Journal d'un caféïnomane insomniaque
samedi mai 18th 2024

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A(NI)MAL – Cécile Alix

A(ni)mal est un roman pour la jeunesse signé Cécile Alix, « sensibilisant » à travers la fiction les adolescents à la question des migrants, plus précisément celle des mineurs isolés non-accompagnés.

Le livre retrace le parcours jusqu’en France d’un ado de quinze ans à qui sa mère a dit désormais tu t’appelles Miran et tu es un homme. C’est la tragédie d’un gosse fuyant son pays en guerre civile après l’assassinat de son père, un pays qui pourrait correspondre à nombre de pays sous les feux de l’actualité la plus dramatique et violente. Traversée de l’Afrique, de la Méditerranée, arrivée en Italie puis en France, avec un destin à la clé…

A(ni)mal est un roman destiné à toucher, à émouvoir, et c’est de ce point de vue une réussite. La tragédie d’un gosse de quinze ans ne peut que frapper au cœur les âmes sensibles. Certains passages sont poignants, révoltants, et notamment ceux qui ont trait aux relations avec les passeurs, ces trafiquants de chair humaine, véritables ordures ontologiques. L’auteur traduit cette noirceur de la nature humaine avec précision, mais sans voyeurisme ; elle transcrit cette cruauté gratuite parce que sonnante et trébuchante, cette avidité rapace dont l’être humain reste le seul animal capable. Elle sait aussi faire vibrer la générosité et la bonté dans le malheur, qualités dont l’être humain est (aussi) le seul animal capable. En dépit d’une dernière partie virant au pathos, parfois jusqu’au risible (bons sentiments ridicules et politiquement correct jusqu’à la caricature), il est difficile de ne pas être sensible à la souffrance de Miran. Le roman a le mérite de mettre sous les yeux de nos ados geignards une réalité réellement dure, et leur offre une fenêtre de compréhension de notre âpre monde, et de relativisation de leurs petits malheurs quotidiens.

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Toutefois, outre le côté pathos évoqué auparavant, le roman pêche par ce qu’il ne dit pas, par ce qu’il tait, par ses silences. A contrario de l’excellent Silence du chœur de Mohamed Mbougar Sarr, A(ni)mal se révèle militant, voulant graver dans le crâne de ses jeunes lecteurs que les migrants sont forcément des victimes, qu’ils n’ont jamais le choix du départ qui est toujours une déchirure. C’est là que le bât blesse. La question migratoire ne saurait se résumer à un simple devoir d’accueil, d’hospitalité à sens unique, d’un Occident prétendument coupable de tous les maux de la planète, et à des migrants éternelles victimes, comme s’ils n’étaient pas des individus responsables de leurs actes, mais d’éternels enfants à protéger.

Ainsi, le roman n’aborde que très peu les problématiques religieuses (hormis une caricaturale chaisière catholique qui forcément rejette Miran en tant que voleur ; par ailleurs, Cécile Alix cible directement les extrémismes religieux mais hors roman, dans un addendum intitulé « précisions de l’autrice »). La question de la violence et de l’insécurité lié à l’immigration clandestine1 (et notamment aux mineurs isolés non-accompagnés) est tue. L’immigration clandestine est considérée a priori comme légitime, légitimée par ses causes (conflits, pauvreté extrême…), or, il est permis de s’interroger sur ce point. En effet, si la France est un pays ouvert, il existe des règles juridiques pour y entrer, y séjourner, et a fortiori s’y installer pour y vivre. Règles admises dans le droit international, et que chaque pays applique légitimement, sans cris d’orfraies de belles âmes ultra-protégées hurlant au retour du fâchisme ou des Z-heures-les-plus-sombres, etc. À l’exception de quelques États européens repentants (de quoi?), chaque pays indépendant est fondé à et fait respecter son intégrité territoriale, ses frontières, sa population, son modus vivendi et sa culture. Beaucoup, si ce n’est la plupart, des étrangers qui viennent en France respectent le droit et s’acquittent des procédures légales. Au nom de quoi certains pourraient y déroger ? Je pose la question, je ne réponds pas. Si fuir un pays en guerre semble légitime (surtout quand on est un gosse), pourquoi en Europe et non dans un pays voisin, plus proche économiquement et culturellement, permettant aussi un retour plus aisé une fois la paix revenue ? Fuir quand on est en âge de servir sa patrie, n’est-ce pas là une forme de lâcheté ? Je pose la question, encore une fois sans y apporter de réponse.

