Journal d'un caféïnomane insomniaque
samedi décembre 28th 2024

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L’Imparfait du Présent – Alain Finkielkraut

D’emblée fâchons les ceusses-qui-ne-voient-Finkie-que-sous-le-prisme-du-conflit-israélo-palestinien, c’est-à-dire comme le colonisateur fasciste et « islamophobe » qu’il n’est pas et n’a jamais été. La lecture de cet essai, ou de cette chronique, nous a été lumineuse. Un vrai plaisir, intense intellectuellement autant que sur le plan littéraire. De là à dire que nous approuvons l’intégralité de ce que le livre expose, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Par modestie, de prime abord. Les textes relatifs au Proche-Orient nous interpellent, d’autant plus que nous fréquentons artistes et intellectuels en profond désaccord avec Monsieur Finkielkraut ; ceci étant, nous nous refusons à tomber dans le piège de l’engagement – et si possible, nous tenterons d’éviter celui du dégagement. Nous avons la faiblesse de penser que ne connaissant pas suffisamment l’histoire, la géographie, la situation politique, sociétale et religieuse, notre « avis » sur la question serait infondé (comprendre fondé sur le sentiment et non la raison). Or, seule la pensée politique ou géopolitique fondée sur le droit et les faits est légitime, réaliste, raisonnable, pour ne pas dire souhaitable. Pour toutes ces raisons, nous ne chroniquerons pas non plus les textes relatifs au conflit en ex-Yougoslavie. Nous allons donc nous attacher à commenter d’autres thèmes abordés dans les textes de ce recueil du millénaire naissant, choisis en fonction de notre réactivité à leur lecture. Pas non plus d’analyse globale (pas d’analyse : c’est bon pour les Diafoirus de dispensaire), pas de chronique d’ensemble.

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Défense de la langue française et de la transmission de l’héritage culturel

Le cheval de bataille favori de Finkie ! Il en parle avec passion, argumente fougueusement et sans relâche pour enfoncer ce qui, à notre sens, devrait être une porte ouverte, mais qui est devenu une preuve de crypto-fascisme : pour être citoyen à part entière, pour « faire société » (nous empruntons cette horrible expression à Claude Askolovitch), il est fondamental de maîtriser la langue, l’histoire, la littérature du pays. Son héritage culturel. Une civilisation – une nation également, à moindre échelle – se définit par une géographie, une histoire et une langue (et même par un environnement et un climat) ; c’est-à-dire un héritage commun, le socle qui réunit l’ensemble des citoyens (appelons les ainsi), le corpus adopté par ceux qui souhaitent intégrer cet ensemble, et à partir duquel il devient possible d’imaginer et de construire un avenir commun. Ce système impliquant des valeurs, il est pour le « Bien » universel (quoique minoritaire) soupçonné d’être essentiellement raciste, dans le sens ou pour ces Gens là, tout ce qui pense différemment d’eux est raciste à sa manière. Pour le « Bien », tout se vaut. Les seules différences admises le sont dans le cadre d’un égalitarisme parfait. Hors l’égalité, point de salut. Juste des suspects. Le spectre de Saint-Just refait surface, avec ses escadrons de Fouquier-Tinville d’opérette. Finkielkraut, en s’efforçant de penser cet héritage culturel et son devenir, combat intelligemment ce « Bien ». Ce « Bien »qui prétend s’imposer au nom de valeurs universelles car elles sont les seules admises… et par conséquent sont tout, sauf des valeurs (nous appliquons le même raisonnement aux idéologies politiques et autres dogmatismes religieux). Finkielkraut défend remarquablement sa position, sa lecture est lumineuse… et ne manque pas d’humour, comme le démontre sa version paritaire de la fable de La Fontaine Le corbeau et le renard, qui ne manque vraiment pas de sel ! De ce point de vue, l’auteur souligne avec brio l’absurdité du « Bien » universel (et minoritaire, nous ne le répèterons jamais assez).

