Ab hinc… 50
« Je sais que je sympathise avec l’Église, avec le despotisme religieux, J’ai raison ou tort ? Je crois avoir raison, mais je n’en ai pas la certitude. J’ai de l’antipathie pour la philosophie, pour la liberté de penser, pour la liberté d’action, la liberté d’écrire des livres, de faire des tableaux et d’exprimer des idées personnelles. Je hais la liberté de croyance ou de non croyance, et la république. Je hais l’émancipation de l’individualisme et celle des femmes. Je ne peux plus entendre tous le bavardages qu’on fait, que tous font sur toutes les choses, sur l’art, sur l’histoire, sur la philosophie, où chacun croit pouvoir exprimer la plus misérable idée qu’il s’est faite dans son cerveau. Pourquoi est-ce que l’Église ne brûle plus, ne torture, ne tue plus tous ceux qui osent penser ce qui leur plait ? » Alberto Giacometti (1924)
L’art français de la guerre – Alexis Jenni
Contrairement à ce que suggère le titre, il ne s’agit ni d’un traité de poliorcétique, ni d’un manuel de stratégie. Alexis Jenni – auteur de gauche – pratique ici une autopsie romanesque et littéraire d’une génération de guerres, de la Résistance à l’Algérie en passant par l’Indochine. Heureuse surprise ! point de repentance ici – cette seconde faute à entendre Spinoza… Construit autour du dialogue entre le vétéran Salagnon et son élève, le roman donne vie avec intelligence à un choeur de personnages secondaires balayant différents points de vue historiques et opinions politiques, sans parti pris flagrant ni caricature excessive. Son héros est Victorien Salagnon, son double littéraire plus probablement le narrateur. Je vous laisse conclure sur la position de l’auteur.
Passées les 80 indigestes premières pages, Alexis Jenni redonne ses lettres de noblesse au Roman, seule Littérature majuscule – et seul sérieux, contrairement au journalisme ou aux études historiques – dans la tradition du roman balzacien en tant qu’entreprise des description de la Comédien Humaine… même quand cette dernière vire à la tragédie.
Ab hinc… 49
« Un livre immoral ne nuit point au droit des citoyens. Le mépris public doit être le seul châtiment d’un auteur immoral. Il n’appartient qu’à l’opinion de faire justice des opinions » Marie-Joseph Chénier
Ab hinc… 48
« La repentance est seconde faute » – Baruch Spinoza
Ab hinc… 47
« L’anarchie, c’est l’ordre sans l’autorité » – Georges Brassens