand-père ne parlait pas de la guerre en famille, mais à l’occasion de lectures ou de faits d’actualité, il me racontait des événements ponctuels de la guerre avec une préférence marquée pour le 16 avril 1917, attaque du Chemin des Dames et premier engagement massif de chars de combat. Il racontait surtout des anecdotes avec toujours une approche positive des événements. Il ne m’a fait que deux réflexions sur cette guerre : un jour, il m’a dit « tu sais, il y a eu des moments où l’on se demandait si on s’en sortirait » ; et plusieurs fois, il a pris en compte la pagaille du début de la guerre estimant qu’avec les moyens modernes de 1939 nous aurions pris la même déculottée qu’en 1940.
- A-t’il joué un rôle dans votre vocation militaire ?
- Certainement en raison de l’ambiance toute militaire qui régnait à la maison : fanions de régiments trônant au salon, décorations montrées avec ferveur par ma grand-mère, nombreux livres et documents sur l’armée, les conflits, à disposition dans ma bibliothèque (en vacances à Doix, que faire d’autre sinon lire ?).
- À son exemple, avez-vous rédigé vos mémoires ? Avec l’intention de les publier ?
- C’est en cours, sans intention de publication.
- Vous êtes vous-même officier de carrière. Quelles campagnes ? Quelles affectations ?
- Ma seule campagne « guerrière » est l’Algérie, en trois tranches de courte durée : novembre 1954 – juin 1955 ; août 1958 – septembre 1959 ; août 1961 – juin 1962.
- J’ai fait plusieurs séjours outre-mer de longue durée considérés dans le jargon militaire comme campagnes : Moyen-Congo-Gabon, août 1955 – avril 1958 ; Sénégal, avril 1963 – avril 1965 ; Guadeloupe, avril 1972 – avril 1975 ; Côte d’Ivoire, août 1978 – septembre 1980 ; Guadeloupe, juillet 1984 – septembre 1986. À l’occasion de missions particulières de courte durée (quinze jours à trois semaines), je me suis rendu en Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine), 1956, en Mauritanie, 1964, en Martinique, 1973, 1974, 1975, 1984, 1985, en Guyane, 1975, au Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), 1975, et au Niger, 1976.
- Entré à Saint-Cyr en 1950, promotion « Extrême-Orient » 1950-1952 ayant choisi à la sortie de l’école de la « subdivision blindée de l’infanterie coloniale » plus connue sous l’appellation de « blindés colos », je suivis les cours de l’École d’Application de l’Armée Blindée et Cavalerie (E.A.A.B.C.) à Saumur d’octobre 1952 à juillet 1953. Ayant choisi comme premier corps d’affectation le Régiment Colonial de Chasseurs de Chars (R.C.C.C.), je rejoignais Mülheim en Allemagne au Pays de Bade. J’y commandais un peloton de cinq tanks destroyer (T.D.M. 36). En juin 1954, désigné pour servir en Indochine au sein d’un escadron de réserve générale en cours de formation, je rejoignais à Épernay le 8ème régiment de Hussards doté des matériels spécifiques sur lesquels nous devions nous entrainer. Le cessez-le-feu de juillet 1954 entraina la dissolution de l’escadron et je rejoignais le R.C.C.C.. Le 1er novembre 1954 éclataient les événements d’Algérie, où je me retrouvais dès le 8 novembre au sein de l’escadron de marche du R.C.C.C., composé uniquement d’engagés. Nous opérions essentiellement dans les Aurès. Je commandais un peloton de chars à trois chars et trois half-tracks, dont un mortier.
- En août 1955, désigné pour servir outre-mer, j’embarquais à Bordeaux sur le Savorgnan-de-Brazza, paquebot mixte de la Compagnie des Chargeurs Réunis, à destination de Pointe-Noire, au Congo, garnison du Bataillon de Tirailleurs de Congo-Gabon (B.T.C.G.), ma nouvelle affectation. J’y commandais le peloton de chars avant d’être officier auto après la mutation du peloton à Brazzaville ; le chef de corps avait tenu à me garder.
- À mon retour en France en avril 1958, j’étais désigné pour servir au Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (R.I.C.M.) en Algérie, dans l’Oranais, à proximité de Tlemcen. J’y cumulais les fonctions de commandant d’escadron porté et d’officier de renseignement de quartier.
- En septembre 1959, j’étais affecté comme instructeur à l’École Spéciale Militaire Inter-Armes (E.S.M.I.A.) à Coëtquidan. Pour faire comme les élèves, j’y passais le brevet de parachutiste.
- Capitaine en juillet 1961, je rejoignais le 2ème Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (R.P.I.Ma.) à Bizerte. Le mot colonial étant devenu politiquement incorrect, les troupes coloniales avait repris leur appellation d’avant 1900, Troupes de Marine. En octobre, au retour du régiment en Algérie, je prenais le commandement d’une compagnie. Ayant participé à la révolte des généraux d’avril 1961, le régiment était mal vu en haut lieu. Rapatrié en France en juin 1962, il était immédiatement dissout et formait l’ossature du nouveau centre d’instruction du 3ème R.P.I.Ma à Castelnaudary. désigné pour servir outre-mer en raison de la pagaille qui régnait dans la réorganisation des forces outre-mer, je bénéficiais de quatre mois de congés de départ avant de rejoindre à Dakar le 7ème R.P.I.Ma. en avril 1963.