Cette défense de l’héritage nécessaire à l’élaboration de toute pensée (y compris la tabula rasa) pose en préalable le combat pour l’école et l’élitisme républicain. En cela, nous sommes en symbiose avec Alain Finkielkraut. Nous résumerons cette bataille essentielle pour la transmission en proposant un essai de définition de ce qu’est l’élitisme républicain. L’élitisme républicain n’est pas la doctrine consistant à tout donner aux meilleurs en laissant la masse à la ramasse ; l’élitisme républicain est la nécessité d’amener chaque enfant, chaque élève, chaque discipulus, au maximum de ses capacités et de ses compétences, tout en leur conférant le socle de connaissances minimum à l’exercice plein et entier de leur citoyenneté future, c’est-à-dire, à l’exercice de leur liberté (et donc de leur responsabilité sine qua non). Ceci implique qu’il existe une « inégalité » naturelle entre les êtres qui ne se fonde ni sur une prétendue « race » ni sur l’origine sociale, donc qui est inadmissible pour nombre de personnes. D’autant plus que l’excellence est par nature minoritaire. Or cette « inégalité », cette différence de capacités, de compétences, de connaissances fonde la richesse de l’Humanité. Et ne remet aucunement en question l’égale dignité de chaque être humain à la naissance.

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Défense critique de Renaud Camus

Nous croyons fermement qu’en matière d’opinion, de pensée, tout doit pouvoir être exprimé, et donc que tout doit pouvoir être critiqué, combattu ou défendu. Y compris de ce qui apparaît indéfendable, odieux, immonde. Tant que cela reste sur le plan du débat d’idées, de la dispute civilisée (pour reprendre une expression chère à Elisabeth Lévy), de l’affrontement argument contre argument. Plusieurs textes de cet ouvrage sont consacrés à la défense critique par Alain Finkielkraut de Renaud Camus. Constatons de prime abord que c’est courageux de sa part. Clarifions ensuite notre position : le fait que Camus soit homosexuel ou ait soutenu, de manière circonstanciée, Marine Le Pen, nous nous en tamponnons le coquillard. Insuffisant pour juger d’un écrivain (ou même d’un homme). Camus nous interroge par l’expression manifestement problématique d’une opinion sur une émission de France Culture intitulée Le Panorama (au moment de la parution du livre, le sulfureux n’avait pas, sauf erreur, théorisé son « grand remplacement(1) », lequel l’a définitivement rangé  du côté des infréquentables – ce qui présente l’avantage d’éviter de le lire, de penser, de réagir intelligemment). De ce que nous en savons, il a été reproché à Renaud Camus par Weitzmann (dans une tribune(2) publiée par Les Inrockuptibles) d’être antisémite pour avoir considéré que ladite émission radiophonique reflétait une forme de communautarisme juif. Nous ignorons la réalité de ce point (et nous nous en foutons). Nous constatons simplement que Camus a subit ce qu’il faut bien nommer un lynchage médiatique. Et c’est là ce qui nous interpelle, c’est là que la réaction de Finkielkraut nous apparaît raisonnable. Finkielkraut qui, vous nous le concéderez, ne peut être suspect d’aucune forme d’antisémitisme, d’anti-sionisme ou d’anti-judaïsme.