Autant de questions complexes (et je ne crois pas qu’il existe de réponse simple ou prête à l’emploi, contrairement à ce que veulent nous faire croire les extrémistes no border comme ceux du camp d’en face) que le roman de Cécile Alix ne pose pas, et c’est dommage. Il serait intéressant, et qui sait, utile, de sensibiliser nos adolescents à la complexité du monde plutôt que de leur bourrer le crâne avec les habituels mantras idéologiquement corrects et orientés imposés par les programmes de l’Éducation nationale2. Il n’est pas anodin de constater qu’une part toujours plus importante de la population (et la plupart du temps les classes populaires censées être défendues par la gauche) ne leur accorde plus de confiance, mais de la méfiance, de la défiance, voire un rejet total.

Dans cette problématique de l’immigration abordée par Cécile Alix sous le prisme d’un mineur isolé non-accompagné, un conflit de légitimité vient complexifier les choses, indépendamment de l’aspect juridique. Il est certes possible (n’est-ce pas ce qui devrait être fait en état de droit?) de faire appliquer la loi strictement : dura lex, sed lex. Il est légitime pour un pays de protéger sa population, ses frontières, son intégrité territoriale, sa civilisation… bref, il est légitime pour un pays de se faire respecter dans le concert des nations. Mais il n’est pas moins légitime pour un individu, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne, de chercher à améliorer son sort et celui de sa famille. Le cas particulier ne permet pas ici d’appréhender la question migratoire dans son ensemble. Le personnage de Miran dans le roman est sympathique, il fait preuve de courage, d’abnégation, il a ses faiblesses et essaie de les dépasser… mais l’actualité nous rappelle régulièrement que nombre de mineurs isolés non-accompagnés posent problème par leur violence et leur quasi-impunité judiciaire. Voilà la limite du roman de Cécile Alix : à trop simplifier, on en oublie que le réel ne se résume pas à ce qu’on voudrait qu’il soit. Je n’oublie pas que certains terroristes (notamment du Bataclan) sont arrivés par les colonnes de migrants fuyant Daesh et le conflit en Syrie.

Instrumentaliser la question migratoire en transformant en racisme toute critique est irresponsable et criminel. Tous les modes de vie ne sont pas compatibles (mesdames, mesdemoiselles, iriez-vous vivre en Afghanistan ou en Iran ?), nous avons évoqué ce point à propos d’un autre roman de Mbougar Sarr, De purs hommes. Que doit-on en penser ? Ce n’est pas à moi de vous le dire. Regarder la réalité en face me semble un bon début. Avec A(ni)mal, Cécile Alix met l’accent sur le drame des traversées et la vilenie des passeurs ; elle offre ainsi des clés de compréhension du problème et éclaire une réalité sombre. Cependant, les silences que nous avons relevés doivent inciter les adolescents à compléter leur lecture et à faire preuve de curiosité et d’ouverture d’esprit, à essayer de comprendre avant de juger.

Philippe Rubempré

Cécile Alix, A(ni)mal, Éditions Slalom, 2022, 265 p.

1Étant donné la malhonnêteté intellectuelle du temps et l’incapacité à une compréhension fine de la langue de nombre de mes contemporains de plus en plus chatouilleux, je précise que je n’écris pas que TOUS les clandestins sont violents ou délinquants, mais que l’immigration clandestine en tant que phénomène social et politique amène des problématiques de violence et d’insécurité, dont chacun pense ce qu’il veut par ailleurs.

2Il est tout à fait légitime d’étudier la question migratoire en géographie, simplement il faut étudier les faits et comprendre les phénomènes, pas imposer une analyse politique par nature contestable autant que respectable.

D’extrême droite, vraiment ?