- Rentré en France en avril 1965, j’étais affecté au Service d’Information et d’Études Cinématographiques des Armées, où j’étais chargé des revues de presse.
- En août 1969, j’étais affecté au 1er R.P.I.Ma. à Bayonne.
- Commandant en avril 1970, j’étais en 1972 désigné commandant en second du bataillon su Service Militaire Adapté aux nécessités économiques des Antilles Guyane (S.M.A.) en Guadeloupe, que je quittais en avril 1975.
- Affecté à la mission militaire de coopération du ministère du même nom, j’y étais chargé du suivi des stages des ressortissants des pays concernés.
- Lieutenant-colonel en 1976, c’est en août 1978 que je rejoignais Port-Bouet en Côte d’Ivoire comme commandant des forces françaises de Côte d’Ivoire et chef de corps du 43ème bataillon d’infanterie de marine.
- De retour en France en septembre 1980, j’étais affecté à Nancy sous chef d’état-major de la 4ème Division Blindée (D.B.) et chef d’état-major de la division de réserve dérivée.
- Colonel en avril 1982, j’étais désigné en juillet 1984 commandant militaire de la Guadeloupe, d’où je rentrais en août 1986 pour une affectation à Tübingen (Bade-Wurtemberg, Allemagne), adjoint au général commandant la 5ème D.B., commandant d’armes de la garnison Tübingen-Reutlingen.
- Le 11 avril 1988 je prenais ma retraite.
Comment avez-vous ressenti l’évolution de l’armée par rapport à celle qu’à connue Onésime Mathieu ? Et depuis que vous êtes en retraite ?
Il est évident qu’entre l’armée du temps d’Onésime et l’armée d’aujourd’hui il y a peu de points communs. Ceux-ci sont du domaine de la vocation, toujours existante quoiqu’en pensent certains, du don de soi, et des relations humaines dans l’exercice du commandement. Les unités brillantes au combat sont toujours des unités dans lesquelles règne une estime réciproque des chefs et des subordonnés. La différence la plus marquante réside dans le volume : c’était une armée de conscription et le nombre faisait encore la différence avec l’adversaire. Aujourd’hui, nous avons une armée de faibles effectifs composée de personnels de métiers disposant d’armes très sophistiquées, qui font la différence avec l’adversaire quand elles sont utilisées à bon escient. Le passage d’un type d’armée à l’autre s’est effectué tout au long de ma carrière : de tous les corps de troupe dans lesquels j’ai servi, il n’en reste que trois et leurs effectifs sont fortement réduits par rapport au temps où j’y servais.
2- Un témoignage de terrain
- Ce mémoire, est-ce : 1) son carnet de guerre, son journal repris et mis en forme ou 2) un témoignage rédigé a posteriori par Onésime Mathieu en se basant sur ses souvenirs ?
- Ce mémoire est un témoignage rédigé par Onésime Mathieu en 1934 après qu’il ait pris sa retraite. Il a utilisé les notes prises dans ses agendas tout au long du conflit et s’est fait confirmer certains faits par quelques uns de ses anciens subordonnés.
- Je souhaiterais avoir votre sentiment sur les deux points suivants :
1- la pudeur dans l’écriture malgré l’horreur vécu (nous rappelons ici qu’Onésime Mathieu a été au front durant la totalité du conflit)
Cette pudeur dans l’écriture ne m’as pas surpris. D’un tempérament plutôt fataliste, Onésime a toujours jugé la situation du moment comme un fait inéluctable dont il fallait exploiter tout ce qui pouvait être à son avantage – et bien évidemment à celui de son entourage. Il n’a pas la vocation, très répandue de nos jours dans les médias, à amplifier les malheurs et à manifester une compassion pleurnicharde qui ne fait qu’aggraver la détresse des victimes ou de leurs proches.
2- le témoignage critique, quoique conservant les « formes »
Dans ce récit, Onésime m’est apparu tel que je le ressentais : adepte du travail bien fait, optimiste, indulgent pour les faibles, intransigeant pour ceux qui ne font pas ce qu’ils auraient dû faire.
Très conscient de sa valeur de combattant, il avait une approche très pragmatique des faits, considérant que la faiblesse était humaine, qu’il n’y avait pas à jeter la pierre aux plus sensibles (ils sont « émus » par les bombardements), et que pour lui, bien remplir son devoir était une chose naturelle dont il n’y avait pas à tirer gloriole : il fallait le faire bien, il le faisait bien. Toujours optimiste, il préférait voir le bon côté des choses (par exemple, trouver une bonne bouteille de vin dans la pire situation). N’ayant pas le caractère vindicatif, il se contente de signaler les manquements au devoir (« je m’aperçus qu’il ne connaissait pas les tranchées » ou « il était plus à l’aise dans son bureau que lors de notre rencontre à… »).