La République française est Une et Indivisible (nous voulons encore y croire), par conséquent, aucune forme de communautarisme n’est tolérable, même en version allégée. Pas plus juif que musulman, chrétien, homosexuel, de classe, féministe ou rouge et jaune à petits pois. La Nation française se compose de citoyens, donc d’individus. Pas de communautés. Le communautarisme, c’est la guerre. Froide dans le meilleur des cas ; civile au pire. Si donc Renaud Camus a dénoncé ce qu’il a jugé être une forme de communautarisme, il a eu raison de le faire. C’est parfaitement légitime quand bien même l’expression en serait maladroite voire outrancière. Et ses contradicteurs ont raison de réagir et sur la forme et sur le fond, mais avec des arguments. C’est sur le fond qu’il fallait répondre, au lieu de hurler au retour du loup nazi ! La sinistre reductio ad hitlerum est une arme de crétins infoutus de penser ou d’argumenter. C’est bon pour les incultes, les dogmatiques ou les personnes de mauvaise foi. Finkielkraut a, nous semble-t-il, adopté la bonne réaction en ayant l’honnêteté de donner la parole à Camus pour qu’il s’explique, clarifie et défende sa position, tout en lui assénant sa contre-argumentation (et il est redoutable en la matière). Réagir, même violemment, à la position exprimée par Camus est également légitime, à la condition sine qua non que la réaction soit argumentée et sur le fond. Le temps n’est plus au wergeld, aux ordalies ou au crime d’honneur. Le lynchage médiatique est une forme de procès stalinien sans même un simulacre de défense. Il vise à rayer un « mal pensant » de la carte. À le flinguer intellectuellement – et si possible financièrement (pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ?). En lui fermant les portes des éditeurs, des journaux, des médias… C’est presque réussi avec Renaud Camus. Nous en admirons d’autant plus Alain Finkielkraut de lui conserver son amitié et de l’assumer. Il semble que Finkie soit un homme d’Honneur (valeur désuète, ringarde pour une certaine gogôche, mais qui nous parait indispensable à toute forme de respectabilité). Enfin, vous nous excuserez, mais ne trouvant plus les ouvrages de Renaud Camus en librairie (et refusant tout commerce en ligne), nous n’avons pas lu le texte incriminé (juste les extraits soigneusement choisis par la presse pour justifier l’hallali). Ceci explique que nous nous exprimions sur la forme (le lynchage médiatique et ses avatars) et  non sur le fond (le supposé communautarisme juif du Panorama, émission que nous n’avons pas écoutée). Ne disposant que des textes de Monsieur Finkielkraut (ce qui ne nous suffit pas, avec tout le respect qui lui est dû), de Wikipedia et de quelques articles lus au hasard de recherches en ligne, l’honnêteté nous impose de nous abstenir de tout commentaire sur le fond. Après lecture, nous pourrons être amené à nous exprimer en connaissance de cause sur ce prétendu communautarisme de cette émission décédée.

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Nous pourrions également commenter les textes relatifs au procès Papon, mais le terrain est glissant, surtout de nos jours. Cela mériterait un réel travail d’historien (ce qui est incompatible avec le politiquement correct et avec la réécriture des faits au nom d’impératifs politiques, dogmatiques, religieux, sociétaux… Nous vous renvoyons à l’affaire Pétré-Grenouillot et à la Loi Taubira(3) qui ne fait de l’esclavage un crime contre l’Humanité que lorsqu’il est le fait de Blancs, bien que les Arabes l’aient pratiqué plus longtemps et à plus grande échelle, mais il ne faudrait pas blesser la frange la plus fragile des jeunes issus de l’immigration – dixit Madame Taubira (4) elle-même). Nous concluons donc ici cette chronique en vous invitant à lire Alain Finkielkraut qui a le mérite de penser, de donner à penser et à contre-penser avec un talent littéraire certain et un sens de l’humour insoupçonné.

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(1)- Sur la théorie du « grand remplacement » de Renaud Camus à laquelle je fais référence, je vous renvoie à ses propres explications

http://www.bvoltaire.fr/renaudcamus/non-au-changement-de-peuple-et-de-civilisation,35190

Étant entendu que je n’approuve ni défends cette thèse, mais que, la mentionnant, je la soumets au débat et à la discussion (civilisée et argumentée, exclusivement).

(2)- Voici le texte de la tribune de Marc Weitzmann publié par « Les Inrockuptibles ». Je ne l’ai retrouvé que sur le site de Renaud Camus ; je suppose que le texte n’est pas tronqué (en tout cas je le souhaite).

http://www.renaud-camus.net/affaire/weitzmann.html

(3)- Sur la Loi Taubira relative à l’esclavage évoquée en conclusion, voici plusieurs liens :

– La loi

http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/esclavage.asp

– Un article critique publié par Causeur

http://www.causeur.fr/il-etait-une-fois-la-loi-taubira,17651#

– La position de Daniel Clairvaux (blog hébergé par le Nouvel Obs)

http://danielclairvaux.blogs.nouvelobs.com/tag/loi+taubira

(4)- Nous avons quelque peu reformulé ou interprété les mots de Mme Taubira quant à la question de l’esclavage. La justification exacte de Mme Taubira pour ne considérer comme crime contre l’Humanité que la traite négrière « blanche » est qu’il ne faudrait pas que les « jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes. » Comme si les jeunes Arabes étaient trop cons pour assumer et comprendre la réalité des faits historiquement établis…

Vous comprendrez que nous sommes en profond désaccord avec cette justification ; nous considérons que les jeunes Arabes (ou pas) sont capables de comprendre et de reconnaitre la réalité des faits.

