Ab hinc… 224
« Elle prononçait ce mot – art – avec une emphase ridicule. Qu’est-ce que l’art aujourd’hui ? Un maelström de convulsions individuelles, une braderie de fantasmes orchestrés par la dérision. Jusqu’à quel point devais-je me sentir solidaire de cette liquidation ? » – Denis Tillinac, Maisons de famille
Le Vieux Saltimbanque – Jim Harrison
Big Jim n’est plus. À 78 ans, le palpitant n’a pas suivi. Sa dernière livraison, un retour sur sa vie, à la troisième personne cette fois, pour prendre de la distance avant de retrouver le bistro du bon Dieu… Après ses mémoires fictifs, Wolf, et réels, En Marge (publiés en poche chez 10/18), Jim Harrison pose un troisième et ultime regard sur ce que fut sa vie, dans un récit ramassé en forme de novella, genre qu’il affectionne et maitrise à merveille.
Le Vieux Saltimbanque, comme il se surnomme, est bien présent, fidèle à lui-même. De sa vie, il fait une ouverture sur la Vie, sur l’universel : il est en effet question de vie et de mort, d’amour et de sexe, de gastronomie, de chasse et de pêche, d’alcool et d’excès, de poésie et de littérature… Ou comment ne pas écrire une autobiographie romancée façon autofiction exhibitionniste et geignarde autant que vulgaire à la sauce Christine Angot ou Catherine Millet. D’un côté, une oeuvre littéraire, celle de Jim Harrison ; de l’autre, l’impudeur au service du tiroir-caisse.
Pour son dernier round sur le ring, Harrison relève le gant avec panache ! Ses ultimes mémoires sont plus percutant encore que En Marge, mémoires qui ont largement contribué à forger la légende de Big Jim. Le Vieux Saltimbanque évoque la vie de l’auteur essentiellement après la publication de ses premiers souvenirs, mais ponctués de retours habillés d’un regard littéraire neuf. Un condensé d’humour et d’émotions nobles qui invitent le lecteur à se replonger dans l’oeuvre de Jim Harrison.
Big Jim tire sa révérence avec classe. Il nous manque déjà…
Philippe Rubempré
Jim Harrison, Le Vieux Saltimbanque, traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent, 2016, 147 p.
Lectures août
- Chemin de la Lanterne – Louis Nucera
- La sOurce et la sOnde – Bourgeon & Lacroix
- Six saisons sur ilO – Bourgeon & Lacroix
- Les Fleurs du Mal – Charles Baudelaire
- La clé des Confins – Bourgeon & Lacroix
- La planète des ombres – J. Brunier
- La double lune de Berlin – Bucquoy & Hernu
- Le Marin à l’ancre – Bernard Giraudeau
- Aïeïa d’Aldaal – Bourgeon & Lacroix
- Les couleurs de Marcade – Bourgeon & Lacroix
- Les couloirs de l’Entretemps – Bourgeon & Lacroix
- Les aubes douces d’Aldalarann – Bourgeon & Lacroix
- Le sortilège du bois des brumes – Bourgeon
- Splendeurs et misères des courtisanes – Honoré de Balzac
- Les yeux d’étain de la ville glauque – Bourgeon
- Le dernier chant des Malaterre – Bourgeon
- Face au Drapeau – Jules Verne
- Le Roi au-delà de la mer – Jean Raspail
- Ça tourne au vinaigre – Frédéric Dard
Ab hinc… 223
« Le passé ne peut pas être entièrement aboli sans assécher de façon inhumaine tout avenir. » – Jean Giono
Ab hinc… 222
« Quand on représente une cause (presque) perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège parce que la vie s’en est allée ailleurs. » – Jean Raspail