Dans une charge parue au printemps dernier, le journaliste (de gôche) François Krug tente de démontrer, sans toutefois se référer à leurs œuvres au-delà de l’anecdotique, que Tesson, Houellebecq et Moix seraient pour le moins liés à l’extrême-droite… et leurs lecteurs par capillarité ? Nous avons testé…

Au printemps 2023 a paru au Seuil un essai intitulé Réactions françaises, sous-titré « Enquête sur l’extrême droite littéraire » et consacré à trois poids-lourds de l’édition française contemporaine, Michel Houellebecq, Sylvain Tesson et Yann Moix. Enquête exclusivement à charge, elle vise à montrer que ces trois écrivains ont été a minima proches ou compagnons de route de l’extrême droite (qui n’est bien entendu jamais définie…), et horresco referens, qu’ils en croqueraient toujours subrepticement. Ce réquisitoire planqué sous le masque d’une enquête journalistique objective est signé du journaliste indépendant François Krug, qui selon les dires de son éditeur « collabore régulièrement au Monde et à son magazine M, après avoir été journaliste politique et d’investigation pour le site Rue89 » : un gage d’indépendance et d’objectivité, en effet…

Houellebecq soutien discret de l’Action française, Tesson proche des identitaires et de la Nouvelle Droite, Moix et ses bandes-dessinées antisémites… Sans jamais que ne soit définie l’extrême droite, on comprend entre les lignes qu’elle représente aux yeux de l’auteur tout ce qui critique le libéralisme et la social-démocratie sans être d’obédience marxiste ou post-marxiste, et qu’elle est automatiquement associée aux heures les plus sombres, avec son cortège de réactionnaires, de racisme, d’antisémitisme, de violences inavouables. Deux de ces écrivains, Houellebecq et Tesson, ont en commun d’être ou d’avoir été critiques de l’Europe, du progressisme laïc (à sens unique, anti-chrétien exclusivement) et obligatoire, de l’immigration, de l’islam, du festivisme (Philippe Muray) totalitaire, de la démocratie telle qu’elle ne va pas, de lire et apprécier des écrivains maudits, et, pour Tesson au moins, de ne pas s’excuser. Même si Houellebecq se compromet minablement pour éviter les (nouveaux) procès, n’assumant pas ses opinions, certes iconoclastes et provocatrices (un peu), néanmoins parfaitement légitimes et légales (M. H. a déjà affronté un procès pour ses propos sur l’islam dans les années 2000, qu’il a heureusement gagné1). Le troisième larron, Yann Moix, s’est rendu coupable d’antisémitisme virulent dans sa jeunesse. Même si Moix est depuis allé à Canossa en se vendant à La Règle du Jeu de Bernard-Henri Lévy, il n’en a pas moins signé la pétition de Paul-Éric Blanrue en faveur de la liberté d’expression du négationniste français Vincent Reynouard2… avant il est vrai de retirer courageusement sa signature3. Difficilement pardonnable… Il en est sans doute des antisémites comme des keupons, un jour = toujours4.

La question se pose donc de l’objectif, ou des objectifs, d’une telle enquête par un journaliste indépendant dont l’honnêteté intellectuelle ne peut qu’être exemplaire, puisqu’il a collaboré avec LE journal de référence (celui qui soutenait les Khmers rouges5, publiait une pétition en soutien à des pédophiles6 et diffamait Dominique Baudis7 sans vergogne). Le premier objectif, avoué, est d’informer sur ces écrivains portés au pinacle par les lecteurs et une large partie des cendres de la critique littéraire : attention bonnes gens, vous croyez lire des écrivains bien sous tous rapports, mais en réalité ce sont des fachos zombies qui vous intoxiquent insidieusement… Le second objectif, bien réel celui-là, est de nuire à la carrière et à la réputation de ces écrivains, si possible à leur portefeuille, en dissuadant par l’opprobre moral leur emploi, leur lecture, leur publicité.