BRASSENS. Auprès de son arbre – André Tillieu

Soyons clair, c’est le meilleur ouvrage que nous ayons lu sur Tonton Georges, et nous en avons lu quelques-uns ! Pourquoi ?

Tillieu, un proche de Brassens, nous offre un livre très personnel. Il peint le Brassens de Tillieu comme Manet peint son Olympia. Ni biographie, ni hagiographie, et pourtant la vie de Brassens par un admirateur de Brassens. Au fil de la lecture, nous avons vécu dans la peau de Tillieu avec Brassens. Une sensation de le vivre en le lisant exceptionnelle, inhabituelle, à mille lieues du livre souvenir qui est publié comme par hasard au moment des fêtes de fin d’année. Ce livre est en outre richement illustré de photographies judicieusement légendées (malignement devrions-nous écrire) ; on est loin de la légende Petit Larousse ou du manuel scolaire.

Plus qu’une biographie ou un hommage à Brassens, André Tillieu signe un merveilleux livre sur l’Amitié avec un A majuscule. Un Grand Livre pour un Grand Poète. Pour un Grand Homme.

Chronique à retrouver sur le Salon Littéraire.

Ab hinc… 103

« La meilleure façon de servir la République est de redonner force et tenue au langage. » – Francis Ponge

L’Imposture (1/5)

L’IMPOSTURE

Coquetterie pseudo-conceptuelle


AVERTISSEMENT

Ceci n’est pas, et ne doit pas être considéré comme tel, un récit autobiographique, mais plutôt comme un objet littéreux non identifié.


A C.A et J.D, avec toute mon affection.


Il y a des jours comme ça où cette sensation est prégnante, une sensation bizarre, comme un réveil de lendemain de cuite à se demander ce qu’on peut bien foutre là. Vraiment c’est ainsi, une drôle de sensation !

21H30. Sale journée, sale temps, sale boulot, un réformateur révolutionnaire prône la guérison des écrouelles à la télé. Comment ? Je vous le donne en mille ! En utilisant les vieilles recettes éculées dont l’échec fut tellement retentissant il y a cinquante ans que les oreilles des morts pour la France qui les ont défendues et mises en place en sifflent encore dans leur tombe. Heureusement, il reste les amis. Craven A. d’abord, toujours accompagnée de Jack D. Etre en bonne compagnie rend la déprime agréable.

Je vous entends d’ici, encore un de ces ados dépressifs, ou un quinqua déclinologue1. Détrompez-vous. Un trentenaire, un travail passionnant, choisi et exercé dans un domaine de compétence et de goût seyant à sa personne comme les braies à nos ancêtres les Gaulois. Bel appart, petit, mais confortable et décoré par lui, noyé sous une tonne de livres que ne peuvent contenir bibliothèques réelles ou gréements de fortune débordant d’enthousiasme littéreux. La belle vie, celle dont il a rêvée, et pourtant.

Spleen baudelairien digne de Schopenhauer qu’aucune de ses longues et kantiennes promenades au parc ou en forêt ne parviennent à guérir. Incertitude propice à la création, terreau de l’art et caractère sine qua non de tout artiste. Car de facto, la différence fondamentale, la différence essentielle entre l’artiste et l’artisan se niche bien dans ce caractère, ou plus précisément dans la manière de qualifier ce caractère. Aussi dirai-je que l’essence même définissant l’artiste est la création nécessaire car vitale, et ce indépendamment de toute autre considération. En revanche en ce qui concerne l’artisan, c’est une nécessité utile, un besoin exprimé et quotidien, non pas journalier absolument, mais de la vie quotidienne, et ce y compris pour l’artisanat dit d’art.

