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« Pas plus qu’on ne réforme une société par décret, enfin, on ne réforme pas son pays contre son histoire. » – Marcel Gauchet
Une « poéthique » de la chasse, par Bruno de Cessole
Un peu plus d’une centaine de pages ont suffi à Bruno de Cessole pour nous offrir l’essence de la chasse dans ce qu’il titre (du nom de la collection dirigée au Rocher par Vladimir Fédorovski) Le Petit Roman de la Chasse, mais qui est tout à la fois une poétique de la chasse, une philosophie cynégétique, une bibliothèque de vénerie.
De sa plume gracieuse et précise, Bruno de Cessole donne chair à cet instinct primitif et naturel du chasseur, survivance de l’animalité humaine devenue incompréhensible, voire inadmissible, pour nombre de contemporains laïcisés en consommateurs-jouisseurs, ennemis de toute règle, de toute limite, de toute contrainte (vécues par eux comme une injuste atteinte à leurs droits individuels), n’ayant plus conscience de la mort – c’est-à-dire du cycle de la vie, propre à la nature à laquelle l’Homme appartient, « où la vie nait de la mort même » – à tel point qu’ils tentent par tous les moyens d’en effacer les traces partout où elles subsistent, y compris dans l’extrême faiblesse de qui ne peut réagir.
Ce petit roman dévoile les fondamentaux de la chasse, cette passion noble : amour, connaissance, respect de la nature et des animaux (ce qui s’éclaire de manière limpide sous la plume de l’auteur dans un chapitre intitulé Le paradoxe du chasseur), humilité, éthique, code de valeurs, sens de l’honneur… Toutes caractéristiques à l’opposé de la caricature du chasseur matraquée par certains écolos et autres zoophiles (au sens étymologique du terme : qui aime les animaux. Toute autre interprétation serait malveillante) intégristes avec la complicité bienveillante de certains grands médias et de quelques « célébrités ». Bruno de Cessole leur répond sans faux-semblants ni acrimonie, sans non plus éviter les sujets qui fâchent, à l’instar des criminels qui confondent chasse et extermination. Il n’a pas besoin comme un certain nombre d’anti-chasse primaires de déshumaniser son adversaire pour le combattre – déshumanisation préalable de l’ennemi qui a marqué le fil de la longue histoire d’une alternance de sinistre et d’atroce).
Je ne suis pas moi-même chasseur, mais je ne peux m’empêcher d’être sensible à cette poéthique de la chasse merveilleusement transcrite par Bruno de Cessole. J’ai retrouvé dans ce petit roman la philosophie qui se dégage des 150 Aventures de chasse et de pêche de feu Tony Burnand – un livre pour enfants écrit par un chasseur devant l’éternel, et qui m’appris plus sur la nature et les animaux qu’une scolarité complète en sciences naturelles. Si la littérature jeunesse ne figure pas au menu de De Cessole, vous y croiserez nombre d’écrivains chasseurs, de Dominique Venner à Jim Harrison, de Maurice Genevoix à Gaston Phébus en passant par Jack London ou Paul Shepard…
Ce Petit Roman de la Chasse constitue une belle introduction à cet univers passionnel longtemps réservé aux castes dirigeantes. C’est un ouvrage à aborder sans a priori. Si la chasse vous dégoûte, je vous invite à un peu de curiosité : vous trouverez ici des explications sur l’essence même de cette passion inextinguible. Qui sait, si sans devenir chasseur, vous ne serez pas tenté de mettre un peu d’eau dans votre vin lors du banquet final… Je conclus cette chronique en soulignant que la poéthique de la chasse exposée par Bruno de Cessole me semble bien plus honorable et humaniste que le coquetèle de superficialité, de confort et de papillonnage individualo-consumériste exécuteur des basses-oeuvres d’aujourd’hui.
Philippe Rubempré
Bruno de Cessole, Le Petit Roman de la Chasse, Éditions du Rocher, 2010, 117 p.
Lectures mai
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- Les territoires perdus de la République – sous la direction d’Emmanuel Brenner
- Histoire d’O – Guido Crepax, d’après Pauline Réage
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- Un homme de trop – Jean-Pierre Chabrol
- La France djihadiste – Alexandre Mendel
- Pour venger pépère – A.D.G.
- Le multiculturalisme comme religion politique – Mathieu Bock-Côté
- Captain Blood – Rafael Sabatini
- L’Être-Boeuf – Richard Millet
- Petit traité sur l’immensité du monde – Sylvain Tesson
Ab hinc… 214
« L’homme se distingue des autres animaux surtout en ceci : il est le seul qui maltraite sa femelle, méfait dont ni les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication. » – Jack London
Ab hinc… 213
« Tout confort se paie. La condition d’animal domestique entraîne celle d’animal de boucherie. » – Ernst Jünger