Written by Philippe Rubempré on 02 juillet 2016
- Comprendre le malheur français – Marcel Gauchet
- Brève histoire des fesses – Jean-Luc Hennig
- Au pays du P’tit – Nicolas Fargues
- Il ne m’est Paris que d’Elsa – Aragon
Written by Philippe Rubempré on 27 juin 2016
« La démocratie, qui reposait sur le contrôle, s’est endormie sur la complaisance. » – Robert de Jouvenel
Written by Philippe Rubempré on 25 juin 2016
Retour d’Art Spiegelman sur son chef d’oeuvre, Maus, et son drame familial. Cette conversation avec Hillary Chute revient sur la genèse de Maus, ouvrage dans lequel Art Spiegelman détourne les codes de la bande-dessinée et de la métaphore animalière pour partager le témoignage de son père Vladek, survivant d’Auschwitz et Dachau.
Né en 1948 à Stockholm, Art Spiegelman plonge avec Maus dans son histoire familiale, ses parents, Juifs polonais mariés avant guerre, déportés, son frère Richieu, empoisonnés par la personne à laquelle il était confié pour ne pas tomber dans de mauvaises mains (cette personne se suicide après avoir empoisonné ses enfants et Richieu). MetaMaus revient sur la genèse de ce chef d’oeuvre de la bande-dessinée et témoignage poignant d’un survivant. Toutes les questions sont abordées : pourquoi la métaphore animalière (Souris-Juifs, Chats-Allemands, Cochons-Polonais) ? pourquoi la bande-dessinée ? ces choix fragilisent-ils la crédibilité du témoignage de Vladek Spiegelman ?
MetaMaus revient aussi sur la réception critique de Maus, les difficultés rencontrées avec les éditeurs, la réception de l’oeuvre aux États-Unis, en Pologne, en France, en Allemagne, en Israël, les différents projets de documentaires ou d’expositions qui ont aboutis ou non. Cette analyse replace Maus et son auteur dans l’histoire de la bande-dessinée, spécifiquement dans celle de la BD américaine et de ses grands auteurs dont certains ont abordé d’une manière différente la question de l’antisémitisme, notamment Will Eisner.
Enfin, MetaMaus est un témoignage magnifique de la relation compliquée d’Art Spiegelman avec son père, et d’une manière plus générale, sur la difficulté des relations familiales après la tragédie du génocide auquel seuls quelques membres ont survécu. Les arbres généalogiques en fin de volume sont à ce titre d’un silence éloquent et glaçant. La conversation entre Art Spiegelman et Hillary Chute est entrecoupée du témoignage de ses enfants, Nadja et Dashiell, de celui de son épouse Françoise Mouly, et se clôture par la retranscription d’une partie du témoignage de Vladek, enregistré sur cassette. Un DVD accompagne le volume dans lequel on retrouve l’intégralité des planches de Maus enrichies de liens multimédias ainsi qu’une pléthore de documents sonores, vidéos ou autres, tels que le témoignage enregistré de Vladek Spiegelman, des témoignages de survivantes ayant connu la mère d’Art, Anja ou encore un documentaire réalisé par l’auteur et sa femme Françoise Mouly à Auschwitz en 1987.
MetaMaus est un chef d’oeuvre à l’égal de Maus. Il me semble que c’est une aventure unique dans l’histoire littéraire et historiographique. Loin de donner des leçons, Art Spiegelman apporte son regard sur l’histoire de sa famille qui a croisé tragiquement l’Histoire contemporaine, son regard sur son travail d’artiste, son regard de fils sur ses relations avec ses parents, son regard d’époux et de père sur le rapport de sa famille à Maus et au succès de ce chef d’oeuvre.
Maus comme MetaMaus sont des documents indispensables pour les amateurs d’histoire. Par le détournement des codes et le truchement d’une histoire familiale, ces oeuvres remettent l’Histoire en perspective et lui redonne son sens tragique trop souvent oublié aujourd’hui au profit d’une histoire moralisée et idéologisante nettement plus confortable. La lecture de MetaMaus et a fortiori celle de Maus ne vous laissera pas indemne : au-delà de l’Histoire, elle suscite une réflexion profonde sur notre humanité, sur qui nous sommes et dans quelle direction nous voulons aller en tant qu’êtres humains. Une quête de sens universelle.
Philippe Rubempré
Art Spiegelman, MetaMaus, traduit de l’anglais (américain) par Nicolas Richard, Flammarion, 2012, 300 p.
Written by Philippe Rubempré on 20 juin 2016
« Il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer en ce monde : 1. Que la souveraineté réside dans le peuple. 2. Qu’il ne doit jamais l’exercer. » – Rivarol
Written by Philippe Rubempré on 13 juin 2016
« Aujourd’hui, chacun est contraint, sous peine d’être condamné par contumace pour lèse-respectabilité, d’exercer une profession lucrative, et d’y faire preuve d’un zèle proche de l’enthousiasme. La partie adverse se contente de vivre modestement, et préfère profiter du temps ainsi gagné pour observer les autres et prendre du bon temps, mais leurs protestations ont des accents de bravade et de gasconnade. Il ne devrait pourtant pas en être ainsi. Cette prétendue oisiveté, qui ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de choses qui échappent aux dogmes de la classe dominante, a tout autant de voix au chapitre que le travail. » – Robert Louis Stevenson