Bref, il y a des jours comme ça…

Il faut bien vivre avec son temps comme ils disent, et être utile à la société, être un bon citoyen, s’intéresser à la politique même en dehors des élections, être poli, travailleur, faire du sport, ne pas boire, ne pas fumer, manger bio, être contre les OGM – en aparté, je serai plutôt contre l’OM, mais c’est une autre question – et puis tiens puisqu’on en parle, aimer le foot et les séries américaines et puis bien d’autres encore.

Etre un mouton de panurge, voilà l’idéal de ce monde unipolaire qu’on nous propose de construire. Tous consommateurs, tous rebelles ! Univers galvaudé peuplé de malandrins dont il ne reste plus rien à tirer, hormis du pognon. Rien d’autre ne compte, c’est le critère de base, le CAC 40 du savoir être. Où est l’imposture ? Qui est l’imposteur ? Qui sont les imposteurs ?

C’est lui l’imposteur, non que dis-je, c’est Moi L’IMPOSTURE !

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La voici cette sensation étrange. L’imposture. Etre une imposture. Se sentir imposture. Artiste, avoir le rôle de l’imposteur, dramatique parmi les tragiques !

Ne pas appartenir au troupeau. Refuser d’appartenir au troupeau. Alceste dans l’âme. Impossible toutefois pour vivre de se couper de toute vie sociale, ou alors il faut accepter l’idée de mourir dans un monde pour renaître dans un nirvana de meilleur augure. Solitude au milieu de la foule sociétale et populaire, prix inaliénable de cette liberté de l’imposture. Car posez-vous la question, où est réellement l’imposture ?

Imposture rime avec Art et artistes, histoires et Histoire, Littérature et écrivains, acteurs et Théâtre ou Cinéma, Musique et musiciens.

Imposture ne rime pas avec marché et consommateurs, sport et sportifs, communisme et goulags, fascisme et salopards, machiavélisme et crédules (dans nos soupes aseptisées, on se doit de rester poli, c’est une question de déshonneur) ; j’en oublie, mais la liste est infinie.

22H19. Je revendique l’imposture. Toujours cette même journée. Enfin, soirée désormais. Demain, bis repetita, comme hier et comme après demain. La vie est imposture, ma vie est l’imposture. Pas à ma place, et probablement à l’une des meilleures qu’il me soit permis d’occuper dans cette société que j’haime tant. Pas de vie possible avec mes talents et pourtant un travail que j’ai choisi dans un domaine qui me plait, une boite qui me plait, une démarche qui me touche et dont je veux être un acteur essentiel. Je l’accompagne, maladroitement. Mais je ne participe pas de cette démarche. Imposture nouvelle.

Et demain, ou plus tard nouvelle imposture. L’imposture c’est un art, l’imposture c’est l’art, l’art est imposture.

Je suis un imposteur dans cette société dans laquelle je ne me sens pas à ma place ; je suis un imposteur de l’art auquel j’aspire comme Cyrano à aller sur la lune.

Etre ou ne pas être Imposture, to be or not to be l’imposteur… L’imposteur en a marre, l’imposteur se barre. Adieu monde cruel, je te regretterai monde sensuel.

L’imposture est mon honneur. Lendemain de journée de merde, journée dans un bas de soie. Etre imposteur dans notre jolie et gentille petite île aux enfants planétarisée est le seul Honneur majuscule du dernier des Hommes libres. Je suis le dernier de ces Mohicans, ainsi que James Fenimore aimait à qualifier cette race incongrue qui ne foisonne plus2. Prétention éhontée ! Imposture = prétention. Prétention de liberté, aspiration de liberté, urgence de création, nécessaire combustion !

L’imposture c’est la liberté la liberté c’est la vie la vie c’est la liberté L’IMPOSTURE EST LA VIE !

***

Qui ose ? On a osé ! Quel scandale ! Ô mépris, cruauté de notre univers ! « On » m’a traité d’ « imposteur » !