Mon objectif n’est pas de défendre ces écrivains, ils n’ont pas besoin de moi pour cela. De ces écrivains, je n’apprécie vraiment que Sylvain Tesson, dont j’ai lu un certain nombres de livres et dont je suis l’actualité éditoriale. Houellebecq, que j’ai lu aussi jusqu’à la parution de Soumission, a écrit à mes yeux un roman extra-lucide sur notre monde, Extension du domaine de la lutte8, et depuis nous pond régulièrement une resucée thématique de son premier opus ; son non-style n’est pas pour moi compensé par sa lucidité et sa pertinence ; ni son statut contesté de grantécrivain national du temps, ni ses provocations ne suffisent à en faire un de mes écrivains de référence. Enfin, je n’apprécie pas Moix. Ses chroniques du Figaro littéraire m’ont laissé de marbre ; ses prestations médiatiques de poseur suintant le mépris et la supériorité m’exaspèrent ; ses prises de position me navrent le plus souvent ; ceci explique sans doute pourquoi je fuis son œuvre littéraire (sans doute à tort) et cinématographique (dix minutes de Podium m’ont suffi pour un jour et pour toujours). Mon objectif n’est donc pas de défendre ces écrivains mais d’interroger la liberté du lecteur, celle de l’écrivain étant acquise (publié ou non, un écrivain qui veut écrire écrit9) : peut-on, a-t-on le droit de lire des écrivains mal-pensants ? Peut-on publier des écrivains (dits) d’extrême droite, quand bien même leurs œuvres ne seraient pas politiques ? Le talent justifie-t-il tout ?

Qu’on ne se méprenne pas, Monsieur Krug est tout à fait libre de critiquer les accointances de qui il veut avec ce qu’il appelle l’extrême droite sans jamais la définir ; je suis pour une liberté d’expression totale dans les limites de l’appel à la violence et de la calomnie10, ce qui ne concerne en aucun cas l’essai de Krug. En revanche, l’honnêteté intellectuelle n’est pas négociable. Or, quelle est-elle dans un procès à charge ? Quelle est-elle quand l’auteur fonctionne par sous-entendus, de crainte d’un procès en diffamation sans doute ? Quel procédé malhonnête ! Et aussi un peu lâche, soit dit en passant… La défense n’a pas la parole dans l’enquête de François Krug ; aucun rayon de soleil ne vient éclairer les âmes grises de ces trois écrivains qu’on voudrait nous faire croire d’extrême droite ; encore une fois, une extrême droite largement fantasmée, que l’auteur se garde bien de définir. Insinuez, insinuez, il en restera toujours quelque chose ; une mortification indélébile dont on ne peut se défaire puisque l’accusation est insidieuse : y répondre la légitime ; ne pas y répondre la justifie. Et vice versa. À la mode il n’y a pas de fumée sans feu. Tesson apprécie Jean Raspail11 et Homère ; il a été, aux dires de sa compagne de l’époque l’écrivain Bénédicte Martin, touché par le suicide de Dominique Venner12 : c’est donc un identitaire d’extrême droite. Quod erat demonstratum. Et moi qui lis et apprécie Aragon, je suis un Stal, comme chacune des chroniques ici publiées le montre ?

Ma bibliothèque comprend sur un même rayon Bloch13 et Rebatet14 : ma sympathie va-t-elle à l’historien juif et résistant ou à l’infâme collabo ? Et si j’apprécie leurs œuvres respectives (ce qui est le cas), suis-je un affreux facho, un historien qui dispose de sources variées ou un lecteur goûtant le talent de plume de ces deux écrivains ? Ou peut-être suis-je cumulard ? Je dispose également des livres du Comité invisible15, du Manifeste du Parti communiste16, et des romans d’Alain Damasio17 : suis-je d’extrême gauche, black blocs compatible ? Je lis l’œuvre de Dominique Venner18, qui pose de bonnes questions à mon sens, et celle de Guillaume Faye19 : suis-je pour autant identitaire fasciste, un néo-païen tendance néo-nazie, un gros beauf raciste bas de plafond20 ? Tout ceci est pourtant contradictoire avec ma collection d’essais (une petite dizaine environ) d’Alberto Manguel , écrivain juif, canadien d’origine argentine, homosexuel et père de famille, que je tiens en très grande estime21. Ma revue de presse quotidienne commence par le très bobo L’Obs et se termine par le national-catholique Nouveau Présent : suis-je progressiste ou réactionnaire ? J’arrête ici mon petit jeu qui devient lassant voire ridicule, mais je pense que le message est clair : lire, apprécier un auteur, un écrivain, un artiste, un titre de presse ne signifie pas forcément adhérer. L’esthétique et le style ont largement leur place dans ces choix, surtout en littérature. La curiosité aussi.

