Ab hinc… 284
« La Bienfaisance est bien plutôt un vice de l’orgueil qu’une véritable vertu de l’âme. » – D.A.F. Marquis de Sade
Paris-Berry Nouvelle Vague – Thomas Morales
« Nous sommes en transit vers un ailleurs sans cesse fantasmé et l’inanité de notre quotidien. »
Le confinement subi de mars à mai derniers a eu un effet positif, le nouvel essai de Thomas Morales, Paris-Berry Nouvelle Vague. Reclus dans son Berry natal, le chroniqueur, Parisien d’adoption, laisse libre court à sa nostalgie drôlatique et un projet cinématographique. Avec Morales, l’envie de se re-confiner nous guette. Il faut avouer que ni le vin de Sancerre ni la compagnie ne sont dégueulasses ! Entre autres et sans exhaustive, d’Ettore Bugatti à René Fallet, de l’AMC Pacer au Taxi pour Tobrouk, sur un air de Bill Withers ou de Christophe, les rencontres sont riches et rafraîchissantes. Un essai de Morales est un estaminet dans lequel se croisent, excusez du peu, Vialatte, Pirotte, Fallet, Villon, Kleber Haedens ou Pascal Thomas !
Le confinement à la campagne est propice au souvenir et à l’introspection. Tout le talent de l’écrivain est de métamorphoser sa matière en un texte enlevé, drôle, mélancolique parfois, qui invite à explorer tous azimuts souvent. Un texte à cent lieues des indécentes jérémiades de boboïnes en souffrance dans leur villa basque ou normande…
Entre réminiscences de l’enfance et nostalgie d’une certaine vie parisienne, Thomas Morales nous propose à la fois un essai et une bande-son, entrecoupés de scenarii pour un film à sketches dont le réalisateur désigné serait Pascal Thomas (réalisateur de l’inimitable et irrésistible Pleure pas la bouche pleine !). Véritables miroirs grossissants de la tragi-comédie covidique, ces situations offrent une galerie de caractères iconoclastes, parfois insolents, présentés sous un jour ironique et tendre, léger et grave. Souhaitons qu’un producteur relève le défi et que Pascal Thomas Morales fassent de ce confinement une galéjade populaire !
Chronique d’un confinement en fin de compte plutôt réussi, Paris-Berry Nouvelle Vague est un réservoir de cartouches littéraires, cinématographiques, musicales, etc, pour armer votre fusil anti-déprime d’une joyeuse nostalgie régénérante.
Philippe Rubempré
Thomas Morales, Paris-Berry Nouvelle Vague, Éditions La Thébaïde, juin 2020, 108 p.
Ab hinc… 283
« Depuis que l’art est mort, on sait qu’il est extrêmement facile de déguiser les policiers en artistes. » – Guy Debord
Lectures juillet
- Le Camp des Saints – Jean Raspail
- M la Maudite. La lettre qui permet de tout dire – Jean-François Kahn
- Costa Brava – Eric Neuhoff
- L’idolâtrie de la vie – Olivier Rey
- Les vacances du petit Nicolas – Sempé/Goscinny
- Le petit Nicolas et les copains – Sempé/Goscinny
- Les récrés du petit Nicolas – Sempé/Goscinny
- Les Maîtres Censeurs – Élisabeth Lévy
- Va au Golgotha – Alexandre Zinoviev
- Le Chien debout – Sokal
- La Mort douce – Sokal
Ab hinc… 282
« [L’idéologie mondialiste et l’idéologie européenne] sont des idéologies libérales qui, certes, acceptent la démocratie pour ce qui est de la politique […] mais qui, en même temps, visent à soustraire à la politique, et donc à la démocratie, des domaines entiers et toujours plus étendus de la vie publique, en premier lieu l’économie prise dans un sens très large. Concernant ces domaines, elles accordent le droit décisif de la décision à des élites éclairées, en particulier à des bureaucraties étatiques et internationales, et c’est à celles-ci qu’elles destinent leur programme. À la différence du libéralisme du XIXe siècle, elles ne veulent pas éduquer le public, élever son niveau intellectuel et moral, afin de lui permettre de participer aux décisions en connaissance de cause. Elles ne lui demandent que de croire que l’avenir qu’elles proposent est le meilleur concevable et que le chemin censé y conduire qu’elles tracent est le seul possible. »
Krzysztof Pomian, « La vraie fin du XXe siècle », Le Débat, n°111, sept-oct 2000, cité in Élisabeth Lévy, Les Maîtres-Censeurs, Jean-Claude Lattès, 2002.