Eh bien, je revendique l’insulte, je ramasse le gant et le porte fièrement à la main droite ! Le cynisme de l’imposture est un étendard, cet étendard est juché en haut de sa hampe que je porte, dressée, la tenant dans ma main, dans ce gant.

L’IMPOSTURE EST MON ORGUEIL

L’imposture sauvera le monde, le Christ l’a fait, tellement bien et surtout si bien conseillé et secondé par ses « fidèles » que tout est à recommencer ! Et la tâche sera ardue, singulièrement ardue. Ce sera autre chose !

Le monde sera libre quand l’imposture et son messie l’imposteur auront chassé tous les plagiats, les pâles copies aseptisées, les cyniques qui ne conservent de la noblesse philosophique qu’un vague patronyme, on ne sait plus bien pourquoi. Mais je m’arrête, la gangrène s’est installée partout et ailleurs encore, l’inventaire est impossible, le recensement inutile. Agissons !

Oui mes biens chers Frères, agissons, de suite, maintenant, sans tarder, avant qu’il ne soit trop tard ! Mais n’est-il déjà pas trop tard ? Qu’avez-vous fait ? Qu’avons-nous fait ? Coupables que nous sommes ! Ô Imposteur suprême, nous implorons ton aide salvatrice ! Nous t’en prions pardonne nous nos offenses comme nous ne pardonnons jamais à ceux qui nous ont offensés, bien trop cupides que nous sommes. Oui Maître pardonne nous, car nous sommes coupables certes, mais nous ne sommes pas responsables. « Ce n’est pas notre faute »3.

En effet, cela ne peut pas être de notre faute ! C’est vérité universelle en notre société aseptisée (où pullulent pourtant tant de maladies nosocomiales) que l’alcool est responsable de l’alcoolisme et le cordelier des suicides par pendaison !

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Dur dur d’être imposteur ! Plus qu’une hygiène de vie, c’est véritablement un sacerdoce, et son poids a fait crouler bien de solides épaules. Force est de le constater…

La vie n’est qu’une imposture et l’imposteur n’aspire qu’à vivre une réalité « normale », si tant est que ce terme galvaudé et maltraité par tant d’intégristes de tout poil ait encore une quelconque signification à vos yeux ébahis. Rien est réel, tout est normal ; tout est anormal, rien est irréel. C’est la vie, la vie, la vie ! Ce mot a un poids extraordinaire, je plie sous son poids, je suis écrasé sous son poids, et je ne comprends pas son acharnement sans fin. La vie n’est que le malaise de six milliards de trous de balle qui n’aspirent qu’au bien-être, qu’ils appellent prétentieusement bonheur. Ironie ? Cynisme ? Non, je réponds Imposture. LA VIE EST UNE IMPOSTURE !!!

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Imposteurs de tous les pays unissez-vous !

Chacun du simple fait de vivre est dans le « système ». Certes, d’aucuns sont plus ou moins compromis, mais la vie est impossible en dehors du système sauf à croire en une vie post-mortem dans un monde aussi meilleur que possible.

Une seule solution pour la génération des imposteurs, la révolution de l’imposture ! Créons la ligue de l’imposture contre le système, unis nous seront plus fort.

Pour combattre le système, envoyer vos dons à

Ligue de l’Imposture

Quai Voltaire

Paris

Pour vaincre le système, donnons.

Le bel avenir pour l’imposture, le futur brillant que voilà ! Probabilité ou fantasme ? IMPOSTURE !

IMPOSTURE VAINCRA !!!

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1 L’auteur tient ici solennellement à remercier Monsieur Dominique François Marie René Galouzeau de Villepin pour son involontaire et néanmoins précieuse collaboration.

2 Merci Georges, et excuse moi de ne pas m’être déplacé jusqu’au bistrot du Bon Dieu pour te demander une autorisation Sacem en bonne et due forme.

3 Un amical salut de l’auteur à Monsieur de Valmont, et à son légataire universel, Monsieur Pierre Choderlos de Laclos.

Ab hinc… 102

« Le boulot, y en a pas beaucoup. Faut le laisser à ceux qui aiment ça. » – Coluche

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