Par ailleurs, à rebours de ce que François Krug semble reprocher à Tesson22, on ne choisit pas l’éducation qu’on reçoit, et respecter ses parents ne signifie pas faire ou penser comme eux. On choisit a contrario ses amis, ce qui ne signifie pas non plus qu’on pense comme eux. L’amitié est un sentiment noble ; jamais je ne me fâcherais avec un ami pour des questions politiques, ou alors, ce n’était pas vraiment un ami. Celui qui n’est plus ton ami ne l’a jamais été, écrivait à juste titre Aristote… L’ami est celui sur qui vous pouvez compter en tout temps et en tout lieu,semper fidelis ; celui qui vous dit la vérité plutôt que de vous flatter, pas nécessairement celui qui pense comme vous. La véritable amitié ne se vit pas au sein d’une secte de pensées communes, ni au sein d’un clan qui vous adoube ; la véritable amitié se suffit à elle-même et ne s’explique pas. Elle est. Gratuite et éternelle. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Que Houellebecq éprouve ou manifeste de l’amitié (ou plus exactement de la sympathie) à l’égard de personnes membres ou proches de l’Action française ne fait en aucun cas de lui un maurrassien ou un royco.

Cet essai aurait pu être intelligent. François Krug a choisi de le composer en dénonçant de manière aussi pavlovienne qu’infondée l’éternelle hydre d’extrême droite (mais qu’est-ce que l’extrême droite ? Nous ne le saurons jamais dans cet essai) qui tenterait de nous séduire par l’entregent de Tesson, Moix ou Houellebecq, autant de fruits défendus offerts à Ève (la populace inculte et faible, qui ne sait pas ce qui est bon pour elle) par le serpent (l’extrême droite réactionnaire, raciste et complotiste, qui rappelle les heures les plus sombres, etc.)… Une critique littéraire de ces écrivains eut été tellement plus intéressante ! Méritent-ils tant d’éloges ? Sont-ils surfaits ? Auront-ils leur place dans le panthéon de la Littérature, celle devant laquelle, même quand on n’apprécie pas l’œuvre ou son auteur, on ne peut que s’incliner ? Plutôt que de leur faire un procès en sorcellerie, pourquoi ne pas interroger l’influence réelle de ces écrivains sur le temps et la société ? Les lecteurs de Tesson se sont-ils mués en néo-païens d’extrême droite ? Je suis curieux de connaître le résultat de l’écoute d’Un été avec Homère23 sur les auditeurs de la wokiste France Inter…

Pour ce qui me concerne, il est évident que le talent prime tout. Il serait ridicule pour ne pas dire criminel de se priver de Céline ou d’Aragon en raison de leurs prises de position politiques. Le fait que Malcolm Lowry ait vraisemblablement cogné sur sa secrétaire un jour de cuite (ce qui explique selon sa notice Wikipédia son exil au Canada en 1940) ne justifie en rien qu’on nous interdise la lecture d’Au-dessous du volcan24, pas plus que le cruel engagement de Brasillach pendant la Seconde Guerre mondiale ne justifie qu’on nous prive de sa poésie, de ses essais ou de ses romans. Si penser ainsi fait de moi un lecteur d’extrême droite aux yeux de Monsieur Krug et ses sectateurs, ainsi soit-il. Cela ne m’empêchera pas de dormir. Mais je crois, j’affirme, je persiste et je signe, que ET Sylvain Tesson, Michel Houellebecq, Yann Moix ET François Krug (qui n’en a objectivement pas le talent) doivent pouvoir publier leurs œuvres, être lus, appréciés et critiqués, même vertement.

Philippe Rubempré

François Krug, Réactions françaises. Enquête sur l’extrême droite littéraire, Seuil, mars 2023, 223 p., 19,90€.

1https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/10/22/poursuivi-pour-injure-michel-houellebecq-est-relaxe_295252_1819218.html

2Épisode qui fait l’objet du chapitre 9 « Yann Moix signe une pétition », p. 137 et sq. La pétition en question se démarque clairement des positions négationnistes de Reynouard mais milite en faveur de leur libre expression, tant qu’elles relèvent du champ des idées.

