Ab hinc… 60
« J’ai été si bien soigné que je suis désormais certain de mourir guéri » – Fernand Point
« Mes amours sont royales » – Jean-Michel Véchambre
C’est un poncif que de l’écrire, mais il faut reconnaître que le hasard fait parfois bien les choses. Il s’est présenté à moi dans une solderie dans laquelle j’ai dû acheter pour 1,50 euros pièce une dizaine de bouquins en valant 20 ou 25 à l’origine. Sans grande illusion sur la qualité littéraire de mes achats étant données les (mauvaises) habitudes en la matière de ladite solderie. Parmi ces livres se trouvait le roman historique de Jean-Michel Véchambre sur Villamediana, « Mes amours sont royales ».
Don Juan de Tassis, comte de Villamediana, cousin du Tasse, est le personnage historique, poète, noble espagnol en charge du courrier du Royaume, qui a inspiré à Tirso de Molina, Molière ou Mozart notamment le fameux Don Juan. Le personnage est prometteur – et la promesse est tenue ! Véchambre fait revivre sous sa plume romanesque un héros digne du meilleur Dumas ; il le dépeint avec un art balzacien du portrait. Villamediana s’offre à la plume de Véchambre et au lecteur avec sa vie picaresque, aventureuse et amoureuse ; avis aux amateurs, Villamediana donne à bovaryser !
Roman par le style d’écriture, le choix de personne, les avis discrètement semés par l’auteur ici ou là, il n’en reste pas moins que ce roman est historique. Seul le style le différencie de la biographie. « Mes amours sont royales » se lit comme un roman d’aventures, un bonheur de lecture qui ne sera pas sans vous rappeler les plus grands, Copper, Dumas ou Stevenson (liste non exhaustive)…
Chronique à retrouver sur le Salon Littéraire.
Ab hinc… 59
« Mon opinion personnelle m’est suffisante, et je revendique le droit de la défendre contre tous les consensus, toutes les majorités, de tout temps, en tout lieu, et en tout temps. Et quiconque tenterait de m’enlever ce droit peut prendre un ticket, se mettre dans la file, et m’embrasser le cul. » – Christopher Hitchens
Le postanarchisme expliqué à ma grand-mère. Le principe de Gulliver – Michel Onfray
Pour me définir politiquement, j’aime assez citer le Tigre Clémenceau, revendiquant « un mélange d’anarchiste et de conservateur, dans des proportions qui restent toutefois à déterminer ». Me définissant politiquement ainsi, je n’oublie pas non plus que le même Clémenceau affirmait non sans malice que « celui qui n’a jamais été anarchiste à vingt ans est un con ; celui qui l’est toujours à quarante en est un autre ». N’insistez pas, vous ne saurez rien de mon âge réel ou supposé.
Et voilà qu’en lisant Onfray je me découvre certains aspects postanarchistes… De prime abord, Onfray n’est pas exactement ma tasse de thé. Trop médiatique, trop dogmatique, trop sûr de lui. Même si j’ai lu avec intérêt les critiques et articles relatifs à son Traité d’athéologie. Mais bon, un ami m’a offert Le postanarchisme expliqué à ma grand-mère, ça ne se refuse pas un cadeau ; et le librairtaire anarcho-conservateur ou conservato-anarchiste que je suis et que j’assume être n’a pas été déçu.
Dans une première partie intitulée Autoportrait au drapeau noir, Onfray se dépeint comme une victime de ses origines sociales modestes, revenu du marxisme, de l’anarchisme – ou des anarchismes – traditionnel(s), devenu postanarchiste par nécessité, dans le sens d’évidence. Je n’ai pas de raison de mettre en doute le fonds des choses, en revanche je note que ce qu’Onfray nous délivre de sa vie consiste essentiellement en une succession d’affronts subis en raison de sa pauvreté économique (et uniquement par des acteurs sociaux qu’il est de bon ton de critiquer, conspuer, insulter… Curés pédophiles et sadiques, patrons voyous… le tout sans aucune nuance, êtres mauvais, nécessairement nuisibles de part leur statut social. Ah, il manque l’armée tout de même… Ici Michel Onfray s’illustre parfaitement en tant qu’un de ces « mutins de panurge » si drôlement décrit par le regretté Philippe Muray…). Pas un instant notre olibrius ne se remet en question ; silence éloquent…
La seconde partie est plus intéressante. Elle consiste en une note de synthèse conciliante sur l’anarchisme, ses courants, son histoire. La transition avec le postanarchisme se fait par sa définition à travers l’exemple très pertinent de Gulliver (en bref et en caricature, l’union des lilliputiens permet de lutter efficacement contre le géant Gulliver) et une liste de pistes à exploiter, à mettre en oeuvre pour mettre en pratique le postanarchisme. Et là je me découvre postanarchiste par mon engagement associatif. Un postanarchiste qui s’ignore.
De toutes les solutions postanarchistes proposées par Michel Onfray, je retiens que définitivement, l’anarchisme comme le postanarchisme sont contraints à ne fonctionner que dans le cadre de sociétés ou de groupes humains à échelle restreinte. En ce sens, anarchistes comme postanarchistes sont condamnés à n’être que des voix discordantes (pour ne pas dire plus lucidement et plus crûment des idiots utiles) dans le concert des dogmatismes mondialisés.
Ab hinc… 58
« Méfiez-vous des ratés car ils ne vous rateront pas » – Georges Bernanos (s’adressant à Charles de Gaulle)