Onésime MATHIEU, Souvenir de la Guerre 1914-1918, Paris, Éditions de Velours, 2014, 250 pages, 19,90 euros
Histoire de la France de la Gaule à nos jours – Ernest Lavisse
Édition augmentée par Dimitri Casali.
C’est toujours avec un plaisir nostalgique aux accents de madeleine de Proust que nous nous replongeons dans le Petit Lavisse ; ce fameux manuel qui a introduit tant de générations d’écoliers à l’Histoire de France en essayant, grâce au roman national, de leur inculquer des valeurs communes et l’amour de leur patrie au-delà de leurs différences d’origines ethniques, religieuses ou sociales. Bref, l’ambition de Lavisse était non seulement d’enseigner les rudiments de l’Histoire de France, mais aussi de préparer le terreau favorable à la formation de futurs citoyens responsables, conscients de leurs droits, certes, mais surtout de leurs devoirs. C’est sans doute la raison pour laquelle il est aujourd’hui tant décrié par ceux qui dénoncent les « historiens de garde » et le retour du roman national (ils n’hésitent pas à qualifier le travail de vulgarisation de l’amateur Loran Deutsch de « maurrassien » ou « quasi-maurrassien », ce qui est pour le moins imbécile. À croire que ceux là n’ont pas lu Maurras : quel rapport entre le trublion Deutsch et le nationalisme intégral, si ce n’est la volonté d’honnir ou décrédibiliser un amateur qui ose raconter l’Histoire à la manière du roman national – en outre sans prétendre être historien – par une espèce de reductio ad hitlerum light, une reductio ad maurrassum ?). Le Petit Lavisse est pareillement décrédibilisé par les tenants de la société inclusive ardemment désirée par Monsieur Thierry Tuot, ci-devant conseiller d’État à cent lieues du moindre début d’idée de la réalité qu’il appelle de ses voeux (la mort des civilisations et des cultures recyclées en un gloubi-boulga ultra-individualiste et ultra-violent, un retour in fine à un état sauvage, en version 2.0).
Le Petit Lavisse est un manuel s’adressant aux écoliers (donc pas de grandes analyses transversales, d’histoire thématique comme l’histoire économique ou l’histoire du costume) pour leur faire découvrir les grandes étapes de la construction de leur pays. Le génie de Lavisse, c’est justement le roman national, ce roman qui permet que « l’Histoire ne s’apprend pas par coeur, (mais qu’elle) s’apprend par le coeur », et qui offre une clé aux futurs citoyens français de toutes origines « d’aimer la France parce que la nature l’a faite belle, et parce que son histoire l’a faite grande ». Pour faciliter l’apprentissage et donner aux jeunes des repères simples (que la poursuite de leurs études permet de relativiser, d’approfondir et de remettre en perspective avec la maturité acquise au fil des années), Lavisse adopte un ordre strictement chronologique et joue sur les figures charismatiques et les grands personnages de l’Histoire de France, quitte à créer des légendes ou des héros. Permettant ainsi à l’écolier de s’identifier, il lui offre une base sommaire et ludique au parfum d’aventure intrigant, mais efficace pour acquérir par la suite les leçons d’Histoire plus étoffées, nécessaires à la formation de tout citoyen responsable.
Dimitri Casali, inlassable passeur d’Histoire, ancien professeur de collège dans les territoires perdus de la République, prend la suite de Lavisse, décédé en 1922. Il relève ce défi honorablement, même si l’exercice est différent, le public ayant évolué et pas nécessairement de manière positive. Il est toutefois regrettable d’avoir laissé passer cette énorme coquille page 186 : « Le Général de Gaulle, qui avait réussi à rejoindre l’Angleterre, était l’un deux » (sic !). Écrire « l’un d’eux » ne coûte pas plus cher et ne jure pas aux yeux du lecteur averti… Les chapitres composés par Casali n’ont pas le charme délicieusement désuet de la plume de Lavisse, o tempora, o mores, mais à sa décharge, le changement de public, l’évolution des élèves (en comportement et en mentalité), ainsi que l’accélération de l’Histoire au Vingtième Siècle ne facilitent pas la tâche : sujets délicats, importante documentation, pléthore d’acteurs et d’événements, développement exponentiel de la mondialisation… Être concis et s’adresser à des écoliers ouverts à tous vents télévisuels ou virtuels en couvrant l’essentiel de la période est une véritable gageure dont nous pouvons dire que Casali l’a relevée non sans un certain brio.
Retrouvez cette chronique sur le Salon Littéraire.
Ab hinc… 139
« Le commun des mortels se venge par le mythe de ce qu’il n’a pu rabaisser. Un consensus de fer autour d’une renommée en béton est la meilleure des garanties d’ignorance perpétuelle » – Philippe Muray