3Je souligne ici non une hypothétique acceptabilité des thèses négationnistes qui m’apparaît, plus encore que criminelle, profondément imbécile, mais la versatilité et l’inconséquence de Yann Moix. Ce genre d’inconsistance est parfois plus grave que la connerie. Je revendique par ailleurs ouvertement mon opposition de principe et de fait aux lois mémorielles, quelles qu’elles soient : historien de formation, je considère que l’État n’a pas à décider de ce qui est vrai ou non. L’archéologie, les sources, les recherches historiques et la confrontation des thèses permettent de dégager une histoire factuelle, et des interprétations vraisemblables, à défaut d’être LA Vérité historique. La partialité assumée et la réalité tronquée imposée de manière dégueulasse et inique par la loi dite Taubira sur la mémoire de l’esclavage le prouvent s’il en était besoin. Et Katyn… C’est le propre du totalitarisme sous toutes ses multiples formes de vouloir réécrire l’histoire selon son intérêt. Orwell a déjà tout dit, et autrement mieux que je ne saurais le faire, dans son roman 1984.

4En référence au refrain des Sales Majestés « Keupon d’un jour, keupon toujours » (Punk un jour, punk toujours) : https://lessalesmajestes.bandcamp.com/track/keupon-dun-jour

5Cf Michel Legris, Le Monde tel qu’il est, Plon, 1976.

6https://www.lemonde.fr/archives/article/1977/01/26/a-propos-d-un-proces_2854399_1819218.html

https://www.liberation.fr/checknews/2020/01/02/matzneff-les-signataires-d-une-petition-pro-pedophilie-de-1977-ont-ils-emis-des-regrets_1771174/

7Frantz-Olivier Giesbert, « Edwy Plenel, notre grand tartuffe national », in La Revue des Deux Mondes, avril 2021: https://www.revuedesdeuxmondes.fr/edwy-plenel-notre-grand-tartuffe-national/

8Éditions Maurice Nadeau, 1994.

9Nabe et Renaud Camus, pour prendre deux exemples provocateurs, ont toujours publié, même après avoir été dégagés des maisons d’édition ayant pignon sur rue.

10Nous considérons également la vie privée comme une limite valable à la liberté d’expression, cependant à la condition sine qua non que l’intérêt général ne soit pas en jeu.

11Cf chapitre 5 « Sylvain Tesson, les débuts d’un aventurier » p. 75 et sq.

12Épisode relaté au début du chapitre 10 « Sylvain Tesson, héros de la Nouvelle Droite », p. 151.

13Marc Bloch, L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Quarto Gallimard, 2006.

14Lucien Rebatet, Le dossier Rebatet : Les Décombres – L’inédit de Clairvaux, Édition établie et annotée par Bénédicte Vergez-Chaignon, préface de Pascal Ory, Bouquins – Robert Laffont, 2015.

15L’insurrection qui vient ; À nos amis ; Maintenant, La fabrique éditions, respectivement 2007, 2014, 2017.

16Karl Marx, Le Manifeste du Parti communiste, 10/18, 1962.

17Je dispose en poche ou en volume des trois romans « adultes » d’Alain Damasio, La Zone du dehors ; La Horde du Contrevent ; et Les Furtifs.

18Là aussi, je possède un certain nombre d’ouvrages de Dominique Venner comme Un Samouraï d’Occident, Le Choc de l’Histoire ou Le Cœur rebelle, ainsi que des essais consacrés à l’auteur et son œuvre, notamment Dominique Venner À l’aube de nos destins, sous la direction de Solenn Marty, paru pour le dixième anniversaire de sa mort à la Nouvelle Librairie.

19Notamment son maître essai L’Archéofuturisme, reparu en 2023 dans une coédition Institut Iliade / L’AEncre.

20Toute personne un tant soit peu honnête qui a lu Venner ou Faye n’ignore pas que ce serait là des accusations fantaisistes si elles n’étaient pas diffamatoires…

21Et auquel je me réfère très régulièrement dans ces pages, tout comme à Dominique Venner, par ailleurs.

22À partir de la page 86, pour les parents de Sylvain Tesson.

23https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/un-ete-avec-homere

24Le Club français du livre, 1959. Réédition Gallimard, collection Folio, [1973] 2021.

