Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi avril 25th 2024

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Lectures février

  1. L’alcool et la nostalgie – Mathias Énard
  2. Épicure en Corrèze – Marcel Conche
  3. Un privé à Babylone – Richard Brautigan
  4. Le stupide XIXe Siècle – Exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans 1789-1919 – Léon Daudet
  5. Fractures françaises – Christophe Guilluy
  6. L’insécurité culturelle – Laurent Bouvet
  7. Les Déshérités ou l’urgence de transmettre – François-Xavier Bellamy

Ab hinc… 152

« Ce que je reproche à l’égalité, ce n’est pas d’entraîner les hommes à la poursuite des jouissances défendues, c’est de les absorber entièrement à la recherche des jouissances permises. » – Alexis de Toqueville

Protégé : Vie et opinions philosophiques d’un chat – Hippolyte Taine

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The Ape, le singe tueur de vos certitudes…

le-singe-tueur    En 2005, Bach films a eu la bonne idée de rééditer en dvd The Ape (Le singe tueur), de William Nigh, dans sa collection « Les inédits du fantastique ». Ce film américain de 1940 avec l’immense Boris Karloff a été restauré plus que correctement. Un reproche technique toutefois, le dvd ne comporte que la version française. La version originale sous-titrée (ou non) aurait été appréciée à sa juste valeur. Heureusement, le doublage est interprété honnêtement (et pas façon sitcom au rabais).

Pourquoi vous écrire aujourd’hui sur une curiosa cinématographique en noir et blanc, vieille de 75 ans et tombée dans les oubliettes d’Hollywood… Tout simplement parce que ce film entre en résonance avec nos débats modernes et animés sur les questions de bioéthique, et qu’à ce titre, The Ape est un film d’une criante actualité.

Le docteur Bernard Adrian s’est installé dans une petite ville de l’Amérique profonde à la suite d’une épidémie de paralysie. Il y soigne avec détermination Frances, une jeune demoiselle clouée sur le fauteuil qui lui sert de pilori. Cependant, la population locale se méfie du docteur, soupçonné de vouloir utiliser les habitants comme cobayes pour ses expériences destinées à comprendre et guérir la paralysie. L’arrivée d’un cirque et la fuite d’un grand singe ayant tué son dompteur accélèrent les événements. Le docteur se voit confier le dompteur mourant, et la question se pose de l’utilisation de ce corps pour mettre au point son sérum de guérison…

The Ape interroge ce que nous appelons la bioéthique, i.e. « l’étude de l’ensemble des problèmes d’ordre philosophique, moral, déontologique posés par les avancées récentes de la recherche (génétique, notamment) et ses applications en médecine et en biologie » (dictionnaire encyclopédique Auzou 2004). Le terme de « bioéthique » est anachronique compte tenu de l’âge avancé du film, mais c’est bien de cette réalité dont il s’agit. Jusqu’où peut-on aller au nom du progrès de la médecine et de la volonté de guérir ? Quels moyens peuvent être mis en oeuvre ? Peut-on, pour une cause juste, commettre des actes injustes (éternelle question !) ? En 62 minutes, toutes ces questions et celles afférentes sont soulevées par le film. La fin, que nous préserverons, vous laisse en plein dilemme cornélien. Et je n’ai pas de réponse à apporter à ces interrogations. En la matière, rien n’est simple, et des remèdes contradictoires peuvent raisonnablement sembler acceptables. C’est toute la difficulté posée par le progrès, qui devrait se faire au service de l’Humain, et non au service d’intérêts individualistes (financiers, égoïstes, de pouvoir…), ce qui reviendrait à retourner le progrès contre l’Humanité.

En conclusion, The Ape peut constituer, pourquoi pas ?, une base de réflexion (quoique ce soit un divertissement) philosophique et éthique dont pourrait s’emparer nos penseurs, religieux, chercheurs, médecins, voire étudiants en médecine, pour expliquer les termes de ce débat fort complexe aux citoyens. Que pour une fois, nous puissions décider en toute connaissance de cause des choix qui nous concernent au tout premier chef : nos santés, nos vies, celles de nos parents et surtout, celles de nos enfants.

***

The Ape (Le singe tueur), réalisation William Nigh, USA, 1940, avec Boris Karloff, Maris Wrixon, Gene O’Donnell, Gertrude Hoffman… Réédition DVD Bach Film, 2005, collection « Les inédits du fantastique », 62 minutes, Noir & Blanc, VF uniquement, format 4/3 1.33, tout public.

Bande-annonce

Angers3

Avant de publier ma première chronique de film, je dois confesser que je ne suis pas le moins du monde critique cinématographique. Je n’entends rien en termes de plans, travellings, photographie, etc… bref, je suis un ignare de la technique cinématographique. Comme pour les livres, ce qui m’intéresse est le plaisir pris à regarder le film d’une part ; et d’autre part, ce que j’en conclus, les (éventuelles) leçons que j’en retire, les « messages » que j’y vois. In fine, ce que le film me raconte du monde au sein duquel je vis, et que je désire partager.

Comme pour les livres, je ne compte que sur le hasard et l’envie dans le choix des films chroniqués ; n’attendez pas de lire ici la chronique du dernier blockbuster sorti en salles (je n’ai pas mis les pieds dans un cinéma depuis Un secret de Claude Miller, en mai 2008 ; j’y retournerai quand il y aura de nouveau des cinémas à taille humaine, en centre-ville, avec des salles aux fauteuils de velours vermillon confortables et des ouvreuses en uniforme).

Bonnes lectures et bons films !

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