Ab hinc… 77
« … une intelligence bien en dessous de la moyenne avec des éclairs d’imbécillités » – Michel Audiard
Le roman d’aventures – Jean-Yves Tadié
Essai sur le roman d’aventures, comme son titre le suggère, il se lit comme un roman d’aventures. Le but de cet ouvrage est parfaitement exprimé et développé dans l’introduction. Sa conclusion ouvre les perspectives attendues, et en refermant le livre, la seule question qui vous préoccupe consiste à choisir le suivant dans la liste.
Tenter une définition de ce qu’est le roman d’aventures est une gageure en soi. Ne retenir que quatre auteurs pour soutenir la thèse, un véritable défi ! À travers l’étude de Dumas, Verne, Stevenson et Conrad, Jean-Yves Tadié atteint son objectif de définition du roman d’aventures. Au delà même de cela, on n’a de cesse à la lecture de se dire à chaque instant « tiens, je n’ai pas lu celui là » ou » demain je me procure tel autre ».
Un essai littéraire peut-il être réjouissant ? oui. Excitant ? oui. Cet essai est véritablement un apéritif, une mise en bouche. Il est un déclencheur de lectures, un générateur d’aventures littéraires à découvrir…
Ab hinc… 76
« Un abus de justice finit par mettre le droit du côté du coupable » – Eschyle
Le dernier stade de la soif – Frederick Exley
Stade qu’on aimerait éviter d’atteindre, dans la mesure du possible. Mémoires fictifs pas si fictifs que ça, même si Exley demande expressément à son lecteur de considérer l’ouvrage comme un roman. Se lit comme un compagnonnage alcoolique, pas désagréable du tout. Nous suivons de loin un pote attachant – mais de loin, car alcoolo chronique et aigu à la fois. Exley est un romancier du mal-être qui cherche à séduire. Pas dénué de passion(s), ni bon à rien. En témoignent sa plume amoureuse des Giants et de la Littérature… cette dernière lui offrant un emploi. Les essences éthyliques alternant avec les internements en hôpital psy offrent à Exley une opportunité de décrire une jungle de personnages caractéristiques de cette Amérique fantasmée des Sixties ; défi relevé avec brio tant par l’écriture « formelle » que par la tenue et la maîtrise du texte de la première à la dernière ligne.
Exley a signé là un des textes probablement les plus représentatifs de l’Amérique des années Soixante, aussi éloigné de la légende dorée que de la légende noire. Intéressant et plaisant, mais de là à crier au génie comme l’ont fait avec précipitation les critiques de médias abonnés au genre marginal, il y a un pas que je ne franchis pas.
Ab hinc… 75
« Je ne suis pas un journaliste de gauche : je n’ai jamais dénoncé personne. » – Guy Debord