Hot Moms – Rebecca

Nouvelle exploration de la face cachée de la upper middle class américaine : après avoir suivi les aventures pimentées de Catherine Mitchell, délurée par Patsy et ses amies au fil des cinq albums de la série Degenerate housewives, retour à Hillvale, à la rencontre de ses Hot Moms ! Ici, il n’est plus question d’une histoire en plusieurs volumes, mais de mise en scène des secrets les plus chauds et les plus inavouables d’innocentes (en apparence) mères de famille bien sous tout rapport.

Cette fois, la talentueuse Rebecca fait exploser son art en couleurs. C’est drôle, enlevé, délicieusement pervers, coquin et excitant, bien dessiné, bien dialogué, intelligemment scénarisé, inventif… et pas pour les enfants. Le fantasme de la voisine éclot en mille pétales qui s’ouvrent aux sens du lecteur (et de la lectrice), éclairant d’un jour nouveau la bagatelle quotidienne.

L’intégrale des Hot Moms publiée par les éditions Dynamite est un concentré de divertissement pour adultes consentants, une sauce bien corsée, sans prise de tête, pour le plaisir de faire croustiller les papilles des lecteurs et les vies rangées et ternes de ces nouvelles degenerate housewives !

Philippe Rubempré

Rebecca, Hot Moms L’intégrale, Dynamite, 2022, 223 p.

Lectures juillet

  1. Z comme Zorglub – Franquin, Jidéhem & Greg
  2. L’ombre du Z – Franquin, Jidéhem & Greg
  3. Arsène Lupin. L’Aiguille creuse #2 – Takashi Morita, d’après Maurice Leblanc
  4. Spirou & Fantasio #20 Le Faiseur d’or – Fournier, avec l’aide de Franquin pour le Marsupilami
  5. Guerilla #1 Le Jour où tout s’embrasa – Laurent Obertone
  6. Spirou & Fantasio #21 Du Glucose pour Noémie – Fournier
  7. Le Chevalier aux épines #2 Le conte de l’assassin – Jean-Philippe Jaworski
  8. Spirou & Fantasio #22 L’Abbaye truquée – Fournier
  9. Jehanne au trou – Pierre-Antoine Cousteau
  10. Spirou & Fantasio #27 L’Ankou – Fournier
  11. Spirou & Fantasio #28 Kodo le Tyran – Fournier
  12. Guerilla #2 Le Temps des barbares – Laurent Obertone
  13. Spirou & Fantasio #29 Des haricots partout – Fournier
  14. Guerilla #3 Le dernier combat – Laurent Obertone
  15. Julie, Claire et Cécile #3 Moi, et moi, émois – Sidney & Bom
  16. Bob Morane #73 Le Président ne mourra pas – Henri Vernes
  17. Julie, Claire et Cécile #6 C’est quand les vacances ? – Sidney & Bom
  18. Julie, Claire et Cécile #7 La Disparue – Sidney & Bom
  19. Le Jardin des désirs – Will et Desberg
  20. La 27e Lettre – Will et Desberg
  21. L’Appel de l’enfer – Will et Desberg
  22. Robinsonne la naufragée – Éric Maltaite
  23. Le Mystère de la zone « Z » – Henri Vernes, Gérald Forton
  24. Dominique Venner À l’aube de nos destins – sous la direction de Solenn Marty
  25. Le ministère des contes publics – Sandra Lucbert
  26. La Vallée des crotales – Henri Vernes, Gérald Forton
  27. Le Dragon des Fenstone – Vernes, Coria
  28. Bob Morane #94 La Terreur verte – Henri Vernes
  29. Bob Morane #118 Panne sèche à Serado – Henri Vernes

Ab hinc… 343

« La prétention des démocraties libérales à imposer un système de valeurs universel, fruit de la laïcisation des idéaux chrétiens, conduit aujourd’hui l’Europe dans une impasse : cette prétention se heurte au rejet des autres civilisations, en même temps qu’elle entraîne le déclin de la nôtre. » – Henri Lavavasseur

« Dominique Venner : l’appel à une « réforme intellectuelle et morale » », in Dominique Venner À l’aube de nos destins, sous la direction de Solenn Marty, Éditions de la Nouvelle Librairie, mai 2023.

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